Aide aux victimes : la dissolution annoncée d'une structure dédiée suscite la colère

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Par AFP
Publié le 16 juin 2017 - 21:08
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La secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes, Juliette Méadel, le 8 février 2017 à Paris
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
L'ancienne secrétaire d'Etat à l'Aide aux victimes, Juliette Méadel, lors d'une conférence de presse dans la cour de l'Elysée, le 8 février 2017
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A peine installé à la fin du quinquennat Hollande, le Secrétariat général de l'aide aux victimes, structure visant à améliorer la prise en charge dans un contexte de menace terroriste, va être dissous au nom de l'efficacité, suscitant la colère des associations.

Cette structure, tournée vers la coordination interministérielle et la communication, avait été créée en février à l'initiative de l'ex secrétaire d’État à l'Aide aux victimes Juliette Méadel, qui en avait fait la clé de voûte de son action. Mais son sort, né du constat de carences des services publics après les attentats du 13 novembre 2015, a été scellé par le changement de gouvernement.

"Un secrétariat d’État, vous pouvez décider de ne pas le nommer. Mais une administration qui existe, qui est installée, avec une feuille de route, pour la détruire, c'est juridiquement et politiquement plus difficile", affirmait en février Mme Méadel à l'AFP.

Sa prédiction s'est vérifiée: après la victoire d'Emmanuel Macron, son portefeuille a fait les frais du gouvernement resserré d’Édouard Philippe.

Mais pour le Secrétariat général de l'aide aux victimes (Sgav), son argumentaire n'a pas fonctionné: jeudi, l'entourage du garde des Sceaux François Bayrou, désormais en charge de ce dossier, a annoncé sa fusion prochaine avec un service rattaché à la Justice, le Service de l'accès au droit et à la justice et de l'aide aux victimes (Sadjav).

"On cumule les forces au lieu de les diviser, il ne s'agit en aucun cas d'une minoration", a affirmé la Chancellerie, ajoutant que l'objectif est de créer un "guichet unique".

Mais l'explication passe mal auprès des associations de victimes.

"C'est inacceptable", s'emporte Patricia Correia, mère de Precilia, décédée dans l'attentat jihadiste au Bataclan le 13 novembre 2015. "Nous les victimes avons besoin de soutien, les attentats sont des horreurs (...) Il est essentiel que cette mission soit poursuivie", écrit-elle à l'AFP.

Depuis 2015, la France a été frappée par une vague d'attentats sans précédent qui ont fait 239 morts et des centaines de blessés.

"Le Secrétariat général, c'était justement le guichet unique", un endroit où les victimes peuvent être aidées dans leurs différentes démarches administratives (santé, justice, impôts, etc.), vitupère de son côté Caroline Langlade, présidente de l'association Life for Paris, créée après le 13 novembre 2015 (130 morts).

Ce guichet unique était réclamé par les victimes et leurs proches après les carences des services publics qui avaient été constatées après les pires attentats jamais commis en France: décès annoncés sur Twitter, morgues surchargées, parcours de prise en charge complexes et mal expliqués...

- 'C'est très choquant' -

Le Sgav, qui était à l'origine rattaché à Matignon, avait de par sa dimension interministérielle la main sur toutes les problématiques que rencontrent les victimes: santé, logement, emploi, social, etc. "Cela fonctionnait bien. Il fallait juste leur donner les moyens financiers et humains pour bosser", souligne Caroline Langlade.

Sa fusion dans une autre structure, qui dépend du ministère de la Justice, relève du "retour au Moyen-Age de l'aide aux victimes", quand celles-ci étaient renvoyées de ministères en collectivités au gré de leurs besoins, peste une source proche du dossier.

Nier la "dimension pluridisciplinaire" des victimes d'actes de terrorisme est un "recul" de leur protection, abonde le député LR Georges Fenech, quand son collègue PS Sébastien Pietrasanta soupçonne, lui, l'exécutif de "marcher sur la tête".

Une commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015 et 2016, que le premier présidait et dont le second était rapporteur, avait justement recommandé la création d'une "administration dédiée" à l'aide aux victimes.

"On détricote ce qui avait été construit précédemment. C'est un retour à l'état antérieur, qui avait prouvé sa complète inefficacité. C'est très choquant", regrette Georges Salines, le président de l'association "13 novembre: fraternité et vérité".

Dans un contexte de menace terroriste qui reste très élevé, selon les autorités, le "détricotage" inquiète toutes les associations de victimes.

Le service rattaché au ministère de la Justice "n'est pas en mesure de faire face à un crise majeure", juge Françoise Rudetzki, la fondatrice de l'association SOS attentats. "Il va falloir des mois avant qu'il ne soit opérationnel. Qu'est-ce qui va se passer d'ici là?" s'interroge-t-elle.

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