"La passion d'Augustine" : piano au couvent (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 01 avril 2016 - 03:10
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Passion Augustine Film
Crédits
©KMBO Distribution
Céline Bonnier (à gauche) et Lysandre Ménard, les deux interprètes principales du film.
©KMBO Distribution
Dans le Québec des années 60 où l'Eglise catholique commence à perdre la haute main sur l'éducation, le film "La passion d'Augustine" raconte les efforts d'une religieuse pour défendre son couvent où les jeunes filles sont des virtuoses de la musique.

L'émancipation féminine dans un couvent de jeunes filles au Québec à la fin des années 60: ce sujet désuet et moderne à la fois est le cœur du film La passion d'Augustine, sur les écrans français depuis mercredi 30.

On est en plein Vatican-II, le concile (1962-9165) qui mis l'Eglise catholique dans la modernité. Mais au Québec, en ces années 60, le gouvernement met en place son système d'éducation publique et raréfie les subventions aux écoles catholiques, jusque-là toutes-puissantes.

Cela ne fait pas l'affaire de Simone Beaulieu, entrée dans les ordres et devenue Mère Augustine, qui dirige avec succès un petit couvent. Passionnée, se battant pour la modernité et l'émancipation des femmes, Mère Augustine met toute son énergie et son talent de musicienne au service de ses élèves.

Son école est un joyau musical qui rafle tous les grands prix de piano et où les murs respirent la musique. Mais cela ne plaît pas à tout le monde. "Votre obsession pour la musique nous coûte une fortune", lui reproche une des responsables de la hiérarchie catholique à l'occasion de l'achat d'un piano.

Malgré les difficultés et les dangers quant à la survie de l'école, Mère Augustine tient bon. Et va être aidée par l'arrivée dans le couvent de sa nièce, une adolescente un peu rebelle mais très douée pour le piano, de Bach au jazz en passant par les airs religieux…

"Ce n’est pas du tout un film sur la religiosité mais sur la spiritualité qui s’exprime par la musique. Et aussi par le sens de la solidarité de cette communauté qui se tient les coudes, défend ce qui lui tient à cœur", explique la réalisatrice suisse Léa Pool, 65 ans, qui s'est installée au Québec en 1975 et y a réalisé une vingtaine de films.

La passion d'Augustine est aussi, au-delà d'un plaidoyer pour l'émancipation des femmes, une description de la société québécoise de l'époque: "J’étais intéressée par cette époque de la fin des années 60 au Québec, que je n’ai pas connue personnellement. Quand je suis arrivée au Québec en 1975, j’ai été fascinée par la liberté qui y régnait. Je suivais des études en communication dans une université très progressiste où les professeurs et les étudiants se tutoyaient, la musique et le théâtre étaient en pleine effervescence, le nationalisme aussi, avec des gens comme René Lévesque qui donnaient l’espoir à un peuple d’avoir un pays… Et puis j’ai appris qu’à peine six ans plus tôt, la religion avait encore une emprise incroyable sur la population, tout le monde souffrait d’une éducation très rigide, c’était un peu l’âge des ténèbres! Ce changement tellement profond de la société avait été si rapide que j’ai été étonnée que ce sujet n’ait pas encore été traité de l’intérieur".

Son film a un petit caractère discret, sans éclat, à l'émotion pudique, un peu empesé mais avec un charme rétro qui n'est pas désagréable et tranche avec les films actuels. Il est interprété avec tact et talent par Céline Bonnier, actrice connue au Québec, dans le rôle principal, et, dans le rôle de sa jeune nièce prodige du piano, par Lysandre Ménard, musicienne de formation et qui fait là de beaux débuts au cinéma.

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

 

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