Des tensions entre Hollande et Macron malgré les dénégations
Emmanuel Macron ne veut plus entendre parler de sa relation avec le président de la République. "Certaines et certains voudraient utiliser le moindre mot, la moindre initiative pour fragiliser le président de la République", a déclaré le ministre de l'Economie ce vendredi 22 à des journalistes en marge d'un déplacement à Varsovie, en Pologne.
"Qu'on commente, qu'on observe mais de grâce qu'on n'affaiblisse pas le président de la République, qu'on ne m'utilise pas pour l'attaquer, c'est indigne", a-t-il insisté en dénonçant des comportements "insupportables".
Si Emmanuel Macron tente de sauver les apparences, les tensions entre les deux hommes se succèdent depuis plusieurs semaines. François Hollande avait d'ailleurs profité de son intervention télévisée, le 14 avril, pour rappeler à son ancien conseiller qu'il était toujours "sous son autorité". Une petite phrase qui n'est pas sans rappeler, bien qu'aseptisée à la hollandaise, celle envoyée en 2004 par le président Jacques Chirac à son ministre de l'Economie d'alors, Nicolas Sarkozy: "je décide, il exécute".
Pour autant, ce rappel à l'ordre du président de la République semble avoir eu un effet inverse à celui escompté. A plusieurs reprises, sur des sujets comme l'ISF, le port du voile à l'université ou la crise des réfugiés, Emmanuel Macron n'a pas hésité à s'opposer frontalement à la politique du gouvernement, allant jusqu'à expliqué au journal belge Le Soir, que son mouvement En Marche! nourrissait "un projet présidentiel".
Si bien que Jean-Yves Le Diran, fidèle grognard du président, s'est senti obligé de tancer son jeune collègue. "La seule remarque que je pourrais faire, puisque je suis presque le doyen de ce Conseil des ministres, avec mon expérience, c'est que la vie politique et en particulier lorsqu'on est membre d'un gouvernement, c'est un peu comme au football: il faut jouer collectif sinon on ne gagne pas", avait expliqué le ministre de la Défense sur France Info.
Dans une interview accordée aux journaux du groupe Ebra (dont Le Dauphiné Libéré ou L’Est Républicain) parue ce vendredi, le ministre de l’Economie a marqué une nouvelle fois son indépendance. Il y assure ne pas être l’"obligé" de François Hollande, tout en lui étant "loyal sur le plan personnel". "J’ai une loyauté personnelle envers François Hollande. Je lui dois de m’avoir fait confiance et de m’avoir nommé au gouvernement. En même temps, lorsqu’un président nomme quelqu’un ministre, il le fait parce qu’il pense que c’est bon pour son pays, pas pour en faire son obligé".
"Il va devoir s'expliquer" sur ces propos, a estimé devant des journalistes le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, hollandiste de la première heure.
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