Bataille de Mossoul : comment la France sous-traite l'élimination des djihadistes français aux forces irakiennes
L'article du Wall Street Journal a fait l'effet d'une bombe. Selon ce très sérieux journal américain, la France fait appel à l’armée irakienne pour éliminer les djihadistes francophones –des Français, mais aussi des Belges- combattant dans les rangs de Daech à Mossoul.
Le journal américain affirme que les forces spéciales françaises ont fourni au contre-terrorisme irakien une liste de 27 noms de djihadistes français, accompagnée de photos pour cinq d'entre eux. À charge aux militaires et policiers irakiens du contreterrorisme de les "neutraliser".
Un nombre, pour l’heure inconnu, de ressortissants français ont été tués par l’artillerie et les forces terrestres irakiennes, assure au journal des sources irakiennes, grâce à des coordonnées et d’autres informations transmises par les Français.
Selon les mêmes sources, des officiers français en uniformes irakiens récolteraient de l'ADN sur des cadres djihadistes pour s'assurer de l'identité des cibles. Une information qui pose question. En effet, les forces spéciales françaises n'ont, théoriquement, pas le droit de porter un autre uniforme que celui de l'armée française au vu des lois de la guerre. Seuls les membres du Service Action de la DGCE disposent de cette prérogative.
Autre questionnement, celui du volet judiciaire de ce qui peut apparaitre comme des exécutions extrajudiciaires. En effet, une partie des djihadistes français connus comme opérant dans la wilayat Ninive à Mossoul ont déjà un dossier instruit par la justice française. "Cela pose beaucoup de problèmes car on est dans une zone de flou judiciaire, dans une zone de guerre. Les familles des djihadistes pourraient très bien demander des comptes à l’État français", expliquait sur le plateau de France 24 Wassim Nasr, journaliste spécialisé dans le djihadisme. Ainsi, "la seule fois où la France a communiqué (au sujet de l'élimination ciblé des combattants français de l'EI, NDLR), elle a expliqué avoir tué un djihadiste français qui se trouvait dans un entrepôt d’armes, mais il n’était pas lui-même visé".
Du côté du ministère de la Défense, on assure que même si Daech n'est pas un état à proprement parlé, ces capacités militaires sont celle d'un Etat. Tout Français qui porterait les armes pour l'EI en zone irako-syrienne seraient alors traité comme "un combattant". Il ne devient justiciable que lors de son retour en France.
Dans l'article du Wall Street Journal, un haut responsable irakien conclut: "Les Français préfèrent s'en occuper ici, parce qu’ils ne veulent pas avoir à le faire chez eux en France".
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