Référendum : Macron dans les pas de Mitterrand

Auteur(s)
Alain Tranchant, pour FranceSoir
Publié le 21 mai 2021 - 13:36
Image
L'Avis Tranchant d'Alain
Crédits
FS
Référendum : oui ou non ?
FS

Cet article fait suite à "Macron : plébiscite avorté", portant sur le sujet du feu référendum "vert" qu'Emmanuel Macron avait proposé pour le climat, et qui n'aura pas lieu.

TRIBUNE - Sur le sujet du référendum, innovation fondamentale de la Vème République, le "en même temps" n'existe pas. Ou bien on est du côté de chez de Gaulle, ou bien on est du côté de chez Mitterrand. Et quand on situe son action du côté de chez de Gaulle, "le référendum n'est pas un jeu".

C'est ce que Michel Debré, ancien Premier ministre du général de Gaulle, soulignait en son temps dans "Le Monde" du 2 août 1984, alors que François Mitterrand, président de la République, avait conçu le projet d'un "référendum sur le référendum" - c'est-à-dire d'une révision constitutionnelle destinée à étendre le champ d'application du recours au peuple - afin de sortir du piège dans lequel il s'était mis lui-même en relançant la vieille querelle de l'école libre. Mais "ni la réforme d'une Constitution ni l'appel au peuple n'ont pour objet de permettre à l'exécutif de se tirer d'un mauvais pas, ou de détourner l'attention de la nation en lui proposant de statuer à côté de la question principale. Institution fondamentale, on ne joue pas avec le référendum populaire", écrivait Michel Debré.

Le référendum "vert" de M. Macron n'est évidemment pas sans analogie avec le "référendum" de 1984... qui n'eut jamais lieu. M. Mitterrand n'entendait recourir au pays que sur un texte référendaire préalablement approuvé par ses opposants au Parlement, avant de le soumettre au peuple français sans courir le risque d'un désaveu. Le subterfuge n'était que trop évident et, en 1984, le Sénat - déjà ! - avait refusé de s'associer à la manœuvre purement politicienne engagée par l'hôte de l'Élysée.

Dans cet article du journal "Le Monde", Michel Debré se référait à l'article 11 de la Constitution pour affirmer que "le recours au référendum est une prérogative de l'exécutif et nommément du président de la République. Il repose sur l'idée que, sur un sujet d'une particulière gravité, le peuple est appelé à trancher au lieu et place du Parlement". Il insistait ensuite sur "le sérieux de la procédure, conçu à un niveau particulièrement élevé par le général de Gaulle : si une réponse positive sert l'autorité du président et la renforce, une réponse négative équivaut à un désaveu tel que le maintien en fonction est hors de question". L'approbation référendaire est ainsi "l'expression d'un assentiment à un homme et à une politique".

Il en découle que le recours au référendum ne peut être envisagé que "pour un sujet grave, donc justifiant un engagement personnel du président de la République, pour que le référendum soit largement compris et provoque un élan, dans un sens ou dans l'autre". La conclusion de Michel Debré, à l'été 1984, qualifie parfaitement la situation de notre pays en ce printemps 2021 : "Le vote négatif du Sénat ne touche pas le principe du référendum ni sa nécessité pour de graves affaires. Il vise une application particulièrement tortueuse et incertaine".

"Tortueuse" : "Qui manque de loyauté, de franchise", explicite le dictionnaire. On ne saurait mieux dire, en effet...

 

Alain Tranchant est président fondateur de l'Association pour un référendum sur la loi électorale

À LIRE AUSSI

Image
L'Avis Tranchant d'Alain
Macron : le plébiscite avorté
TRIBUNE - Dans le domaine politique et institutionnel, c'était l'information du week-end, et elle est donnée par Le Journal du Dimanche : "ce n'est pas encore officiel...
12 mai 2021 - 13:54
Opinions
Image
Des membres de la Convention citoyenne pour le climat arrivent à l'Elysée le 29 juin 2020 à Paris
Environnement : Emmanuel Macron élu « roi des boulets » du climat
Le président obtient le Prix spécial du jury de l’élection des Boulets du climat organisée par Greenpeace France. Et dire qu’Emmanuel Macron n’était à l’origine même ...
26 janvier 2021 - 14:28
Société
Image
L'Assemblée nationale a validé samedi la création du délit d'"écocide", parmi les dernières mesures du projet de loi climat
Climat : la rue mobilisée, incertitudes sur un référendum
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche pour réclamer au pouvoir plus d'ambition écologique, au moment même où la promesse présidentielle d'un réf...
09 mai 2021 - 13:28
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.