Vietnam : 30 avril 1975, la chute de Saïgon (VIDEO)
"Fin". Ces trois lettres s'étalent en gros caractères sur la première page de l'édition de France-Soir daté du vendredi 2 mai 1975, pour annoncer que la guerre du Vietnam est terminée. Une guerre résumée par ce surtitre sur quatre colonnes: "Vietnam: trente ans de guerre, des millions de mort, des ruines".
Deux jours plus tôt, le 30 avril, les troupes du FNL nord-vietnamien (Front National de Libération) sont entrées dans Saïgon, capitale du Sud-Vietnam. France-Soir reproduit le flash de l'AFP qui a annoncé la nouvelle à 5h15, par ces mots: "Les chars du FNL entrent dans Saïgon".
"Saïgon s'appelle Ho Chi-Minh", titre également le quotidien, qui précise que "la radio du Front de Libération, captée à Bangkok, annonce que Saïgon a fait sa reddition à 11h30 locale, le 30 avril".
"La radio confirme que Saïgon s'appelle désormais Ho Chi-Minh, du nom du leader révolutionnaire vietnamien, fondateur du Nord-Vietnam, mort en 1969. Elle a terminé son annonce par: +Longue vie au président Ho Chi-Minh+ et enchaîné sur le chant du Front de Libération +Giaiphong Vietnam+", ajoute le journal.
Pleine page, France-Soir publie une grande photo d'un habitant de Saïgon, sur fond de ruines et de désolation, avec cette légende: "Hier, l'évacuation américaine; maintenant, la capitulation. Désormais, la population de Saïgon compte elle aussi ses morts et fouille ses ruines. Le drapeau du GRP flotte sur le palais présidentiel. Durant la journée de mardi, la population avait tenté d'oublier dans le pillage la menace qui pesait sur la ville: on s'était partagé les dépouilles des Américains".
Les derniers Américains présents à Saïgon ont évacué la ville les jours précédents, devant l'avancée des troupes communistes. C'est par des hélicoptères des Marines que près de 7.000 personnes, pour la plupart des Sud-Vietnamiens, ont fui le pays en quelques jours, au cours d'une opération baptisée "Frequent Wind". Les derniers envols d'hélicoptères, depuis le toit de l'ambassade américaine, et la cohue des candidats au départ resteront dans les mémoires. Tout comme les images des boat-people qui, pendant de nombreux années, tenteront ensuite de fuir le pays par bateaux.
France-Soir, en parlant de "trente ans" de guerre, remonte au début de la guerre d'Indochine (1946-1954), qui se solda par la défaite de la France. De fait, la "guerre du Vietnam" proprement dite, appelée parfois "seconde guerre d'Indochine", en fut la conséquence.
Les accords de Genève de juillet 1954 divisèrent en effet le pays en deux, de part et d'autre du 17e parallèle, et prévoyaient un référendum sur la réunification du pays en 1956.
Ce référendum n'eut jamais lieu, le président sud-vietnamien Ngô Dinh Diêm s'y opposant. Le Nord-Vietnam du président Ho Chi-Minh, à l'inverse, était favorable à la réunification, par la force si nécessaire.
Les affrontements, actions de sabotage et autres opérations militaires entre éléments du Nord et du Sud, entamés dès 1955, entraîneront une escalade militaire dix ans plus tard, dans laquelle les Etats-Unis, soutien du Sud-Vietnam, s'enliseront jusqu'à leur retrait militaire, en 1973, suite aux accords de Paris.
Ces accords de Paris –qui valurent le Prix Nobel de la paix à l'Américain Henry Kissinger et au Nord-Vietnamien Le Duc Tho– là encore ne mirent pas fin à la guerre mais laissèrent le Sud et le Nord face à face. Malgré un soutien logistique américain, le Sud fut battu par le Nord en deux ans, grâce notamment à l'offensive menée au printemps 1975 par les troupes communistes. Une offensive qui s'acheva par cette fameuse prise de Saïgon le 30 avril 1975, mettant fin à une guerre qui aura fait près de 2 millions de morts côté vietnamien et 60.000 morts côté américain.
(Voir ci-dessous un reportage d'Antenne-2 à Saïgon un mois après sa chute):
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