"Good Luck Algeria" : une épatante comédie bi-nationale 100% française (VIDEO)
Quand un Français d'origine algérienne décide de participer aux épreuves de ski de fond des Jeux olympiques sous les couleurs de l'Algérie pour sauver sa PME française: c'est le scénario original, tiré d'une histoire vraie, de Good Luck Algeria (ce mercredi 30 sur les écrans), une comédie drôle et émouvante parfaitement réussie.
Sam (Sami Bouajila), 43 ans, fils d'un Algérien et d'une Française, installé en France depuis l'enfance, est marié à une Française d'origine italienne (Chiara Mastroianni) avec qui il a eu une petite fille et qui attend un second enfant. Avec son ami d'enfance Stéphane (Franck Gastambide), il a créé cinq ans auparavant dans les Alpes une entreprise de huit employés qui fabrique des skis haut de gamme 100% français. La PME ne s'en tire pas trop mal, vend 2.000 paires de ski par an, et compte beaucoup sur la publicité que va lui faire aux Jeux olympiques d'hiver un champion suédois de ski de fond, qui a choisi la marque en exclusivité. Mais tout s'effondre quand le contrat avec le champion est cassé: plus d'exclusivité, plus de renommée, plus de commandes, la PME est soudain au bord de la faillite.
Pour la sauver, Stéphane a une idée folle: que Sam, qui a la double nationalité, dispute les J.O. sous les couleurs de l'Algérie. Pour la publicité, le buzz médiatique et la renommée de l'entreprise, "un Algérien sur des skis, c'est 1.000 mieux qu'un Suédois…", dit-il. Ancien sportif, Stéphane se propose d'entraîner Sam et de faire de lui un skieur de fond acceptable, d'un niveau suffisant pour réussir les épreuves de qualification olympiques. Au-delà de l'exploit sportif, ce défi va pousser Sam à renouer avec une partie de ses racines, lui qui ne parle pas l'arabe et qui n'est pas retourné en Algérie depuis 1988…
Premier film du réalisateur Farid Bentoumi, Good Luck Algeria est tiré d'une histoire vraie: son frère, sportif amateur et ingénieur qui a fait ses études en France, a disputé les Jeux olympiques d'hiver 2006 à Turin sous les couleurs de l'Algérie. Le film a une première heure où domine l'humour (notamment grâce aux dialogues de Franck Gastambide, acteur et réalisateur très en vue en ce moment après avoir récemment réalisé et interprété Pattaya), puis une dernière partie plus axée sur l'émotion, quand le héros se rend brièvement en Algérie.
"Le fait que Sam fasse les JO sous la bannière algérienne pour sauver sa boîte qui fait des skis 100% français est un pied de nez à tous les débats sur l'identité nationale", souligne le réalisateur Farid Bentoumi. Mais cette "comédie d'auteur", comme il dit, n'est pas un film à message. L'entreprise, les PME et le monde du travail, le sport et le dépassement de soi, les racines et la famille, les liens père-fils et la transmission, l'intégration de la seconde génération des immigrés et la double culture, la bi-nationalité, les unions mixtes, les relations complexes entre la France et l'Algérie: le film parle de tout cela, mais jamais sur des tons intellos, moralisateurs ou lourdement politico-sociologiques. C'est un film sympa, qui fait du bien, et où l'on sourit de bon cœur et souvent.
"L'humour était essentiel. Je voulais que l'on éprouve une grande empathie pour Sam, qu'on ait envie de le suivre jusqu'au bout, quoi qu'il fasse. Et puis, l'histoire d'un homme qui fait les J.O. en ski pour l'Algérie a un potentiel comique très fort qu'il fallait traiter (…)", explique le réalisateur, avant d'ajouter: "Je pars de l'anecdote de mon frère mais le film développe ensuite une problématique plus vaste autour de la famille. En 2007, j'ai fait un documentaire sur ma famille et j'en ai gardé pas mal de frustrations sur la manière de traduire la situation complexe de vivre entre deux pays comme le font mes parents. J'ai donc eu envie d'y revenir par le biais de la fiction, qui est vraiment mon métier".
Une réussite, même si le côté idyllique de l'entreprise a ses limites: à part quelques images d'Alger, les scènes algériennes du film ont été filmées …au Maroc, un Français s'étant fait égorger dans les Aurès trois semaines avant que l'équipe du film n'envisage de demander les autorisations d'aller filmer sur place.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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