Stress au travail : la France reste "très mauvaise élève", selon un médecin

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 11 février 2016 - 15:46
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Burn-out au travail.
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Sur trois millions de Français souffrant de dépression, une centaine de cas seulement ont été reconnus d'origine professionnelle en 2014.
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Quinze ans après un premier ouvrage sur le stress au travail, le Dr Patrick Légeron revient sur la question. Selon lui, si le sujet n'est plus du tout tabou, rien n'a vraiment été fait en France pour lutter contre "le premier péril pour la santé des salariés".

La France reste "un très mauvais élève" en matière de prévention du stress au travail, dont elle peine à évaluer le coût économique, s'alarme le Dr Patrick Légeron, dans une mise à jour de son ouvrage pionnier sur le sujet (Le stress au travail) publié en 2001.

"Quinze ans après, on est sorti du déni dans lequel se trouvaient les entreprises françaises, le stress au travail est même surmédiatisé, mais si le contexte est complètement différent, les résultats n'ont pas changé", a-t-il déploré mercredi, en présentant les nouveaux enjeux de ce "problème de santé publique".

Nombre d'études et rapports internationaux en attestent: le stress au travail et ses corollaires, le burn-out (épuisement professionnel), le bore-out (dépression par manque total de stimulus), la dépression, le suicide, sont devenus "le premier péril pour la santé des salariés", en raison notamment des nouvelles pratiques managériales et des transformations radicales induites par la révolution numérique, selon le médecin.

En France, "trois millions de Français souffrent de dépression, soit 5 à 6% de la population, et une centaine de cas seulement ont été reconnus d'origine professionnelle en 2014", a-t-il relevé.

La France a tardé à s'emparer du sujet et "manque encore de données scientifiques". Lorsqu'elle a commencé à s'en préoccuper en 2002, elle l'a fait "de manière très négative et dans une logique de réparation plutôt que de prévention, après des drames liés au harcèlement moral et des suicides dans l'industrie automobile et dans les télécoms".

Au Danemark, a-t-il expliqué, "les partenaires sociaux ont signé des accords sur le stress dès la fin des années 70" et "l'Europe du Nord a fait du bien-être au travail une stratégie autant économique qu'humaine dès la fin des années 90, comprenant davantage ce concept comme un retour sur investissement que comme une protection de la santé des salariés". En France, "il n'existe pas encore d'indicateur national, ni d'étude économique sur son coût".

En 2010, "l'Agence européenne de sécurité et santé au travail plaçait la France tout juste dans la moyenne (14e) des 31 pays européens étudiés" concernant la prévention du stress et des risques psychosociaux au travail, "avec seulement 15% d'entreprises ayant mis en place des procédures", souligne l'auteur dans son livre.

Parmi les facteurs de stress, il cite le "manque de formation des managers français, qui ne savent pas gérer les individus et les émotions au travail, une faiblesse spécifiquement française".

"Le stress, dit-il, ce n'est pas seulement une question de quantité de travail, c'est aussi une question de sens et de manière dont on est dirigé".

Autre facteur de poids, selon lui: le "manque de reconnaissance". "Alors qu'au Danemark, 85% des salariés disent se sentir reconnus, ils sont entre 55 et 60% en Grande Bretagne et moins de 50% en France". Conséquence directe ou pas, "la France est un des pays dans lesquels la confiance des salariés en leurs managers, et inversement, est la plus basse".

 

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