Grèce : le FMI veut convaincre Berlin et éviter une nouvelle crise

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Par AFP
Publié le 09 juin 2017 - 00:32
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Le FMI a assuré pouvoir éviter une nouvelle crise en Grèce avec un compromis de circonstance accepta
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© LOUISA GOULIAMAKI / AFP/Archives
Le FMI a assuré pouvoir éviter une nouvelle crise en Grèce avec un compromis de circonstance acceptable par les Allemands
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Le FMI a assuré jeudi pouvoir éviter une nouvelle crise en Grèce avec un compromis de circonstance acceptable par les Allemands, au moment où Bruxelles appelle les créanciers du pays à ne pas "jouer avec le feu".

A une semaine d'une réunion cruciale de l'Eurogroupe sur la dette grecque, le Fonds monétaire international a ressorti de sa boîte à outils un vieux mécanisme permettant, selon lui, de vaincre les résistances de Berlin et de permettre le déblocage de prêts vitaux pour Athènes.

Concrètement, le Fonds donnerait son "accord de principe" à sa participation au plan de 86 milliards d'euros accordé par la zone euro en 2015, mais sans débourser le moindre centime et sans déclarer la dette du pays "soutenable" contrairement à ses pratiques habituelles.

Cette solution, utilisée dans les années 80 pour des pays pauvres, permettrait de "préserver les progrès réalisés sur les réformes" par les autorités grecques et d'"éviter une situation financière potentiellement désordonnée en juillet", a plaidé jeudi Gerry Rice, le porte-parole du FMI.

Elle permettait surtout de satisfaire Berlin qui exige la présence du FMI avant de délier de nouveau les cordons de la bourse. Emmenés par l'Allemagne, les Européens ont jusqu'à présent refusé de verser un nouveau prêt à Athènes alors que le pays, sous perfusion financière depuis 2010, doit rembourser en juillet pour 7 milliards d'euros de créances.

"Nous avons le sentiment que nos partenaires européens pourraient aller de l'avant si nous décidions d'avoir un accord de principe, qu'ils pourraient effectuer un versement sur cette base", a affirmé le porte-parole.

Cette solution permettrait par ailleurs au FMI de ne pas s'engager financièrement tant qu'un allègement de dette n'aura pas été formellement accordé par les Européens, mettant ainsi fin à un blocage potentiellement dangereux.

"Cela éviterait une situation déstabilisante en juillet. Nous avons vu cela dans le passé et je pense que c'est une bonne chose d'éviter des tensions financières en Grèce", a assuré M. Rice.

Le commissaire européen à l'Economie lui a fait écho jeudi en mettant en garde contre toute impasse lors de la prochaine réunion du 15 juin. "Je veux vraiment passer un message très clair aux créanciers de la Grèce: il ne faut pas jouer avec le feu", a affirmé Pierre Moscovici à Paris.

"Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir un échec à l'issue de cet Eurogroupe", a-t-il ajouté.

- Critiques -

Le compromis proposé par le FMI ne fait toutefois pas l'unanimité.

Premiers concernés, les Grecs ont déjà fait connaître leur opposition à une telle solution qui ne suffira pas, selon eux, à rassurer les marchés sur la solvabilité du pays.

"Le FMI a été très pressant dans son exigence de réformes d'austérité, mais quand il doit demander un règlement sur la dette, il recule ou perd du temps", a déploré mercredi le porte-parole du gouvernement, Dimitris Tzanakopoulos.

D'autres accusent le FMI de tordre de nouveau ses règles pour venir en aide à la Grèce après avoir déjà créé en 2010 une règle spéciale pour venir en aide au pays en dépit de son insolvabilité.

"Il y a un deux poids-deux mesures. Cela revient à traiter la Grèce comme aucun autre pays", affirme à l'AFP Peter Doyle, un ancien cadre du département Europe au Fonds.

Autre ex-membre du Fonds, Desmond Lachman se montre plus nuancé sur la forme. "Je ne dirais pas que c'est un traitement spécial mais cela me semble être une solution très imaginative", dit-il.

Le FMI récuse, lui, tout "traitement de faveur" et indique avoir déjà utilisé ce mécanisme à 19 reprises entre 1983 et 1988. "Je ne pense pas que cela constituerait une violation de nos principes ou de nos règles", a affirmé M. Rice.

Si cette solution était retenue, la Grèce deviendrait toutefois le premier pays industrialisé à être associé à ce mécanisme et rejoindrait ainsi des pays pauvres tels que le Soudan, la Somalie ou la République démocratique du Congo, selon une liste obtenue par l'AFP.

Cette option fait toutefois tiquer Thanos Catsambas, ancien représentant grec au FMI, parce qu'elle fait des Européens les véritables maîtres du jeu. "En clair, le FMI dit aux Européens :+je serai prêt à revoir ma position quand vous serez disposés à agir+" sur l'allègement de dette, dit-il à l'AFP.

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