De l’utilité et de l’expertise de la finance actuelle

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Caroline Porteu, pour France-Soir
Publié le 18 mai 2023 - 13:00
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Economie
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Photo de Mathieu Stern sur unsplash.com
S'informer pour connaître les évolutions de la finance est crucial.
Photo de Mathieu Stern sur unsplash.com

TRIBUNE/ÉCO - J’ai toujours été intéressée par la finance et par les marchés financiers. La bourse, dans mon esprit, était supposée refléter l’état de l’économie nationale et des entreprises françaises.  

Ces marchés étaient théoriquement destinés à aider nos entreprises quand elles avaient besoin de fonds pour investir ou traverser une période difficile, la contrepartie de cette aide étant bien entendu la rémunération des actionnaires.  

Depuis plusieurs années, j’ai constaté avec surprise que dans nos pays occidentaux, la plupart de ceux que l’on nomme les “stratèges financiers” étaient des gens qui raisonnaient à court terme, qui plus est souvent en collusion avec les politiques en place. Et que par leurs raisonnements, par leurs choix, ceux-ci arrivaient à mettre les entreprises qu’ils géraient ou dont ils étaient actionnaires en difficulté.  

Mondialisation financière

La recherche d’une rentabilité immédiate s’est accélérée avec la mondialisation financière. Elle a été très souvent choisie au détriment d’investissements à long terme qui auraient pérennisé le futur de l’entreprise. 

Cela va théoriquement de concert avec un État-Nation qui apprécie recevoir en retour des recettes fiscales d'entreprises stables, après avoir mis à la disposition de celles-ci des infrastructures ou une main d’œuvre bien formée. 

Or, certaines délocalisations décidées (non empêchées en tout cas, voire encouragées par les États-Nation...) pour un motif de rentabilité immédiate ont conduit certaines entreprises à se trouver confrontées à une pénurie de main d’œuvre "compétente".

C’est actuellement le cas actuellement pour tout ce qui touche à l’énergie et au nucléaire, l’informatique, l’industrie automobile ou de l’électro-ménager.   

Les États-Nations, de leur côté, se retrouvent impactés par ce type de décision, avec du chômage et des recettes à remplacer, souvent par l’augmentation des prélèvements des contribuables ou de la TVA.

Personne ne semble y trouver son compte. 

Économie réelle contre "argent magique"

Depuis plusieurs mois, on peut observer une décorrélation totale entre l’état de l’économie et les marchés financiers. Cette décorrélation est facile à constater désormais avec des indices européens qui frisent les sommets alors que l’économie française et allemande sont en grande difficulté, du fait de l’inflation, de la désindustrialisation en cours.

Sans évoquer par ailleurs les mesures en train d’être prises par les BRICS pour accélérer la dédollarisation, soit la fin du dollar en tant que monnaie de référence, ce qui mécaniquement impacte la zone Euro et sa monnaie... 

Les indices américains continuent de se maintenir malgré les faillites bancaires en cascade, c’est encore plus incompréhensible, mais c’est sans doute dû à “l’argent magique” qui permet de pas laisser ces faillites avoir lieu en les faisant racheter par de plus grosses entités.

Cela peut entraîner une “bulle financière”, chacun le sait.

Aucun système bancaire ne peut tenir sans un minimum de confiance. Les algorithmes utilisés par les marchés financiers et les stratégies politico-économiques des actionnaires de la Fed (qui, il faut le rappeler, est une banque privée) avec l’accord du gouvernement américain, sont en train de faire tomber cette confiance. Un bon nombre de pays sont concernés et ceci explique sans doute en partie pourquoi des monnaies numériques, comme le bitcoin, ont connu un beau succès. Quid maintenant des monnaies numériques "officielles" à venir ? Vont-elles améliorer la situation ? 

Monnaies numériques, marché de l'immobilier et réglementations

Depuis quelques mois, nous entendons parler de la mise en place de monnaies numériques par les Banques Centrales ainsi que des théories du Grand Reset du World Economic Forum (WEF) : “Vous ne posséderez rien et vous serez heureux”.  

J’ai souvent pensé que la finance était très loin d’être un métier essentiel, contrairement à des métiers comme l’éducation, l’élevage, l’agriculture, la médecine ou encore le bâtiment, certaines industries... En somme, l’argent ne doit pas servir à l’argent. Il doit rester un moyen d’échange.  

L’état actuel des marchés financiers Européens pourrait laisser penser que le risque de récession est très faible. Il s’agit soit d’une vue très court terme de la situation actuelle. Car il y a bien un soutien totalement artificiel des banques centrales apporté aux marchés financiers, qui n’ont plus aucun rapport avec l’économie réelle, celle des entreprises en particulier.  

Déjà regardons ce qui se passe sur le marché immobilier, qui est également un marché apprécié des Établissements financiers et des organismes de placements. À titre d’exemple, les fonds de SCPI (Société Civile de Placement immobilier) assuraient la plupart du temps une rentabilité financière supérieure à celle de placements purement financiers.  

Aujourd’hui l’État français et l’Union Européenne (UE) s’attaquent à ces marchés au prétexte du climat, en mettant en place des réglementations qui seront impossibles à tenir pour beaucoup de propriétaires.  

En 2028, il ne sera plus possible de vendre ou de louer un bien dont la consommation énergétique est supérieure à 331kWh/EP /m2/an. Ce qui élimine totalement la classe F et G des DPE.  En 2034, les DPE de classe E ne seront plus considérés comme décents.  

De nombreux propriétaires, aussi bien particuliers que sociétés, vont donc être obligés de faire des travaux considérables pour être en conformité avec la nouvelle législation. Sinon, il leur sera interdit de louer comme de vendre à horizon 2025, 2028 et 2034. Les immeubles de beaucoup de nos grandes villes françaises sont déjà concernés par cette réglementation.  

Le marché immobilier va automatiquement être très perturbé par cette réglementation avec un impact immédiat sur les finances des propriétaires et en conséquence leur capacité de placement ailleurs ! Sans parler de la baisse prévisible des prix de vente pour les endroits les plus exposés.  

Les modifications de règlementation vont également s’appliquer aux locaux industriels et commerciaux avec l’instauration du décret tertiaire qui concerne les bailleurs comme les locataires et qui risque d’accélérer la faillite de nombreuses PME, qui ont déjà du mal à exister avec l’inflation actuelle des prix de l’énergie.  

Donc des réactions en chaîne prévisibles sur tous les plans, y compris bien sûr sur le plan financier... 

Un nouvel ordre économique mondial ?

Ces stratégies financières et politiques court terme, à la recherche d’une rentabilité ou d’une efficacité immédiate, sont-elles adaptées à l’évolution de notre civilisation et aux nouvelles réglementations dues à la volonté de mettre en place un “nouvel ordre économique mondial” ?

Rien n’est moins sûr.  

“Vous ne posséderez rien mais vous serez heureux”, nous dit le Forum de Davos et l’agenda 2030 des Nations unies. Si vous ne possédez rien, par définition, il n’y aura plus d’actifs immobiliers ni financiers à gérer ! Pour l’immobilier, comme nous venons de le voir, c’est en bonne voie. 

Si les Banques Centrales lancent leurs monnaies numériques comme elles l’annoncent (Pour la BCE, la banque centrale européenne, le lancement a été annoncé par Christine Lagarde pour octobre 2023), les banques privées auront perdu une bonne partie de leur raison d’être et redeviendront de simples officines dont l’activité diminuera au fur et à mesure de l’augmentation de la circulation de la monnaie numérique.    

L’une des soi-disant motivations du lancement de cette monnaie numérique viendrait également du climat car cela permettrait le contrôle des dépenses de la population en émission carbone. Une expérience est déjà en place en test en Suède, j’en avais parlé dans l’un de mes précédents articles.  

Si la propriété privée, les petits épargnants, les actifs financiers, les marchés financiers disparaissent et sont remplacés par un contrôle social total sur l’intégralité des dépenses des citoyens du fait de l’instauration de cette monnaie surpuissante, totalement centralisée, les métiers bancaires ou les métiers de gestion de capitaux et de gestion de l’épargne perdront toute utilité et n’ont plus aucune raison d’exister.  

N’oubliez pas que les objectifs de l’UE comme ceux du World Economic Forum sont également de faire diminuer le nombre de petites entreprises qui “nuiraient” à la productivité des pays.   

L’inflation et la hausse des prix de l’énergie ont entrainé une augmentation de plus de 50% des faillites de PME en France et c’est loin d’être terminé. La gestion financière de ces PME représente une partie non négligeable de l’activité des banques françaises. Donc la disparition de ces entreprises entrainera automatiquement la disparition de ceux qui les aidaient.

Désinformation par le silence  

Alors comment comprendre les stratégies actuelles de nos “Zélites” financières ?    

Elles paraissent totalement inconscientes de ce qui les guette, eux en premier lieu, car entre les algorithmes qui gèrent les marchés et les transactions boursières, (ce qui est d’ailleurs totalement incompatible avec la transparence obligatoire théorique sur ces marchés car la gestion algorithmique se rapproche par définition d’un délit d’initié), l’intelligence artificielle, la robotisation des échanges, ils deviendront les premiers “inutiles” pour reprendre une expression chère à Yuval Noah Harari, le grand conseiller de Klaus Schwab.  

Le décret qui vient de sortir sur l’abrogation de l’exonération d’impôts concernant les placements de valeurs mobilières long terme, risque d’affecter considérablement l’épargne des français et en particulier celle des classes moyennes !   

Et par voie de conséquence, avoir également des impacts considérables sur ceux qui gèrent cette épargne. Une fois de plus, les médias qui ont évoqué ou retransmis le discours d'Emmanuel Macron du 15 Mai dernier concernant une soi-disant baisse d’impôts pour les classes moyennes, ont oublié de parler de cette hausse qui va les concerner au premier chef.  

En effet, les Français sont nombreux à épargner pour se constituer des compléments de retraite. Je serais même curieuse de savoir si les prélèvements supplémentaires ne vont pas être largement supérieurs aux deux milliards de baisse annoncés par Emmanuel Macron. Ce silence médiatique devient de la désinformation ! En effet, selon les résultats de la quatrième édition de la grande enquête Global Investor Pulse de BlackRock, les Français sont 87 % à épargner, soit le plus fort taux d'Europe. 

Sources et notes : 

Décret n° 2023-355 du 11 mai 2023 

Article 2 

Sont abrogés : 

1° Le décret n° 66-348 du 3 juin 1966 fixant les conditions d'application de l'article 8 de la loi n° 65-997 du 29 novembre 1965 exonérant de l'impôt sur le revenu des personnes physiques les produits des placements en valeurs mobilières effectués en vertu d'engagements d'épargne à long terme ; 

  • Caroline PORTEU  

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