Le coup d’Etat du 13 mai 1958 à Alger (VIDEO)
On a appelé cela "le coup d’Etat du 13 mai 1958" ou "la crise de mai 1958". Des événements qui ont précipité la fin de la IVe République et le retour au pouvoir du général de Gaulle.
En Une de son édition du jeudi 15 mai 1958, France-Soir cite Pierre Pflimlin, fraîchement investi à la présidence du Conseil (l’équivalent du poste de Premier ministre): "J’ai chargé le général Salan (commandant en chef en Algérie depuis 1956) de maintenir l’ordre à Alger. Il assume cette mission depuis mercredi matin".
Deux jours auparavant, le 13 mai, après plusieurs jours de heurts et de manifestations à Alger, les partisans de l’Algérie française ont envahi l’immeuble du gouvernement général et créé un comité de salut public, avec à sa tête le général Jacques Massu, bénéficiant du soutien tacite du général Raoul Salan.
France-Soir publie sur toute la moitié de sa première page une grande photo de cet immeuble du gouverneur général de l’Algérie, Robert Lacoste. La légende est la suivante: "Le ministère de l’Algérie vient d’être occupé par les manifestants. Un groupe, juché sur un balcon, déploie un grand drapeau tricolore, tout en faisant voler les documents trouvés dans les bureaux. En dessous, au balcon du bureau de M. Lacoste, des officiers entourent le général Massu (flèche). D’autres écrivent sur un tableau noir une proclamation destinée à la foule. En bas, derrière les grilles, se tient un cordon d’agents de police".
Après la chute du cabinet Félix Gaillard, le 15 avril, le président René Coty a nommé Pierre Pflimlin à la tête du 23e gouvernement de la IVe République. Mais, en pleine guerre d’Algérie, celui-ci est réputé favorable à une solution négociée avec le Front de libération nationale (FLN).
C’est ce qui a amené le général Massu et ses sympathisants à agir le 13 mai. Pierre Pflimlin, pour tenter de préserver la légalité et de ramener le calme en Algérie, remet au général Salan les pleins pouvoirs –qu’il exerçait de fait, depuis quelque temps.
"Le général Massu fait exécuter par ses paras les ordres du général Salan qui invite la population à reprendre la vie normale et somme tous les fonctionnaires de retourner à leur poste", écrit France-Soir, qui fait état d’une "situation politique confuse" à Alger.
A Paris, où des heurts entre partisans et adversaires de l’Algérie française ont lieu, le quotidien de Pierre Lazareff fait état de "50 arrestations", de "manifestations interdites dans toute la France", de "très importantes mesures de police" et de "mise en garde contre les fausses nouvelles".
Dans les jours suivants, la situation ne s’apaise pas, l’Assemblée nationale veut retirer les pleins pouvoirs à Salan, qui ne veut pas les rendre. Salan et Massu lancent un appel au général de Gaulle et sont rejoints à Alger, le 17, par Jacques Soustelle, proche de De Gaulle, ancien gouverneur général de l'Algérie (1955-1956) et futur membre de l'OAS.
Le 15 mai, le général De Gaulle –qui avait pris du recul avec la classe politique depuis 12 ans– se dit "prêt à assumer les pouvoirs de la République", mais sans préciser sa politique algérienne.
Le 19, au cours d'une conférence de presse restée célèbre, il répond, à un journaliste qui l'interroge sur le respect des libertés publiques: "Pourquoi voulez-vous qu'à 67 ans, je commence une carrière de dictateur?"
Bien qu'ayant obtenu la confiance du Parlement, Pflimlin démissionne le 28 mai, et le président René Coty demande au général de Gaulle de former le nouveau cabinet, investi le 1er juin par l'Assemblée, qui lui donne tous pouvoirs pour élaborer une nouvelle Constitution.
Le 3 juin, De Gaulle obtient les pouvoirs spéciaux pour six mois afin de résoudre la crise algérienne et, le lendemain, à Alger, lance son fameux "Je vous ai compris!". Un discours à double lecture, les partisans de l'Algérie française le prenant pour une approbation de leur action.
Les événements, dans les quatre années suivantes, en décideront autrement. A l'automne 1958, De Gaulle impose par référendum la Ve République. Puis il devra subir, en avril 1961, une tentative de sédition militaire en Algérie (le "putsch des généraux") déclenchée par les généraux Salan, Challe, Jouhaud et Zeller, opposés à sa politique algérienne.
Peu suivi par le contingent et mal perçu en métropole, le putsch échouera et vaudra à De Gaulle une autre de ses interventions télévisées célèbres, dénonçant ce "quarteron de généraux en retraite".
(Voir ci-dessous la vidéo des actualités de l'époque sur le 13 mai 1958 et ses conséquences à Paris et Alger):
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