Capture d'Abdeslam : mis en cause par la police belge, "L'Obs" se justifie
Critiqué par la police belge, qui lui reproche d'avoir publié une "information beaucoup trop tôt" avant l'arrestation de Salah Abdeslam vendredi 18, L'Obs s'est justifié ce lundi 21 en estimant avoir fait son métier d'informer, sans avoir compromis l'action policière.
Claude Fontaine, directeur général de la police judiciaire belge, a critiqué des médias dimanche 20, sans les nommer. L'hebdomadaire français avait révélé vendredi, avant tout mouvement policier à Molenbeek (commune de Bruxelles), que des empreintes de Salah Abdeslam avaient été retrouvées dans l'appartement de Forest perquisitionné le mardi précédent. De son côté, la chaîne flamande VTM avait aussi placé une camionnette sur place, avant l'arrivée de la police, selon des médias belges.
"Une information a été publiée beaucoup trop tôt dans la presse et nous a causé quelques soucis. Nous sommes des professionnels, donc nous anticipons les événements. Mais c'est un gros problème. J'aurais tendance à parler d'une certaine irresponsabilité d'une certaine presse. On offre sur l'autel de l'audimat la sécurité de mon personnel et, ça, je ne l'accepte pas, la sécurité de la population", avait déclaré dimanche Claude Fontaine, interrogé par la RTBF sur ces deux médias.
"Si la présence de la presse, anticipée par rapport à l'intervention, a pour conséquence que les personnes que l'on souhaite interpeller disparaissent dans la nature, que nous dira-t-on le lendemain?", a lancé Claude Fontaine.
"Porter à la connaissance du public, à commencer par les Bruxellois, le fait que le terroriste le plus recherché de la planète depuis novembre dernier se trouvait peut-être encore dans la capitale belge nous a paru primordial", a rétorqué ce lundi le directeur de la rédaction de L'Obs, Matthieu Croissandeau, dans une tribune sur le site du magazine. "Il suffit d’imaginer un instant ce qu'il serait arrivé si par malheur, il avait perpétré un nouvel attentat. Que n’aurait-on dit alors: +Vous saviez qu’il était à Bruxelles et vous l’avez caché!+" ajoute-t-il.
"Prétendre aujourd’hui que la divulgation de cette information aurait permis à Salah Abdeslam de comprendre que l’étau se resserrait est une vue de l’esprit. Notre article n’a rien appris au terroriste qu’il ne savait déjà: ni que la police le recherchait, ni qu’il avait pu laisser des traces de son passage dans l’appartement de Forest, ni même que l’enquête avançait, compte tenu de la fusillade qui a éclaté lors de la perquisition à Forest", explique encore le directeur de L'Obs.
"Prétendre que nous aurions mis en danger les personnes présentes au moment de son arrestation est tout aussi infondé puisque nous n’avons pas écrit qu’une opération était en cours pour l’interpeller", estime-t-il. Puis de conclure: "le métier de la police est d’arrêter les criminels et donc de s’assurer de la bonne conduite des enquêtes et de leur confidentialité, celui de la presse est de porter à la connaissance de ses lecteurs des informations solides, vérifiées et dignes d’intérêt".
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