L’avenir de l’Union européenne, vraiment ? (Partie 2)
Une évolution orwellienne
L’Union européenne, évolution de la Communauté européenne avec le traité de Maastricht de 1992, renvoie une image de vocation impériale avec extension potentielle illimitée. Son obsession du contrôle révèle une dérive totalisante dont l’on devrait légitimement s’inquiéter.
Force est de constater aujourd’hui que toutes les promesses de la construction européenne peinent à convaincre tout esprit un peu critique.
“L’Europe c’est la paix”. Or, l’UE arme l’Ukraine, encourage la guerre et a envoyé à la mort des centaines de milliers d’Ukrainiens, et déploie toute son énergie pour mettre de l’huile sur le feu et éviter la paix, pendant que les dirigeants ukrainiens corrompus achètent des yachts de grande taille et des villas somptueuses sur la Côte d’Azur, à Marbella ou Miami. On se souviendra aussi des déclarations belliqueuses d’Ursula von der Leyen en Israël, en dehors de son champ de compétence. Donc en toute illégalité.
“L’Europe c’est la prospérité” : or les pays de l’UE s’enfoncent dans la crise, le nombre de pauvres augmente, les usines ferment, les agriculteurs sont en grande difficulté, l’inflation gagne et les prix de l’énergie ont explosé, du fait des sanctions contre la Russie et d’une vision idéologique du marché européen de l’électricité.
“L’Europe c’est la transparence” : pourtant, on ne sait toujours pas dans quelles conditions madame von der Leyen aurait négocié en 2021, par SMS, le méga contrat de vaccins anti-Covid (10 doses par habitant européen) avec les sociétés Pfizer et BioNTech pour 35 milliards d’euros, ceci malgré les demandes de citoyens, de députés européens et même de la médiatrice et de la Cour des comptes européennes, la Commission s’étant refusée jusqu’ici à toute communication des pièces. La justice est saisie de cette question dans plusieurs pays et au niveau des juridictions européennes.
Le Parlement européen a été entaché d’une grave affaire de corruption, les enquêteurs ont retrouvé des valises de billets au domicile de sa vice-présidente, qui, après un bref passage en prison, a retrouvé son siège, comme ses acolytes concernés par cette affaire.
On pourrait continuer la litanie….
Un empire totalitaire sous commandement allemand
Certains disent que si l’Europe fonctionne mal c’est parce qu’il n’y a pas assez d’Europe, comme dans l’URSS de Brejnev, on affirmait ne surmonter les échecs du régime que par plus de communisme. L’UE est une nouvelle URSS.
Ce projet de révision des traités aurait donc pour conséquence la disparition des nations européennes au profit d’un empire, plus centralisé que fédéral. Les anciens États membres y auraient moins d’autonomie et de liberté que n’importe quel État fédéré des États-Unis. Un empire sans peuple, car il n’y a pas un, mais des peuples européens, ne peut qu’être un État totalitaire.
Le projet prévoit aussi une armée européenne, tout en restant alignée sur l’OTAN, instrument aux ordres des États-Unis : cette armée pourrait être utilisée pour réprimer des peuples en révolte qui seraient alors considérés comme des séparatistes, des indépendantistes. Concrètement, à quand des unités composées de soldats de pays de l’Est et du Nord, envoyés pour réprimer des révoltes dans le sud de la France ? Ce serait le retour des guerres coloniales, mais sur le territoire européen. Voici un avenir peu réjouissant si l’on regarde les conséquences de ce projet funeste qui, de plus, compte tenu des pays pauvres que l’UE entend intégrer, conduirait les pays contributeurs nets, la France en particulier, à la ruine. Aujourd’hui la France transfère déjà des crédits à l’Ukraine pour rénover ses voies ferrées, alors même que le réseau ferré français est dans un état peu reluisant. Et il ne s’agit que d’un petit exemple au milieu de nombreux autres de même nature.
Cet empire sera sous la direction allemande, comme c’est déjà le cas de l’UE d’aujourd’hui, l’Allemagne entendant continuer à profiter de son hinterland des pays de l’Est. Là aussi, les dirigeants allemands se bercent d’illusion car ils n’inventeront pas l’énergie pas chère dont ils ont besoin et dont ils ont privé leur industrie, en s’alignant sur Washington contre la Russie. Car, in fine, l’Europe sous la direction allemande n’est dans la pratique qu’une colonie des USA. Comme le disait Henry Kissinger, “Être l’ennemi des États-Unis peut être dangereux, mais en être un ami est fatal.”
Ce funeste traité sonnera-t-il la fin peu glorieuse de 1 500 ans d’histoire de la France ?
Et désormais, que va-t-il se passer ?
Fort heureusement, ce projet, qui est en partie une régularisation de l’évolution constatée avec les pratiques habituelles mises en œuvre par la Commission Von der Leyen qui s’est octroyée de nombreux pouvoirs au mépris des traités (voir notre précédent article sur le sujet), n’est pas encore bouclé. Le lancement est tout proche, car le Conseil européen des chefs d’États et de gouvernements s’est réuni les 14 et 15 décembre 2023 : à cette occasion, la révision des traités sera enclenchée, cela ne fait aucun doute. Pour cette révision, la règle de l’unanimité reste en vigueur. L’Estonie s’est déjà prononcée en opposition à ce projet. Il est probable que la Hongrie et peut-être, la Pologne, la Slovaquie la rejoignent. Cependant, ces États membres sont des bénéficiaires nets des subsides européens : on peut facilement imaginer que des opérations de chantage puissent avoir raison de leur opposition. Des oppositions populaires sont prévisibles dans de nombreux États membres, les récents résultats électoraux de partis plus critiques, de droite ou de gauche dans divers pays (Pays-Bas, Slovaquie...) et même en Allemagne, la montée en puissance de l’AFD et celle de Sarah Wagenknecht issue de Die Linke devraient créer des difficultés et au moins retarder cette évolution. Une fois le projet agréé par le Conseil et le Parlement, élu en juin 2024, il reste la ratification par chaque État membre.
Et en France ?
Un tel traité entraînerait des modifications profondes de la loi, voire de la Constitution.
Si le Président le décide, les français seront appelés à décider par référendum. Mais, compte tenu de l’expérience du référendum de 2005 ou les français ont refusé le projet de Constitution européenne à 55 % des voix avec une forte participation malgré le soutien majoritaire de la classe politique et une propagande incessante, il est peu probable qu’Emmanuel Macron, européiste convaincu, choisisse cette option, alors que la solution du Congrès réuni à Versailles serait de nature à l’assurer d’une ratification facile, comme l’avait fait Nicolas Sarkozy en 2007 pour annuler le résultat du référendum de 2005.
L’article 53 de la Constitution n’impose pas le recours au référendum. L’article 11 soumet celui-ci à la seule volonté du Président. À moins que l’on ne considère que l’article 86, traitant de la transformation du statut d’un État membre de la Communauté, soit applicable en l’espèce, bien qu’il ne s’agisse pas ici de la sortie de la Communauté, mais de l’effacement dudit État. Dans un tel cas, le référendum serait obligatoire.
Dans l’immédiat, il est surprenant que les grands médias restent si discrets sur ce thème, alors que les élections pour le Parlement européen sont la prochaine échéance électorale. Il est encore plus surprenant que les partis politiques engagés dans cette consultation, n’abordent pas le sujet, espérant peut-être une forte abstention, ce qui assurera des places de députés aux partis européistes.
L’effacement de la France par ses représentants serait une forfaiture gravissime et un acte de haute trahison.
Olivier Frot est docteur en droit.
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