i>Télé : malgré la grève des journalistes de la rédaction, l'émission de Morandini a bien eu lieu
Les journalistes d'i>Télé (groupe Canal+) s'étaient mis en grève à une écrasante majorité contre l'arrivée de l'animateur, mis en examen pour "corruption de mineur aggravée" dans le cadre de castings douteux pour le tournage d'une websérie érotique, estimant qu'il compromet l'image de la chaîne.
Ce qui n'a pas empêché la diffusion en direct de "Morandini Live", tournée sur un plateau d'i>Télé avec des cadres techniques non grévistes et des pigistes, a indiqué un responsable du syndicat de Canal+ "+Libres". Une nouvelle AG des journalistes est prévue mardi matin. Souriant, Jean-Marc Morandini qui promet de décrypter "toute l'actualité des médias " -- mais sans citer la grève à i>Télé -- a commencé en évoquant un épisode de la série américaine New York Unité Spéciale dont le scénario s'inspire de l'affaire DSK.
Seule allusion au conflit, tout en donnant rendez-vous aux téléspectateurs pour le lendemain, il a "remercié les équipes d'i>Télé même si cela n'a pas été facile". C'est pour empêcher le démarrage de son émission que la rédaction avait voté lundi matin à 85% une grève immédiate de 24 heures reconductible.
Elle est très déterminée: "nous ne pouvons pas baisser les bras", a déclaré le syndicat +Libres. La chaîne d'info a tourné toute la journée avec des rediffusions. Signe supplémentaire de malaise, Alexandre Ifi, directeur adjoint de la rédaction, a annoncé son départ pour la mi-novembre.
L'affaire Morandini s'ajoute au conflit démarré avant l'été, lorsque la rédaction avait fait grève quatre jours pour protester contre une réduction drastique des effectifs. La SDJ, soutenue par +Libres, le syndicat autonome de Canal+, a présenté lundi une série de revendications : outre le report de la venue à l’antenne de Morandini, elle a demandé la définition d'un projet pour la chaîne et des moyens accrus. Selon le syndicat, plusieurs annonceurs se sont retirés de l'émission de Morandini.
La SDJ demande aussi la nomination d’un directeur de la rédaction qui puisse garantir l’indépendance de la rédaction vis-à-vis des intérêts du groupe Canal+, comme le stipule la convention avec le CSA.
"On en appelle donc au CSA", a souligné le président de la SDJ Antoine Genton. Interrogé, le CSA a répondu qu'il s'agissait d'une affaire interne à la chaîne. "La direction nous impose un bras de fer. Nous attendons un geste, mais pour l'instant elle nous ignore", a-t-il ajouté. "Vincent Bolloré a déclaré jeudi devant le comité de management que la venue de Morandini était sa décision personnelle. Nous sommes entre ses mains, il décide de tout", a regretté un représentant de +Libres.
Ce conflit a été déclenché par la décision de la direction le 7 octobre de le mettre à l'antenne, malgré sa mise en examen. Indignée, la rédaction avait voté à 92% une motion de défiance contre la direction.
Préférant se passer des journalistes mécontents plutôt que de Morandini, la direction a annoncé l'ouverture d'une possibilité de départ par "clause de conscience" (avec indemnités) pour ceux qui refuseraient de travailler avec l'animateur. Europe 1 a pris le parti inverse en suspendant d'antenne l'animateur depuis la rentrée.
Depuis samedi, l'affaire a gagné les réseaux sociaux, avec le hashtag #JeSoutiensiTELE, repris par de très nombreux journalistes et personnalités. Cette affaire alourdit encore l'ambiance à i>Télé, dont l'audience stagne autour de 1%, et qui attend toujours le plan de relance promis par Vincent Bolloré en 2015. Seule réforme, i>Télé sera rebaptisée CNews le 24 octobre et la rédaction de Direct Matin, propriété de Bolloré, arrive dans ses locaux avec des projets de rapprochement.
Une autre affaire embarrassante pour Canal+ a été relancée lundi, avec la plainte contre Vincent Bolloré déposée par trois journalistes qui l'accusent d'avoir censuré en 2015 un documentaire à charge contre le Crédit Mutuel, banque partenaire de Vivendi. Dernière pierre dans le jardin de
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