Le défilé du 14 juillet, une chorégraphie au millimètre et à la seconde

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Par AFP
Publié le 12 juillet 2017 - 20:31
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Des soldats de la Légion étrangère lors d'une répétition en vue du défilé annuel du 14 juillet, le 1
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Des soldats de la Légion étrangère lors d'une répétition en vue du défilé annuel du 14 juillet, le 10 juillet 2017 sur les Champs-Elysées à Paris
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A chaque répétition, l'alignement des fourreaux devient plus impeccable encore, le balancement des bras plus synchronisé. "Ce n'est pas parfait, il faut travailler encore", exige pourtant le général qui supervise la manoeuvre.

Le défilé du 14 juillet n'a rien d'une sinécure pour les 3.700 militaires à pied, 90 aéronefs, 210 véhicules et 240 chevaux qui descendront vendredi les Champs-Elysées.

C'est une mécanique d'une rare précision, où chaque mouvement s'apprécie à la seconde, au millimètre. Une fausse note peut gâcher le spectacle.

Depuis trois jours, calots bleus, bérets rouges et képis blancs enchaînent les tours de piste au camp de Satory, à Versailles, au plus près des conditions des Champs.

"Certains des défilants ne regardent pas dans les yeux ! On ne va pas le rabâcher. La prochaine fois vous aurez le président de la République devant vous ! Faites un effort, suivez du regard l'autorité !", maugrée un officier devant 150 élèves polytechniciens pétrifiés.

Alignement des rangs, hauteur des sabres et port de tête, rien n'est laissé au hasard. Et le regard doit être tendu vers le chef de l'Etat et la tribune présidentielle.

"Aujourd'hui les distances entre formations étaient bonnes. Les alignements étaient plutôt bien", décortique le chef d'orchestre du défilé, le général Pierre Greco, depuis une tribune officielle improvisée.

- "Vagues" et "accordéons" -

"Il nous reste à travailler la hauteur des bras. Il y en a à l'horizontale, d'autres plus bas, donc cela fait des sortes de vagues", déplore-t-il.

"Quand les troupes se séparent devant le président, il les voit toutes de profil et donc il voit exactement l'alignement des rangs et la hauteur des bras", dit-il.

Dans les airs, à 300 mètres d'altitude, le défi s'annonce tout aussi complexe mais très différent des missions menées dans le ciel de Mossoul ou en Syrie.

"Le type de précision qui vous est demandé est de l'ordre de trois secondes (..) à relier avec une précision en vitesse", insiste le directeur du défilé aérien, le général Jean-Christophe Zimmermann, devant une cinquantaine de pilotes, pour beaucoup de retour d'opérations.

A 500 km/h, les variations de vitesse peuvent provoquer "des accordéons qui sont du plus mauvais effet au point de vue visuel" ou des "rapprochements entre les patrouilles", met-il en garde.

Avec une telle concentration d'aéronefs dans un espace aussi restreint, la sécurité est l'obsession numéro un.

"Vous effectuez au quotidien des missions bien plus complexes mais ne sous-estimez pas les spécificités du défilé du 14. Si vous devez faire demi-tour, faites-le ! Safety first", met en garde le général.

- La Seine ou les bois -

A l'approche des Champs, les appareils rejoignent l'un des dix circuits d'attente mis en place autour de Paris. Rejoindre le défilé exige des procédures bien précises.

"On est plusieurs à la même altitude, à sept kilomètres (entre formations). En avion de chasse, à 300 noeuds, cela fait 30 secondes de vol. Si les deux chasseurs se retrouvent face à face (...) il n'y a pas grand marge", résume Anthony, pilote sur Mirage 2000.

Dans le sillage des autres avions, les turbulences peuvent contrarier l'architecture du défilé. Un décalage de quelques mètres se remarque très vite depuis le sol.

"Le jour J, le vent peut s'engouffrer dans les immeubles, cela fait des tourbillons", renchérit "Titi" (nom de code), pilote de Rafale.

Le paramètre le plus imprévisible reste la météo. Un vent de travers peut dévier l'avion de l'axe, un vent arrière trop fort le faire accélérer. Et au sein d'une formation, quelques mètres seulement séparent les appareils.

Devant tant d'inconnues, tous les scénarios sont anticipés, décortiqués. Lors d'un vol de reconnaissance, Anthony a repéré les zones de crash possibles. En cas de pépin, "le but c'est de piloter jusqu'au bout et d'aller dans la Seine ou les bois", dit-il.

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