Les 'No Fake Med' ont-ils empêché le soin ? Plaidoyer pour un retour à la médecine traditionnelle
« L'amour est le gouvernail de notre navire : les sciences n'en sont que la girouette. Un vaisseau peut aller sans girouette, mais il ne peut aller sans gouvernail »
Tribune : La maladie de Lyme et maintenant la crise sanitaire de la COVID voient naître un conflit opposant deux paradigmes, deux écoles de pensée, la médecine traditionnelle, séculaire, telle qu’elle a été envisagée et pratiquée jusqu’alors, et le courant « No Fake Med », médecine dite “moderne” et rationnelle, soi-disant basée sur des « preuves » (Evidence based medicine - EBM).
La réalité reste plus complexe que cette opposition manichéenne. Essayons d’y voir plus clair et tentons de faire poindre une lumière afin d’effacer cette dualité caricaturale.
Je fus hélas, il y a bien des années, proche de la mentalité « No Fake Med », en référence à cette association de lutte contre les médecines non éprouvées, persuadé que la médecine se devait d’être une science rigoureuse, que les maladies devaient être caractérisées, que des algorithmes répertoriant les symptômes, et leur attribuant une cotation précise, permettaient d’asseoir un diagnostic sur et précis, permettant d’allouer automatiquement une thérapeutique dont le bénéfice serait rigoureusement prouvé par de rassurantes études randomisées, exemptes (croyais-je à tort) de tout biais. Je pensais, et je pense encore, que l’on devait protéger le malade de certains courants pseudo-médicaux confinant au charlatanisme, éloignant le patient des prises en charge classiques, notamment dans le cadre de la cancérologie.=
Est-ce si simple ? Cette pensée à force d’extrémisme, ne s’enfoncerait t-elle pas dans le dogme ? Peut t-on mettre l’Etre dans son essence profonde en équation ou dans un tableau Excel ? Ce nouveau paradigme “mathématique” binaire est t-il adapté à l’humain dans toute sa complexité, son histoire, sa psychologie ? Il semble que les médecins de la mouvance “Fake Med”, dans leur extrémisme, se fourvoient.
Rappelons tout d’abord que l’ “Evidence Based Médicine (EBM)” ou médecine basée sur des preuves demeure un triptyque fondée sur l’expérience du médecin, les données scientifiques publiées et le ressenti du malade.
Médecine basée sur des preuves : pourquoi seules les données de la recherche sont t-elles prises en compte par les affiliés « No Fake Med » ? N’oublions pas l’expérience clinique ni les préférences du patient !
(source : Wikipédia)
La médecine ne se résume donc pas seulement à ce qui est formellement prouvé dans la littérature médicale mais doit prendre en compte quoiqu’en pensent les zététiciens amoureux du doute à tout va, un certain degré d’empirisme, l’observation et surtout apporter le “soin” essence de l’Art médical.
L’efficacité de la pénicilline dans le traitement des maladies infectieuses fut d’emblée évidente. Inversement, s’il est nécessaire de disposer d’un grand nombre de patients, donc d’une grande puissance statistique pour démontrer l’efficacité d’une nouvelle chimiothérapie par rapport à une plus ancienne, c’est que la différence d’efficacité est faible.
« Ce qui doit d'abord être démontré ne vaut pas grand-chose »
Friedrich Nietzsche
C’est ce qu’a voulu dire le professeur Raoult «C’est contre-intuitif, mais plus l’échantillon d’un test clinique est faible, plus ses résultats sont significatifs»; le sens de son propos a malheureusement été malhonnêtement dévoyé.
Ajoutons que la corruption règne dans les grands journaux médicaux et que beaucoup d’études sont malheureusement “truquées”.
Ceci a été dénoncé par Richard Horton, éditeur du Lancet :
« The case against science is straightforward : much of the scientific literature, perhaps half, may simply be untrue. Afflicted by studies with small sample sizes, tiny effects, invalid exploratory analyses, and flagrant conflicts of interest, together with an obsession for pursuing fashionable trends of dubious importance, science has taken a turn towards darkness »
« Les arguments contre la science sont simples : une grande partie de la littérature scientifique, sans doute la moitié, pourrait être tout simplement fausse. Affligée d’études avec des échantillons réduits, d’effets infimes, d’analyses préliminaires invalides, et de conflits d’intérêts flagrants, avec l’obsession de suivre les tendances d’importance douteuse à la mode, la science a pris un tournant vers les ténèbres »
L’étrange manière de penser des affiliés “Fake Med” ne s’arrête malheureusement pas aux situations de manque de preuve. Prenons l’exemple édifiant de la maladie de Lyme chronique. De nombreux médecins traitent cette maladie controversée et font l’objet de critiques virulentes. Pourquoi une telle controverse ? Quelles raison poussent certains médecins à prendre le risque de traiter des patients avec des protocoles d’anti-infectieux (antibiotiques et anti-parasitaires) souvent longs et surtout non “validés” ?
* En premier lieu la science :
- la capacité de Borrelia, la bactérie responsable de cette maladie, à survivre à une antibiothérapie prolongée est démontrée par des dizaines d’articles. Les mécanismes de persistance de cette bactérie sont également connus.
- la poly-infection dont sont victimes les patients, à d’autres bactéries, parasites (Babesia) et virus est également abondamment décrite.
* Enfin, et nous touchons au pire, l’observation clinique : lorsque des patients en fauteuil roulant, parfois depuis plusieurs mois voire années remarchent, la sentence des médecins de la mouvance “Fake Med” est sans appel : méprisant l’observation pourtant corrélée à la science, le médecin est un “gourou”, et la guérison est liée au hasard ou à l’effet placebo ; parfois le patient “sort de dépression”, sa maladie étant “dans la tête”. Rappelons que cet effet ne peut rendre compte que d’améliorations modérées de l’état d’un patient, en aucun cas de telles guérisons. Imaginez la souffrance du malade et surtout celle du médecin lorsqu’on dénie cette réalité, ces souffrances, ces efforts de guérison réalisés semaine après semaine, et le succès final ! D’autant que l’Ordre des médecins n’accordera aucune considération au témoignage du patient, à sa guérison, et aura tôt fait d’accuser le médecin d’actes irréguliers et de le sanctionner.
Les Français sont désormais victimes de cette médecine moderne, extérieure, froide, rigide, impersonnelle, dénuée de compassion, de toute volonté de compréhension. L’oubli de l’être de Heidegger... l’oubli du malade.
Regardez donc les échanges dans les réseaux sociaux, en particulier Twitter, dont vous n’imaginez pas la violence. En réponse aux observations cliniques pourtant étayées par maintes publications, vous serez édifiés par l’orgueil du médecin dénégateur qui “sait tout” ; vous ferez l’objet de sarcasme, voire d’insultes (inimaginable de la part d’un médecin), alors que vous ne cherchez qu’à éveiller la curiosité de votre contradicteur. Ce dernier, parfois paradoxalement “zététicien”, ne pourrait t-il pas simplement appliquer sa méthode à lui même, c’est à dire douter, humblement se demander “et si l’autre avait raison”, lire les articles, éventuellement tester, abandonner la lutte des ego afin de penser au patient et envisager des projets de recherche clinique ?
Nous ne souillerons pas cet article par des exemples d’insultes ; nous nous bornerons à remarquer, à titre d’exemple, que le dit réseau « No Fake Med » soutient sans réserve le grossier médecin Damien Barraud réanimateur de Metz insulteur en série (bon ami « Twitter » du mari de la ministre le Docteur Matthias Wargon)… Au lecteur d’aller voir et de se forger son opinion.
Médecine des “No Fake Med”
* Croyance DOGMATIQUE en des études parfois fausses, biaisées et entachées de conflits d’intérêts
* Négation de l’expérience clinique
* Application d'algorithmes
Médecine Traditionnelle
* Soin et soulagement du patient, bienveillance, tolérance, observation clinique
* Médecine orientée par la science publiée
* Empirisme éclairé
Cette médecine n’est pas rationnelle, mais “rationaliste” dans ce qu’il y a de totalitaire, éloignée de la voie moyenne aristotélicienne, confiscatrice du débat contradictoire, surtout ostracisante et dogmatique.
Comprenez donc.
Ce sont ces mêmes médecins, souvent issus de la mouvance “No Fake Med” qui ont violemment sabordé les efforts du professeur Raoult à proposer un médicament efficace dans la Covid (l’hydroxychloroquine), pourvu qu’il soit prescrit précocement, en ambulatoire. Combien de morts évitables ? Là est la question.
« N'aie rien en commun avec le monde ; il est trop savant dans les ignorances et dans les injustices »
Nous revendiquons une médecine traditionnelle fondée en premier lieu sur le soulagement du patient. Si la voie de la médecine moderne peut être qualifiée de "rationaliste", intellectuelle, nous pensons que l'Art médical est avant toute chose intérieur, "cardiaque", et que prime avant tout la relation entre le médecin et son patient, dans tout ce qu'elle peut comporter d'impalpable et subjectif. Comment penser guérir le corps sans guérir l'âme ? Comment diagnostiquer, traiter sans prendre en compte cette foule de paramètres que seules les études observationnelles peuvent décrire et en aucun cas les études randomisées ? Pensez à la pseudo-bataille "gagnée" par les « Fake Med » en 2020, à savoir le déremboursement de l'homéopathie, thérapeutique dont on peut dire qu’elle ne nuit pas au malade quand elle n’est pas exclusive. Loin de jeter la pierre à mes confrères homéopathes, je préfère les assurer du respect que m'inspire leur volonté de ne pas seulement soigner le symptôme mais aussi la cause, et la manière qu'ils ont de ne pas traiter les patients "à la chaîne" dans le règne de la quantité, en prenant au contraire le temps nécessaire à une consultation "humaine" et bienveillante.
Si l’Art médical traditionnel met le malade au centre, il n’en n’est pas moins rationnel, et fait appel à la science. Les algorithmes et recommandations ne constituent alors point une valeur absolue, mais un tuteur, une aide, parfois un « garde fou ».
Pour avoir voulu faire de la médecine une Science à part entière et l’avoir éloignée du malade, pour la première fois, la médecine n’a pas soignée. L’Histoire retiendra que l’Ordre a pourchassé les médecins qui ont tenté de soigner alors que dans le même temps la Légion d’honneur a été décernée aux mouches du coche pérorant sur les plateaux télévision.
Médecins résistants ! Résistons ! Prescrivons dans l’anonymat, à couvert, et pour toujours reliés au serment d’Hippocrate.
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