Rentrée 2016 : du stress chez les élèves, mais pas de peur des attentats
Douze millions d'élèves ont entamé jeudi une nouvelle année scolaire: stress et excitation s'expriment devant les portes d'école, mais pas plus que d'habitude car les enfants ne semblent pas inquiets des menaces d'attentats.
A Nice, lieu de l'attaque du 14 juillet qui a fait 86 morts sur la Promenade des Anglais, les autorités locales ont pris des mesures particulièrement strictes. Et les parents ne peuvent pas accompagner leurs enfants dans les classes de maternelle, comme c'est la tradition.
"Le plan Vigipirate nous empêche d'entrer dans l'école. Mais quand on nous fait rentrer en classe, il y a moins de parents agglomérés au portail. Là, si une personne se met avec une bombe, ça fait boum et c'est tout le monde qui est tué", réagissait Lucia.
Christophe, 37 ans, regrette de ne pas savoir "qui est la maîtresse de (son) fils". Mais "ça me plaît qu'il y ait des policiers. Il y en a pour les écoles juives (des militaires de l'opération Sentinelle, NDLR) et il doit y en avoir partout, devant les écoles laïques et catholiques".
"Je sais que nous, à Bordeaux, on a de la chance de pouvoir entrer dans l'école. Ce n'est pas le cas partout", souligne Damien, qui accompagne son fils Nolann à la maternelle Fieffé. "Ce serait une grosse perte de ne plus pouvoir entrer".
Dans un autre quartier, devant l'établissement Jules Ferry, un père d'élève, Benoît, lève les yeux au ciel: "Franchement, je ne vois pas trop ce qu'on peut faire pour empêcher ça (une attaque: NDLR), sauf à transformer les écoles en camps militaires…".
La petite boule au ventre, les enfants sont beaucoup à l'avoir, mais ce n'est pas lié aux menaces d'attentats. "Je me sens mal... J'ai un peu peur. J'étais en primaire à Bègles, et on vient d'emménager à Bordeaux. Je ne connais personne ici (...), je suis stressée", explique Jessy, qui entre en sixième au collège Alienor d'Aquitaine. Près d'elle, Manele, 11 ans se sent "bien": "J'étais tellement excitée que je n'ai pas dormi de la nuit!".
Les élèves de cinquième du collège Henri-Barbusse de Vaulx-en-Velin (est de Lyon) ont rebroussé chemin: les professeurs de cet établissement de réseau d'éducation prioritaire renforcée font grève pour protester contre des classes qu'ils jugent surchargées.
Pour la première fois avant une rentrée scolaire, les ministres de l'Intérieur et de l'Education nationale avaient tenu fin août une conférence conjointe pour détailler une série de mesures visant à renforcer la sécurité des écoles. Dont la mobilisation, ce jeudi, de 3.000 réservistes de la gendarmerie.
"Toutes les mesures sont mises en oeuvre pour protéger et se donner les moyens d'éviter ce qui pourrait être des attentats", a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Il a évoqué "un niveau de menaces extrêmement élevé", qui appelle "une vigilance totale et extrême".
Comme chaque année, le président François Hollande s'est rendu dans une école et un collège, cette fois à Orléans, avec la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem.
Côté enseignement, les élèves du CP à la troisième travailleront sur de nouveaux programmes, plutôt bien accueillis en dépit de quelques polémiques. La réforme du collège en revanche, qui modifie en profondeur le métier des professeurs, a suscité un débat virulent. Les syndicats qui y sont opposés ont appelé à une grève pour le 8 septembre.
Le lycée "doit être maintenant la prochaine étape de nos réformes", a-t-il déclaré depuis cette ville, où candidat en campagne, il avait présenté en février 2012 les grands axes de son projet éducatif, qualifié de priorité de son mandat. Il y revient pour la dernière rentrée du quinquennat avant la présidentielle du printemps 2017.
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