François Hollande dimanche sur le Chemin des Dames pour le centenaire d'une offensive douloureuse

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Par AFP
Publié le 15 avril 2017 - 11:57
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François Hollande dépose une couronne de fleurs lors de sa visite du cimetière militaire de Cerny-en
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© FRANCOIS NASCIMBENI / POOL/AFP/Archives
François Hollande dépose une couronne de fleurs lors de sa visite du cimetière militaire de Cerny-en-Laonnois, près du Chemin des Dames, dans le nord de la France, le 10 juillet 2016.
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Le président François Hollande participera dimanche au centenaire de l'offensive du Chemin des Dames du 16 avril 1917, une bataille longtemps négligée par la mémoire officielle car symbolique des errements sanglants de l'état-major français.

C'est la première fois qu'un chef de l'Etat participe aux commémorations de ce chapitre meurtrier de la Grande Guerre qui fit en un mois quelque 100.000 morts côté français et fut à l'origine de mutineries dans l'armée.

Pour François Hollande, la bataille revêt un caractère particulier, son grand-père Gustave, alors sergent dans l'infanterie, ayant participé à l'assaut.

"Ce centenaire doit permettre de réintégrer pleinement dans la mémoire nationale de la Grande Guerre celle du Chemin des Dames, trop longtemps marginalisée et dans l’ombre de Verdun, de la Somme et de la Marne", selon le secrétariat d'Etat chargé des anciens combattants et de la Mémoire.

"Il n'y a aucun grand monument national sur le Chemin des Dames, rien de comparable à Verdun, il y a un grand silence dans l'historiographie et c'est aussi le cas pour le reste : dans les manuels scolaires, dans les discours", souligne l'historien Nicolas Offenstadt, associé aux commémorations et coordinateur de l'édition d'un ouvrage "Le Chemin des Dames, de l'événement à la mémoire".

L'offensive du Chemin des Dames - du nom d’une route empruntée jadis par les filles du roi Louis XV à environ 50 km au nord-ouest de Reims- fut déclenchée par le général Nivelle qui venait de succéder à Joffre au poste de commandant en chef des armées.

Mobilisant un million de combattants français, l'attaque était censée mettre fin à la guerre de tranchées grâce à une percée dans les lignes allemandes stabilisées autour du Chemin des Dames depuis fin 1914.

Mais lorsque les premières vagues s'élancent, les hommes se fracassent sur une forte résistance, que n'avait pas réussi à entamer une préparation d'artillerie pourtant intense depuis le 2 avril.

- 'Fusillés pour l'exemple' -

Les conditions météo exécrables (pluie et neige) achèvent de transformer l'offensive en calvaire pour les soldats. En une semaine 40.000 poilus, dont de nombreux tirailleurs sénégalais, sont tués.

L'aide des chars, engagés pour la première fois côté français, n'y changera rien. Nivelle s'obstine, suspend l'assaut pour le reprendre début mai. Sans succès. Le 15 mai, il est remercié et remplacé par Philippe Pétain.

Le fiasco allait provoquer une déception à la hauteur de l'espoir qu'avait suscité l'offensive, et les soldats, harassés par trois années de guerre, épuisés par des conditions de vie déplorables, déclenchent une vague de mutineries, qui furent durement sanctionnées, avec des exécutions, pour l'exemple.

Loin de Verdun, symbole de résistance héroïque, cette bataille apparaissait comme un épisode douloureux plus difficile à honorer.

Le Chemin des Dames, c'est "un échec d'une offensive française qui a conduit à des mutineries colossales. Pour la mémoire collective, ça fait beaucoup", résume M. Offenstadt.

Dans ce contexte, le discours du Premier ministre socialiste Lionel Jospin en 1998 a fait date : il a donné pour la première fois toute leur place dans l'histoire du premier conflit mondial, et rendu hommage, malgré les polémiques, aux "fusillés pour l'exemple".

"Que ces soldats (...) réintègrent aujourd'hui, pleinement, notre mémoire collective nationale", avait-il déclaré.

M. Jospin doit accompagner François Hollande pour les cérémonies de dimanche au cours desquelles doit notamment être interprétée "la chanson de Craonne" (du nom d'un village local qui se trouvait au coeur de la bataille), un chant pacifiste que les mutins de 1917 entonnaient.

Le président de la République se rendra sur les sites marquants de la bataille, comme la "Caverne du Dragon", ancienne carrière transformée en caserne souterraine pendant les combats - désormais aménagée en musée.

Il doit également se recueillir aux côtés de l'ambassadeur d'Allemagne, Nikolaus Meyer-Landrut, dans le cimetière militaire allemand de Cerny-en-Laonnois (Aisne), avant de se rendre à la nécropole nationale qui abrite les restes des soldats français morts dans les combats, où il présidera la cérémonie officielle du centenaire.

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