La journaliste de "L'Obs" expulsée de Chine critique les autorités françaises
La correspondante de l'hebdomadaire L'Obs Ursula Gauthier dont l'expulsion de Pékin est imminente a critiqué ce lundi 28 le gouvernement français, jugeant que sa réaction "n'est pas du tout au niveau de l'enjeu de ce qui est en train de se produire" en Chine.
"Il ne s'agit pas de moi, il s'agit d'une tentative très violente de museler la presse internationale", a dit sur France Inter la journaliste qui doit quitter Pékin le 31 décembre. "Ce n'est pas que moi qui suis visée là. La Chine ayant le rôle que l'on connaît maintenant, il est très important qu'on ne la laisse pas retomber dans des façons que l'on croyait totalement révolues et qui rappellent la Révolution culturelle", a-t-elle ajouté.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a confirmé samedi 26 l'expulsion de la journaliste sur son site internet, après avoir informé Ursula Gauthier vendredi 25 que, faute d'"excuses publiques" de sa part à la suite d'un article sur la politique décrite comme répressive à l'égard du Xinjiang, vaste région en majorité musulmane de l'ouest de la Chine, sa carte de presse ne serait pas renouvelée, ce qui l'empêchera d'obtenir le renouvellement de son visa.
Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré "regretter" que le visa de la journaliste ne soit pas renouvelé. La société des rédacteurs de L'Obs s'est aussi "indignée" lundi dans un communiqué de la "réaction laconique et peu convaincante des autorités françaises face à cette décision (d'expulsion, ndlr), qui constitue pourtant une atteinte grave à la liberté d’expression et au devoir d’informer".
Sur France Inter, Ursula Gauthier a estimé que "la liberté de la presse est vraiment en grand danger" en Chine où "la presse chinoise elle-même a été totalement muselée". "Il y avait encore des franges, en particulier dans les provinces, des médias qui avaient une certaine indépendance et qui pouvaient traiter de sujets qui n'étaient pas totalement orthodoxes. Ces médias ne peuvent plus le faire", a-t-elle dit.
Il y avait aussi "les blogueurs qui écrivaient dans les réseaux sociaux, qui avaient des milliers, des dizaines de milliers d'abonnés et ils faisaient entendre leur voix, c'était une voix indépendante. Ceux-là ont été muselés également et on les a paradés à la télévision avec les chasubles des prisonniers pour montrer à quel point c'étaient des criminels. Donc il n'y a plus personne qui ose maintenant s'exprimer réellement", a affirmé la journaliste.
"Les dirigeants français ont tort de ne pas s’émouvoir plus de cette expulsion, qu’il faut voir comme la manifestation d’une volonté de mise au pas de la presse internationale, par un pays qui n’est autre que la deuxième puissance du monde. La liberté d’expression et celle de la presse sont des principes non négociables, que la France doit défendre à tout prix", a également estimé la société des rédacteurs dans son communiqué.
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