Laure Calamy à bout de souffle dans "À plein temps"

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FranceSoir
Publié le 23 avril 2022 - 13:30
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À plein temps, Éric Gravel
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Détail de l’affiche À plein temps d’Éric Gravel
Julie, Laure Calamy.
Détail de l’affiche À plein temps d’Éric Gravel

CRITIQUE — Julie se démène seule pour élever ses deux enfants à la campagne et garder son travail dans un palace parisien. Quand elle obtient enfin un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations, une grève générale éclate, paralysant les transports. C’est tout le fragile équilibre de Julie qui vacille. Elle va alors se lancer dans une course effrénée, au risque de sombrer.

Le film se situe pendant le grand mouvement social contre la réforme des retraites de 2019, qui s’est propagé à toutes les sphères d’activités, causant des grandes grèves de transports et rallongeant les journées des riverains déjà épuisés. Le réalisateur Éric Gravel traduit avec pertinence un mal contemporain, celui des quotidiens chronométrés, des rythmes de vie effrénés, surtout dans les grandes villes que beaucoup cherchent à fuir. Dans ce cadre-là, le film arbore presque l’allure du documentaire, le combat individuel de Julie s’additionnant au combat collectif.
 
 
Concentré sur quelques jours, le film suit Julie, qui semble vivre un jour sans fin. On la voit s’atteler aux mêmes tâches, encore et encore. D’abord le réveil, avec la préparation de ses deux enfants avant d’aller à l’école, puis les trajets en transports en commun, et enfin les gestes précis et les codes à respecter dans le cadre de son métier, femme de chambre dans un palace. S’ajoutent à cela les complications du quotidien : les problèmes d’argent, la solitude, les mesquineries entre collègues, et surtout les grèves des transports, difficile à gérer lorsqu’on habite en zone périurbaine et qu’on doit se rendre à Paris tous les jours. 
 
Pour incarner Julie, il fallait Laure Calamy, ou plutôt Calamity Laure. À la fois puissante et fragile, l'actrice parvient à équilibrer le personnage. Éric Gravel la place au centre de tous ses plans, on suit le moindre de ses mouvements, elle occupe tout l’espace et son énergie rythme le film. Elle parvient à rester solaire malgré les désordres qui chamboulent son quotidien.
 
 
La trame musicale aux notes électroniques, signées par l’artiste Irène Drésel, est au service de ce quotidien stressant. Elle fait écho à la musique intérieure qui se joue chez Julie. Spectateur, on la subit, elle apparaît quand les choses s’accélèrent, accentuant la tension déjà bien présente. Mais cet affolement permanent constitue aussi toute l’intensité du film et renferme le message voulu par leur réalisateur : dépeindre la course contre la montre permanente de ces gens qui font le pari d’habiter loin de la capitale pour une meilleure qualité de vie, nécessitant un équilibre que Julie peine à trouver.
 
Si vous habitez à Paris et espérez aller au cinéma pour sortir de votre quotidien, vous risquez d’être déçu. C’est une plongée dans les aspects les plus stressants de la vie quotidienne, les grèves de transport en plus. C’est un affolement permanent où, jusqu’au bout, on ne sait pas si l’héroïne va réussir à joindre les deux bouts. On comprend alors l’impasse dans laquelle se trouve Julie : elle, ne peut pas fuir son quotidien.

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