Mélanie Ségard, trisomique, présente la météo : le handicap sous un jour positif

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Par AFP
Publié le 13 mars 2017 - 16:23
Mis à jour le 14 mars 2017 - 15:34
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Mardi soir, une jeune femme trisomique présentera la météo sur une chaîne de télévision nationale. Pour Mélanie Ségard, 21 ans, un "rêve" se réalise avec cette nouvelle initiative pour mettre en lumière le handicap intellectuel.

Mélanie "porte un message: +Je suis capable dès lors que qu'on me donne la possibilité, que je suis accompagnée par la société+", a souligné le président de l'association Unapei (personnes handicapées mentales et leurs familles), Luc Gateau, auprès de l'AFP.

A l'approche de la journée mondiale de la trisomie 21, le 21 mars, l'Unapei a choisi cette jeune femme "naturelle, spontanée" qui "respire la joie", pour montrer ce handicap sous un jour positif.

Principale cause génétique de déficit mental, la trisomie 21 est une anomalie chromosomique qui concerne 65.000 personnes en France et quelque 60 millions dans le monde.

"A 100.000 likes, je présente la météo à la TV", avait lancé Mélanie dans une campagne sur Facebook début mars. Elle en a reçu plus de 200.000 en dix jours.

Plusieurs chaînes se sont manifestées, mais l'Unapei a préféré se concentrer sur un unique bulletin météo, mardi à 20H35 sur France 2.

"Ces opérations emblématiques, hors normes, permettent de faire bouger les opinions", a souligné Mémona Hintermann, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). "Mélanie Ségard enfonce une porte. Elle a le courage de dire: je ne vous ressemble pas, et alors?"

La représentation du handicap reste toujours "très marginale" à la télévision, selon le CSA. Seulement 0,8% des individus vus à la télévision en 2016 étaient perçus comme handicapés, chiffre en hausse grâce à une diffusion renforcée des Jeux paralympiques de Rio en septembre.

De nombreux médias et écoles du secteur audiovisuel ont pourtant signé en 2013 une charte pour encourager l’accès à l’emploi des personnes handicapées. "Trois ans après, ça n'a pas beaucoup bougé", souligne Mémona Hintermann. "Le plus étonnant est de voir que ce sujet n'est toujours pas prioritaire".

En 2013, une jeune femme trisomique de 19 ans, Laura Hayoun, avait présenté les titres de la matinale sur BFMTV et réalisé un entretien sur RTL. Marin Gerrier, 12 ans, avait pour sa part participé en tant que rédacteur en chef à la préparation d'une édition de "Mon quotidien".

Le mois dernier, Madeline Stuart, une australienne trisomique de 20 ans, qui avait défilé à New York en septembre 2015, y a présenté sa première collection pendant la Fashion Week.

- 'Juger sur les capacités' -

Ces dernières années, l'opinion a été davantage sensibilisée au handicap, notamment moteur, avec par exemple le film "Intouchables", qui raconte l'histoire d'un homme devenu tétraplégique après un accident, et a fait près de 20 millions d'entrées.

Les Jeux paralympiques ont par ailleurs eu un retentissement accru, et des associations se sont félicitées que le handicap ne soit plus seulement montré de façon "misérabiliste".

"La méconnaissance totale, l'ignorance entraînent la peur", souligne le tennisman en fauteuil Michaël Jérémiasz, médaillé paralympique, qui a créé l'association "Comme les autres".

"C'est encore plus vrai pour les personnes ayant un handicap mental, car elles sont moins visibles dans la société en général, pas uniquement dans les médias", ajoute-t-il.

"C'est très important qu'on nous juge moins sur notre apparence, et davantage sur nos capacités", estime Lahcen Er Rajaoui, président de "Nous aussi", association française des personnes handicapées intellectuelles.

Cet homme de 46 ans, qui travaille dans un Esat (établissement et service d'aide par le travail) près de Valenciennes, a gardé des séquelles physiques et intellectuelles d'une opération chirurgicale liée à la leucémie qu'il a eue dans l'enfance.

"Les personnes en situation de handicap intellectuel laissent trop souvent les professionnels ou leurs parents s'exprimer à leur place", observe-t-il. Mais "ça commence à changer, petit à petit".

Pour Luc Gateau, l'école peut jouer un rôle clé. "Si on arrive demain à avoir une école véritablement inclusive, qui s'adapte aux différences, on aura une nouvelle génération qui sera formée et qui pourra développer ses projets."

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