Le progressisme version Macron veut sortir du flou idéologique

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Par Jérémy MAROT - Paris (AFP)
Publié le 18 octobre 2018 - 17:52
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Chantre auto-proclamé du "progressisme", La République en marche va se pencher sur sa doctrine samedi lors d'un colloque, afin de dessiner plus clairement sa colonne vertébrale idéologique et surtout préparer l'avenir, au-delà même d'Emmanuel Macron.

Qu'est ce que le macronisme ? Un an et demi après avoir remporté l'élection présidentielle en rassemblant des millions d'électeurs venus de tous horizons politiques autour d'un nom et d'un programme, les marcheurs vont essayer de dégager des fils conducteurs.

Réunies à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et la Fondapol, des think tanks respectivement classés plutôt à gauche et à droite, un millier de personnes réfléchiront autour de sociologues (Dominique Schnapper), politologues, philosophes (Monique Canto-Sperber), scientifiques (Hervé Le Treut, ...) et politiques (Jean-Michel Blanquer, ...).

"Ce colloque est un point de départ, pas un point d'arrivée", prévient la députée Laetitia Avia qui met en avant un travail au long cours, ponctué de consultations des adhérents, d'ateliers etc.

L'exercice doit permettre de trancher entre les tenants de deux écoles.

D'abord ceux pour qui le macronisme est avant tout un pragmatisme, c'est-à-dire une méthode d'action. "Emmanuel Macron a pensé qu'avant la doctrine il fallait apporter des solutions concrètes, rassembler et dépasser les clivages", rappelle le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, soutien de la première heure.

Mais désormais, plus nombreux sont ceux plaidant pour la constitution d'un vrai corpus idéologique.

"Quand on dit qu'on est dans une start-up, on se trompe. Si on veut durer, il faut se replonger dans les fondamentaux: à savoir quel est notre éclairage doctrinal", exhorte le député LREM Romain Grau, qui estime que le macronisme est le rejeton naturel de courants idéologiques plus anciens "comme le mouvement radical sous la IIIe République".

"Je pense qu'il y a une doctrine et qu'il faut la préciser. Il y a des grands principes dont certains ont été théorisés et d'autres non", souligne le député et mathématicien Cédric Villani, qui interviendra samedi.

- "Fixer un horizon" -

"On a un président formé à deux grandes écoles: la philosophie et le monde des affaires. La première est dans les concepts, la deuxième dans beaucoup de pragmatisme. Le mélange des deux est important", avance encore l'élu de l'Essonne.

"Le progressisme, on peut tout y mettre", consent de son côté la députée LREM Brigitte Bourguignon, présidente de la Commission des affaires sociales, appelant à ce qu'on "définisse une charte de nos valeurs communes", afin "de fixer un horizon à long terme".

Car les marcheurs ont évolué sur une ligne de crête abrupte, déclinant à toutes les sauces leur "progressisme". Cela n'a pas suffi à masquer les divergences internes, sur la laïcité, l'immigration ou encore l'écologie, notamment dans les travaux parlementaires.

La récente étude du think tank Terra Nova sur les adhérents LREM montre d'ailleurs la coexistence de deux familles progressistes. Les "progressistes-libéraux" identifiés comme "le cœur du macronisme" (31% des adhérents) et les "progressistes-égalitaires" (23%) qui sont, selon les auteurs, "une trace de l'apport des électeurs de gauche".

"Il y a donc deux interprétations du progressisme avec une attitude économique plus libérale et une plus à gauche", décrypte le chercheur au CEVIPOF Thomas Vitiello.

Mais est-ce profitable politiquement de sortir de l’ambiguïté alors qu'elle permettait justement de brasser large ? "La question est ouverte", glisse un ancien conseiller de M. Macron.

"Un projet politique, ce n'est pas des gens qui pensent tous pareils, évacue M. Villani. Le scientifique que je suis pense toujours qu'il est bon d'avoir de la biodiversité en toutes circonstances."

Ce colloque envoie également un signal au monde des idées, alors que plusieurs intellectuels, proches de M. Macron durant la campagne et notamment issus de la seconde gauche, ont pris ces derniers mois leurs distances avec le pouvoir, à l'image de Jean Pisani-Ferry ou Philippe Aghion.

Or, sans structure propre de création d'idées, LREM est dépendante de l'extérieur pour "préparer l'après, à savoir un second quinquennat et au-delà", avance le député Thomas Mesnier.

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