Elu par la gauche, gouvernant à droite : Macron condamné à changer ?
En retrait, et même planqué, Emmanuel Macron a décidé de prendre les problèmes à bras-le-corps et de descendre dans l'arène médiatique pour défendre son action. La grève à la SNCF, la grogne des fonctionnaires et la mobilisation des lycéens et étudiants: le président devra répondre sur tous ces sujets jeudi 12 au 13h de TF1 et dimanche 15 au soir sur BFMTV.
Emmanuel Macron rechignait pourtant à descendre de l'Aventin sur lequel il s'était réfugié pour apparaître au-dessus de la mêlée. Il n'y avait que des coups à prendre en s'attaquant aux puissants cheminots, le chef de l'Etat avait donc décidé, contrairement à son habitude, de laisser Edouard Philippe en première ligne. Gagneur mais pas joueur, le président.
Sauf que le blitzkrieg a échoué et les contre-feux allumés pour tenter de circonscrire l'incendie médiatique (réforme des institutions, déminage du ras-le-bol fiscal avec la "correction" de la CSG...) n'ont pas détourné l'attention. Les Français ont beau ne pas soutenir la grève des cheminots, c'est au gouvernement qu'ils réclament de la modération et de lâcher du lest selon un sondage publié jeudi 5 par Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro.
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Autre preuve de la profonde modification de la perception de l'action du président par l'opinion: son parti, LREM, est désormais perçu comme "de droite" par 50% des Français. Soit 17% de plus qu'en mars 2017. L'exercice du pouvoir, avec les réformes du code du travail, la suppression de l'ISF, les lois sur les migrants ou la hausse de la CSG notamment est passé par là.
Problème: Emmanuel Macron a été élu avec des voix de gauche essentiellement. Preuve en est l'effondrement du PS, qui perd 8 millions de voix entre le premier tour de 2012 (source ministère de l'Intérieur) et celui de 2017 (source ministère), alors que LR n'en perd que 2,5 tandis que Mélenchon et le FN gagnent "seulement", respectivement, 3,1 et 1,25 millions de voix. Le tout avec un nombre similaire de votes exprimés (35,88 millions en 2012 contre 36,06 en 2017).
Un constat qui est partagé par l'exécutif, dont un "visiteur du soir" du président, cité par Le Monde, dit: "Il ne faut pas oublier le résultat de la présidentielle. (...) Notre socle, c’est la gauche réformiste, ce n’est pas la droite, il ne faut pas l’oublier".
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Or l'action "de gauche", sociale, d'Emmanuel Macron est tout aussi limitée qu'inaudible pour les Français. Si tout un chacun est concerné par l'impact de la grève SNCF ou a bien à l'esprit la hausse de la CSG et la suppression de l'ISF, serinée par l'extrême gauche, rares sont ceux qui peuvent citer la revalorisation des minima sociaux, pourtant bien réelle, par exemple pour le minimum vieillesse. Quant à la suppression de la taxe d'habitation, mesure phare du président pour redonner du pouvoir d'achat aux Français, elle ne se fera sentir qu'en fin d'année...
Si jusqu'ici Emmanuel Macron est passé à travers les gouttes, les Français restant dans une position attentiste, prêts à "payer pour voir", il semble qu'ils se soient désormais fait une idée. Le président auquel 57% des sondés faisaient confiance pour "résoudre les problèmes" du pays en juin 2017, ne compte désormais plus que 40% de regards bienveillants, selon le dernier baromètre politique Kantar Sofres pour Le Figaro Magazine.
Autre indice de cette "envie de gauche" qui semble transparaître des sondages, dans ce même baromètre politique estampillé Figaro: sept des dix personnalités dont les sondés souhaitent qu'ils ou elles "jouent un rôle plus important" à l'avenir sont écologistes, socialistes ou insoumis (voir page 15 de l'enquête, intégrée ci-dessous). Et les trois autres ne sont pas non plus estampillées très à droite puisqu'il s'agit du modéré de LR Alain Juppé (4e), de l'ancienne sportive devenue ministre Laura Flessel (6e) et de François Bayrou (10e).
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