Centenaire : dernière commémoration pour François Hollande au Chemin des Dames, à une semaine du premier tour de la présidentielle

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Par AFP
Publié le 16 avril 2017 - 06:59
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Le président François Hollande (d) lors d'une cérémonie réintégrant 28 tirailleurs sénégalais dans l
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© GEOFFROY VAN DER HASSELT / POOL/AFP
François Hollande a répondu à l'une de ses dernières obligations en tant que président de la République dimanche matin, à la cérémonie du centenaire de la bataille du Chemin des Dames.
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En pleine campagne présidentielle, François Hollande a appelé à préserver "l'Europe unie", en venant commémorer dimanche ce qu'il a appelé "l'enfer" de la bataille du Chemin des Dames, l'un des épisodes de la Première Guerre mondiale les plus occultés de la mémoire collective, il y a tout juste cent ans.

"Aujourd'hui que l'Europe a su nous prémunir de la guerre et des conflits, préservons-là plutôt que d'en faire le bouc-émissaire de nos renoncements", a déclaré le chef de l'Etat devant la chapelle du mémorial de Cerny-en-Laonnois (Aisne).

Alors que plusieurs candidats à l'élection présidentielle évoquent une sortie de l'Union européenne, il a rappelé que "l'Histoire bégaie quand le nationalisme ressurgit avec d'autres traits", incitant à "défendre" "l'Europe Unie" et à "repenser aux institutions et aux actes qui ont garanti la paix depuis 70 ans" notamment "le couple franco-allemand qu'il nous faut encore rapprocher et chérir".

Aux côtés de l'ambassadeur d'Allemagne, Nikolaus Meyer-Landrut, le chef de l'Etat, dont un grand-père servit comme sergent dans l'infanterie au Chemin des Dames, s'est recueilli sous un soleil voilé au cimetière allemand qui rassemble les restes de plus de 7.500 soldats, après avoir remonté seul l'allée centrale de la nécropole nationale où reposent 5.150 soldats français.

Grave et émouvante, la cérémonie officielle - la dernière grande commémoration du quinquennat - a été rythmée par des chants et des lettres de soldats, français mais aussi allemands, lus par des jeunes et l'acteur André Dussolier. "Il y a un siècle le Chemin des Dames fut un enfer, un parcours d'effroi et de souffrances", c'est "aujourd'hui un symbole de paix et de rassemblement", a souligné encore François Hollande, appelant à "la réconciliation de toutes les mémoires".

En début de matinée, le chef de l'Etat s'était rendu sur le Plateau de Californie, un des lieux emblématiques de la bataille situé à quelques kilomètres du village martyr de Craonne (prononcer: Cranne), accompagné de l'ex-Premier ministre Lionel Jospin, du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et du président du département Nicolas Fricoteaux (UDI).

"Votre présence est un aboutissement mais aussi une rupture car ce lieu a été marginalisé dans l'Histoire de France", lui a glissé Nicolas Offenstadt, historien associé aux commémorations, tout en affirmant que la venue de Lionel Jospin en 1998 avait contribué à créer "un regain d'intérêt" pour cette bataille longtemps reléguée dans l'ombre.

L'ex-Premier ministre fut le premier à réhabiliter les mutins, jugeant qu'ils devaient "réintégrer aujourd'hui, pleinement, notre mémoire collective nationale". "Il ne s'agit plus de juger, mais de rassembler", a estimé à son tour François Hollande, rappelant que les hommes fusillés "voulaient défendre leur patrie, comme les autres".

Pour la première fois lors d'une cérémonie officielle, un choeur composé d'une cinquantaine de choristes dont des collégiens a entonné au son de l'accordéon la "Chanson de Craonne", hymne censuré par le commandement militaire et interdite jusqu'en 1974 : "Adieu la vie/Adieu l'amour/Adieu toutes les femmes/(...) C'est à Craonne, sur le plateau/qu'on doit laisser sa peau/car nous sommes tous condamnés/C'est nous les sacrifiés!"

- Après le fiasco, les mutineries -

2.500 invités et 1.300 particuliers ont assisté à cette cérémonie officielle.

Uniforme allemand sur le dos, Florian Vilmin, 33 ans, de l'association "Les francs-tireurs lorrains", était ému par cette cérémonie "symbolique" : "Dans cette guerre, mes ancêtres se sont battus les uns contre les autres, certains étaient du côté français, d'autres du côté allemand."

C'était la première fois qu'un chef d'Etat venait commémorer cette bataille qui a engendré des pertes colossales dans les deux camps : 187.000 vies côté français, dont de nombreux tirailleurs sénégalais, et 163.000 côté allemand.

La journée devait se clore par un moment de recueillement lors d'une grande veillée du souvenir dans plus de 280 communes de l'Aisne dont Craonnelle où se trouve une nécropole nationale.

L'offensive du général Nivelle, lancée le 16 avril 1917, censée être rapide et décisive grâce aux tout premiers chars de combats, tourna au fiasco. Les combats dureront finalement jusqu'au 25 octobre 1917. Une fronde naquit à l'arrière, touchant entre 30.000 et 40.000 hommes, qui déboucheront sur des mutineries et 26 hommes furent fusillés pour l'exemple.

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