Chahutée chez elle, Theresa May rend visite à Emmanuel Macron en pleine gloire

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Par AFP
Publié le 12 juin 2017 - 18:24
Mis à jour le 13 juin 2017 - 20:20
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Montage photo de la Première ministre britannique Theresa May à Londres, le 9 juin 2012, et du prési
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© Justin TALLIS, Eric FEFERBERG / AFP/Archives
Montage photo de la Première ministre britannique Theresa May à Londres, le 9 juin 2012, et du président français Emmanuel Macron le 7 mars 2017 à Paris
© Justin TALLIS, Eric FEFERBERG / AFP/Archives

Theresa May, Première ministre britannique en pleine tourmente après des élections ratées qui vont l'obliger à négocier le Brexit en position de faiblesse, doit rencontrer mardi à Paris Emmanuel Macron, à l'inverse dopé par une large victoire annoncée à l'Assemblée française.

La presse britannique ironisait lundi sur cette rencontre à quelques jours de l'ouverture des négociations officielles sur les conditions de divorce de la Grande-Bretagne et de l'Union européenne: "Nous avons désormais un leadership fort et stable. Mais en France, pas en Grande-Bretagne", écrit le Financial Times lundi.

"Vu la lancée sur laquelle est Macron", abonde le politologue britannique Colin Talbot, "il n'a pas à rendre de services (à Mme May), il est en telle position de force..."

Les deux responsables doivent s'entretenir en fin de journée à l'Elysée, participer à une courte conférence de presse avant un "dîner de travail", puis assister au Stade de France à une rencontre amicale de football France-Angleterre.

A cette occasion, alors que le protocole prévoit normalement que le "God save the Queen" soit entonné avant la Marseillaise, cet ordre sera inversé. Comme les Britanniques l'avaient fait au stade de Wembley après les attentats parisiens de novembre 2015.

May et Macron "pourraient aborder certains aspects du Brexit mais leur principal sujet sera la lutte contre le terrorisme", déjà discuté lors de leur précédente rencontre au G7 fin mai, selon le porte-parole de Downing Street.

Mme May "cherche certainement à renforcer sa posture" avec ce voyage à Paris, analyse le politologue Colin Talbot. "Aller à l'étranger dans son habit de Premier ministre, discuter avec le président français, se montrer incontournable sur la scène internationale, c'est un coup classique pour asseoir son autorité", ajoute le professeur à l'Université de Manchester.

La Première ministre jouait son avenir en début de semaine auprès des députés de son Parti conservateur, furieux de son revers aux législatives de jeudi qui la contraint à chercher un accord avec le parti nord-irlandais DUP. Fortement affaiblie par la perte de sa majorité absolue au Parlement, elle a défié les appels à la démission.

- 'mélasse' -

Pour autant, "il est clair pour tout le monde" que Mme May "est désormais une morte-vivante", affirme à l'AFP François Heisbourg, de l'International Institute for strategic studies à Londres.

Et le Brexit risque d'être le plat de résistance de son dîner de travail à l'Elysée, le président français, pro-européen affirmé, ayant déjà annoncé la couleur lors leur première discussion bilatérale en marge du G7.

Certains Britanniques peuvent "fantasmer que la configuration May faible/Macron fort nous évite un Brexit dur, analyse le Financial Times. "Mais c'est peu probable. Le président français a peu de raison d'aider les Britanniques à se sortir de leur mélasse. Au contraire, pour Macron, le Brexit ressemble de plus en plus à une opportunité historique, plutôt qu'à une source de regrets".

Dans ce timing, si Mme May vient à Paris, plutôt qu'à Berlin par exemple, c'est bien parce que "Macron ressemble de plus en plus au vrai leader de l'Europe", juge auprès de l'AFP Russell Foster, chercheur au King's College de Londres. "Macron est tout frais, tout neuf. Il est jeune, énergique...", ajoute ce spécialiste des questions européennes.

De fait, le triomphe de la stratégie électorale du tout nouveau président, 39 ans, semble insolente au regard de la fragilité de Mme May, 60 ans. Un mois après son entrée à l'Elysée, le centriste semble bien parti pour s'assurer une majorité écrasante dimanche prochain au second tour des législatives.

Après seulement un an d'existence, le mouvement présidentiel, la République en marche (REM), a dynamité les partis traditionnels de gauche et de droite. Les projections de siège lui donnent, avec son allié centriste du Modem, une très large majorité absolue, entre 400 et 455 des 577 sièges.

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