Comment Facebook utilise les "dark patterns" pour vous pousser à modifier vos préférences de confidentialité

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FranceSoir
Publié le 13 août 2020 - 12:53
Mis à jour le 15 août 2020 - 11:58
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Comment Facebook utilise les "dark patterns" pour vous pousser à modifier vos préférences de confidentialité
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Facebook utilise des méthodes appelées “dark patterns” qui donnent l’illusion d’un choix libre, mais poussent les utilisateurs à modifier leurs préférences ou à accepter une gestion de leurs données plus favorable à la plateforme
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Avec le développement de l'économie numérique comme un élément central de nos sociétés, la collecte et la gestion des données personnelles est devenue un des sujets les plus importants et complexes à gérer. Pour garantir les droits et libertés des utilisateurs, les plateformes ont été progressivement forcées à laisser aux individus la possibilité de choisir leurs préférences en matière de confidentialité et de gestion de leurs données. Mais la gestion de ces données reste opaque, et surtout, les géants du net comme Facebook, utilisent des méthodes appelées “dark patterns”, qui donnent l’illusion d’un choix libre, mais poussent les utilisateurs à modifier leurs préférences, ou à accepter une gestion de leurs données plus favorable à la plateforme. Facebook nous permet-il réellement de faire un choix éclairé sur nos données privées, ou bien sommes-nous manipulés? Il est évident que le géant des réseaux sociaux utilise les “dark patterns”, tout comme les sites web  de e-commerce.

Pousser les utilisateurs à renoncer au contrôle de leur vie privée

Selon le magazine américain Wired  en 2010, Facebook a permis aux utilisateurs de choisir d’empêcher les sites et services partenaires de Facebook de collecter et utiliser leurs données personnelles accessibles au public. Mais au moment de valider ce refus, l'utilisateur reçoit le message suivant, qui incite clairement l'utilisateur à revenir sur son choix: «Êtes-vous sûr?  Permettre une personnalisation instantanée vous offrira une expérience plus riche lorsque vous naviguez sur le Web. » De la même façon, si un utilisateur choisit de désactiver l’option de reconnaissance faciale, Facebook envoie une petite alerte indiquant que sans reconnaissance faciale, Facebook ne pourra pas détecter l'utilisation frauduleuse de nos photos de profil! Avec un tel risque annoncé clairement sous la forme d’un pop-up d’alerte, le choix de refuser la reconnaissance faciale devient immédiatement plus difficile...  
Autre petite manipulation, plus anecdotique: le bouton pour activer la reconnaissance faciale est lumineux et bleu, alors que le bouton pour la désactiver est tout gris, beaucoup moins visible et accrocheur.
Selon Colin Gray, chercheur en interaction homme-machine à l'Université Purdue, qui étudie les “dark patterns” depuis 2015, il en existe cinq type, qui permettent d'influencer les préférences de confidentialité sur les réseaux sociaux: l'insistance, l'obstruction, la furtivité, l’interférence d'interface et l’action forcée. Tous ces éléments sont utilisés dans la gestion des paramètres de confidentialité sur Facebook.

 Les paramètres de confidentialité sur Facebook laissent toujours à désirer

Selon Colin Gray, même si les paramètres de confidentialité sur Facebook sont maintenant plus engageants, avec des icônes plus visibles et positives, ils restent très complexes et génèrent beaucoup de confusion. Car, souvent, les options de collecte de données sont définies par défaut, et pour les modifier, le nombre exagéré de cases à cocher ou décocher rend très difficile un choix éclairé et complet sur toutes les données. Mais maintenant que vous savez que cela est fait intentionnellement, pour permettre à Facebook de collecter et utiliser vos données personnelles, peut-être ferez-vous l'effort de bien passer en revus toutes les cases, options à activer ou désactiver...

On consent à l'utilisation denos données personnelles à cause des dark patterns

Depuis l'entrée en vigueur du règlement général européen sur la protection des données (RGPD) en 2018, les sites Web sont tenus de demander aux gens leur consentement pour collecter certains types de données. C'est depuis cette période que les concepteurs de sites Internet sont devenus de plus en plus ingénieux pour pousser l'utilisateur à consentir à l'utilisation de ses données personnelles. Selon Colin Gray, 70% des bannières de demande de consentement dans l'UE comportent une “dark pattern” pour pousser au consentement.

Manipulation aussi pour empêcher de fermer son compte

Les mécanismes pour fermer son compte ont été aussi réfléchis pour que la tâche soit presque mission impossible. D'ailleurs, vous ne pouvez pas le faire à partir de l'application, il faut se connecter depuis un ordinateur et trouver le paramètre peu visible sur «Modifier le profil». Une série de messages essayeront de vous décourager: Pourquoi voulez-vous désactiver votre compte? Trop distrayant? Essayez de désactiver les notifications. Juste besoin d'une pause? Pensez à vous déconnecter. Facebook essayera même de vous faire sentir coupable et asocial: “Si vous partez, vous ne recevrez plus aucune nouvelle de cette personne "x"...”

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