Avril 1957, l'accident de voiture de Françoise Sagan (VIDEO)
Le 13 avril 1957, Françoise Sagan a failli mourir à 21 ans dans un accident de la route, au volant de son Aston Martin qu'elle conduisait à tombeau ouvert. Deux semaines après, "France-Soir" publiait en Une la première photo de la miraculée, sur son lit d'hôpital.
Elle a un petit sourire triste, un oeil au beurre noir, les cheveux en bataille, sa petite tête de moineau posée sur un gros oreiller.
Le 24 avril 1957, France-Soir publie la première photo, prise sur son lit d'hôpital, de Françoise Sagan 11 jours après l'accident de voiture qui a failli lui coûter la vie. La photo occupe plus de la moitié de la première page, sous le titre "Première photo de Françoise Sagan en convalescence après son accident".
Sous le cliché, la légende précise que "Françoise Sagan a retrouvé son sourire. France-Soir a réalisé la première photo de la jeune romancière après son terrible accident. Dans une semaine, elle quittera la clinique où elle vient d’entrer en convalescence".
Romancière vedette depuis la publication de son premier roman Bonjour tristesse trois ans auparavant, Françoise Sagan n'a que 21 ans au moment de cet accident. Avec ses premiers droits d'auteur, elle s'était acheté une décapotable roadster Jaguar XK120, premier d'une série de bolides qu'elle affectionnait: Gordini, Ferrari, Maserati, Buick, AC Cobra...
Le 13 avril 1957, en début d'après-midi, c'est au volant d'un cabriolet Aston Martin que, contrainte de freiner dans un virage alors qu'elle est lancée à 160km/h, sur la RN 448 près de Milly-la-Forêt (Essonne), Françoise Sagan perd le contrôle de son véhicule et se retrouve dans un champ de blé après deux tonneaux.
A bord de la voiture se trouvent son frère Jacques, son ami l'écrivain Bernard Frank, le journaliste de Paris-Match Voldemar Lestienne et une amie, Véronique Campion. Sous la violence du choc, tous les passagers sont éjectés, sauf Françoise Sagan.
Les pompiers mettent plus d'une demi-heure à la désincarcérer de la carcasse du véhicule, un prêtre est appelé sur les lieux de l'accident pour lui administrer les derniers sacrements, mais la jeune femme survit.
Souffrant de multiples fractures du crâne, du thorax, du bassin, du poignet et de la clavicule, elle est hospitalisée à la clinique Maillot à Paris et, pour atténuer la douleur, on lui administre pendant trois mois du Palfium 875, un dérivé de la morphine.
La jeune romancière entame alors une cure de désintoxication, qu'elle racontera en 1964 dans un journal intime intitulé Toxique (Ed. Julliard), illustré de dessins à l’encre de Chine de son ami le peintre Bernard Buffet. Le livre sera réédité en 2009 (Ed. Stock), cinq ans après sa mort.
Dans ce récit, elle raconte le début de son addiction à la morphine: "En été 1957, après un accident de voiture, je fus, durant trois mois, la proie de douleurs suffisamment désagréables pour que l’on me donnât quotidiennement, un succédané de la morphine appelé le ʺ875ʺ (palfium). Au bout de ces trois mois, j’étais suffisamment intoxiquée pour qu’un séjour dans une clinique spécialisée s’imposât. Ce fut un séjour rapide, mais au cours duquel j’écrivis ce journal que j’ai retrouvé l’autre jour".
La cure de désintoxication sera un échec et Françoise Sagan restera dépendante jusqu'à la fin de sa vie de toutes sortes de drogues (l'opium notamment) et de l'alcool. Ce qui ne l'empêchera pas d'écrire, jusqu'à sa mort en 2004 à l'âge de 69 ans, une vingtaine de romans et une dizaine de pièces, et d'être l'un des principaux phénomènes littéraires de la seconde moitié du XXe siècle.
(Voir ci-dessous la vidéo de l'interview de Françoise Sagan par Pierre Dumayet en 1959 à propos de son 4e roman Aimez-vous Brahms..):
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