Inondations : Paris toujours sous la menace d'une crue centennale
Paris, fin janvier 1910: le niveau de la Seine dépasse les huit mètres. La Tour Eiffel a les pieds dans l'eau tandis que les députés sont évacués du Palais Bourbon en barque, seul moyen de locomotion encore utilisable dans une grande partie de la capitale.
Alors que ce mois de mai a été le plus pluvieux sur Paris depuis 1973, ce scénario catastrophe, qui semble d'un autre temps, pourrait-il se réaliser? Depuis 1910, Paris attend la nouvelle grande crue centennale. Non pas qu'elle se produise tous les 100 ans, mais parce qu'il y a chaque année une chance sur 100 qu'elle se produise.
Si la situation de ces derniers jours est encore loin d'égaler celle d'il y a 106 ans, une telle crise devrait donc finir par se produire et devrait être gérée, faute de pouvoir être endiguée. La pyramide du Louvre, les tours de la Défense, Matignon et l'Elysée seraient ainsi inondés. Mais surtout, 400.000 logements situés en zone inondables seraient concernés. La crue pourrait impacter cinq millions de personnes.
Ses effets seraient même plus lourds qu'en 1910. La modernisation de la société et des infrastructures, l'urbanisation ou encore le rôle croissant pris par Paris dans l'économie française rendent la capitale paradoxalement plus vulnérable.
Selon un rapport de l'OCDE de 2014 "l’Île-de-France représente environ le tiers de l’activité économique de la France". Une crue d'ampleur historique "pourrait perturber le fonctionnement de l’État et des institutions ainsi que l’ensemble des infrastructures et réseaux critiques qui irriguent quotidiennement la métropole francilienne".
Conséquences: 1,5 million de personnes pourraient subir des coupures d'électricité après qu'un quart des infrastructures électriques aient été inondées. Côté métro, 140 kilomètres de voies sur 250 seraient inutilisables. Le réseau routier serait bien sûr fortement impacté, de même que l'accès à l'eau potable.
L'impact économique a long terme serait également très lourd: "les dommages d’une telle catastrophe ont été estimés de 3 à 30 milliards d’euros pour les dommages directs selon les scénarios d’inondation, assortis d’une réduction significative du PIB qui atteindrait sur cinq ans de 1.5 à 58.5 milliards d’euros soit de 0.1 à 3 % en cumulé", prévient ainsi l'OCDE.
Face à ce scénario, la préfecture de Paris a réalisé en mars dernier une simulation baptisée Sequana, mettant en scène une crue de plus de huit mètres de la Seine. Celui ci a mobilisé 900 sauveteurs, 150 personnels des forces de police, 40 véhicules de sécurité civile dont 20 véhicules lourds, quatre hélicoptères et le Mécanisme européen de protection civile. Les conclusions de cet exercice devraient être remises à la fin de l'année.
Si ce scénario est préoccupant, les crues de ces derniers jours sont encore loin de l'égaler. Seul un affluent de la Seine, le Loing, a été placé en niveau de vigilance rouge tandis que la Seine est classée jaune. Selon Vigicrues, le niveau du fleuve à Paris devrait monter jusqu'au vendredi 3 juin et dépasser la veille les cinq mètres. Une crue à ne pas négliger, mais pour parler d'un évènement "majeur", il faut que l'eau atteigne les sept mètres. Un niveau qui suppose une coïncidence de phénomènes, comme un sol gelé qui empêche l'eau de s'infiltrer. Un scénario peu probable en ce début juin.
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