"Vendeur" : VRP, ton univers impitoyable (VIDEO)
Une belle histoire d'amour paternel dans l'univers des vendeurs de cuisines: dans son premier film Vendeur (ce mercredi 4 sur les écrans), le réalisateur Sylvain Desclous raconte une histoire personnelle et décrit un milieu professionnel impitoyable.
Serge (Gilbert Melki) est l’un des meilleurs vendeurs de France. Depuis trente ans, il vend des cuisines tout équipées, écumant les zones commerciales et les grands magasins en garantissant à ses employeurs un retour sur investissement immédiat et spectaculaire. Divorcé, il a tout sacrifié à sa carrière et mène une vie tristement formatée: argent vite gagné, lignes de coke, whisky, prostituées, chambres d'hôtel, portable en voiture et irréversible solitude.
Il a un fils de 32 ans, Gérald (Pio Marmaï), qu'il ne voit jamais. Quand celui-ci vient lui demander un travail de quelques mois pour sauver financièrement le petit restaurant gastronomique qu'il a ouvert avec sa femme, Serge hésite: il connaît quand même son fils, et sait que ce métier n'est pas fait pour lui.
Il accepte cependant, et persuade son patron d'engager Gérald pour un essai. De fait, celui-ci n'est pas très doué, trop idéaliste et pas assez tueur pour être un bon vendeur de cuisines. Mais, contre toute attente, le jeune homme s'accroche, y prend goût, et finit par se découvrir une nouvelle vocation. Ce qui va bouleverser les rapports entre le père et le fils…
"L’idée m’est venue devant un reportage télévisé ayant pour sujet un vendeur +extra+, qui désigne, dans le jargon des cuisinistes, un vendeur qui n’est pas salarié mais qui passe de magasin en magasin", explique le jeune réalisateur Sylvain Desclous, 43 ans. "Alors que l’angle du reportage était plutôt celui des réussites matérielles et sociales que ce métier peut engendrer, j’y ai surtout vu le prix à payer. Le vendeur dont on faisait le portrait menait en effet, dans l’exercice de son travail, une existence très solitaire et, à mes yeux, assez triste. Le contraste que montrait le reportage entre la +richesse+ de la vie professionnelle de cet homme, faite de rencontres, d’échanges et de challenges, et le néant de sa vie personnelle, m’a frappé. Je me suis alors dit qu’il y avait là matière à faire un film..."
Mais le film ne se contente pas de montrer avec réalisme le monde très particulier des vendeurs. Il met aussi l'accent, dans un scénario certes un peu cousu de fil blanc, sur les rapports père-fils: Serge réapprend son rôle de père quand Gérald vient lui demander de l'aide, et va rendre visite à son propre vieux père à la campagne quand il a des ennuis de santé. "Cette dimension-là, d’un homme qui retrouve l’émotion et la responsabilité d’être un père, a pris une place essentielle dans le film", dit le réalisateur.
"Ce film est avant tout pour moi le portrait d’un homme qui a sacrifié beaucoup de sa vie à son travail. Après, c’est vrai qu’au-delà de ce portrait, j’ai eu envie de brosser celui d’un monde du travail où l’obsession de la performance et du chiffre a pris le pas sur d’autres valeurs plus essentielles à mes yeux", ajoute-t-il. C'est plutôt réussi pour un premier film, avec un efficace duo d'acteurs formé Gilbert Melki et Pio Marmaï, et plusieurs seconds rôles intéressants qui sont souvent la marque des bons films.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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