"Cabinet noir" dénoncé par Fillon : le parquet financier n'enquêtera pas
Le parquet national financier n'enquêtera pas sur les soupçons de "cabinet noir" dénoncés par le camp Fillon après la parution du livre "Bienvenue Place Beauvau", selon un courrier du procureur consulté jeudi par l'AFP.
Les affirmations du livre "sont trop imprécises et manquent trop d'étai pour pouvoir justifier l'ouverture d'une enquête préliminaire", explique Éliane Houlette, le procureur à la tête du parquet national financier (PNF), dans ce courrier en date du 3 avril révélé par L'Express.
Six responsables des Républicains, le parti du candidat de la droite à la présidentielle François Fillon, avaient saisi le 27 mars le procureur de Paris, François Molins, et le procureur national financier.
Bruno Retailleau et Christian Jacob, chefs de file des sénateurs et députés LR, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et Luc Chatel, porte-parole de François Fillon, dénonçaient des "infractions" (corruption, trafic d'influence, atteinte à la vie privée ou encore abus d'autorité) commises, selon eux, par l'exécutif et pointées du doigt dans le livre "Bienvenue Place Beauvau".
Avec également Nathalie Kosciusko-Morizet et Philippe Bas, ils demandaient à la justice de donner "les suites" qu'ils jugeaient "utiles" à leurs allégations.
François Fillon avait affirmé s'être inspiré des "bonnes feuilles" de "Bienvenue Place Beauvau" publiées dans la presse pour accuser François Hollande d'être à la tête d'un "cabinet noir" et d'organiser des fuites dans la presse sur ses affaires judiciaires. Le chef de l'Etat avait dénoncé des "allégations mensongères".
"On s'étonne que le PNF puisse reconnaître à la fois qu'il pourrait effectivement s'agir d'infractions pénales et que celles-ci ne donnent pas lieu à enquête préliminaire faute d'être assez étayées", a réagi une source proche de François Fillon.
"L'enquête préliminaire n'est-elle pas justement destinée a réunir les éléments nécessaires pour vérifier la matérialité des faits quand elle n'est pas certaine? Et la gravité exceptionnelle de telles infractions n'est-elle pas de nature à justifier ces vérifications?", a ajouté cette source.
Le procureur de Paris François Molins a également répondu dans un courrier, en date du 4 avril, à ces responsables LR, soulignant que certains faits évoqués dans l'ouvrage faisaient déjà l'objet d'une information judiciaire, a-t-on appris d'une source proche du dossier.
Ainsi, des juges d'instruction mènent notamment des investigations sur les méthodes des policiers de l'office antidrogue (Ocrtis) en marge de la saisie record de cannabis à Paris en octobre 2015, un épisode abordé dans le livre.
Une autre information judiciaire a été ouverte le 3 avril par le parquet de Paris après la plainte déposée par Valérie Pécresse, dénonçant "une tentative de déstabilisation politique" de la part de l'exécutif et de son ancien adversaire PS Claude Bartolone, après la fuite dans la presse de l'arrestation de son fils en possession de cannabis.
Les autres extraits signalés par les responsables LR au parquet de Paris "reposent sur des informations trop floues et trop imprécises pour permettre de diligenter une enquête pénale", relève François Molins, d'après la source proche du dossier.
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