Jean-Yves Le Drian : combattre Daech "jusqu'à l'éradication totale"
L'armée française est très présente à l'étranger mais le terrorisme frappe davantage en Europe. Certains suggèrent de rapatrier les troupes.
"Ce serait la solution de la lâcheté. Ce serait dire qu'aujourd'hui, on peut laisser en toute impunité Daech organiser à Raqqa (capitale du califat autoproclamé de l'Etat islamique, Syrie) ou à Mossoul (Irak) la formation de combattants qui viendraient commettre des attentats".
"Daech a commencé à nous combattre bien avant la formation de la coalition. Mehdi Nemmouche a attaqué le musée juif de Bruxelles en mai 2014. Daech a la volonté de nous combattre sur le territoire du Levant (Syrie et Irak). Le califat a une vocation hégémonique mondiale et organise le terrorisme pour déstabiliser les démocraties".
Faut-il pour autant être présent sur tous les fronts?
"Il faut être sur tous les fronts pour éradiquer Daech dans ses fondamentaux. Aujourd'hui au Levant, Daech recule".
"Il faut pousser l'action de la coalition jusqu'à l'éradication totale, il faut aller jusqu'au bout de la démarche. Il faut les combattre jusqu'à la victoire. Ils ont perdu un peu plus 25% de leur territoire et des villes importantes comme Ramadi (Irak) ou Sinjar (Kurdistan irakien)".
"Ces combats doivent se poursuivre à Mossoul à Raqqa. On élimine aussi le creuset de formation de terroristes qui se trouve principalement à Raqqa".
Peut-on tuer le fanatisme?
"Je ne fais pas une guerre de religion. Je suis ministre de la Défense. Je dois assurer la sécurité des Français à l'extérieur en bonne entente avec ce que fait Bernard Cazeneuve à l'intérieur. Il y a un ennemi qui s'appelle Daech qu'il faut combattre et nous mettons tous les moyens en œuvre".
Toujours pas de troupes au sol
"L'action de la coalition est claire. Nous appuyons les forces irakiennes et kurdes par des interventions aériennes et les forces au sol récupèrent le territoire. Nous formons aussi les force irakiennes et kurdes. En Syrie, Daech recule aussi. A Palmyre il y a des combats auxquels participent les Russes. C'est une bonne nouvelle".
Les Russes ont réduit leur présence militaire
"Il y a encore beaucoup de forces russes en Syrie. Ils ont réduit leur présence de manière significative et surtout ils frappent systématiquement Daech, ce que nous leur demandions depuis longtemps".
La situation el Libye où la force Sophia ne peut encore agir dans les eaux territoriales
"L'urgence en Libye c'est la mise en œuvre d'un gouvernement d'union nationale. Nous en sommes proches mais il faut que ceux qui ont de l'influence œuvrent pour que le gouvernement de Monsieur al-Sarraj s'installe à Tripoli".
"A ce moment , il va agir pour contrer les trois dangers majeurs: lutter contre Daech, éviter le trafic de migrants et le trafic d'armes. Il faut éviter que le trafic de migrants ne renforce financièrement Daech. Ils sont des centaines de milliers à attendre sur les côtes libyennes".
"Il faut donner à la force Sofia les moyens juridiques pour endiguer (le trafic de migrants)"
Les 10.000 hommes de l'opération Sentinelle suffiront-ils pour assurer la sécurité durant l'Euro?
"La mission de Sentinelle c'est d'abord de dissuader, de rassurer, de protéger et d'intervenir. Les soldats déployés permettent cela, ils sont très déterminés. On a réussi à faire en sorte que la COP21 se déroule dans les meilleures conditions. Le but de Daech est de déstabiliser la vie démocratique, l'Euro doit avoir lieu".
Faut-il craindre un attentat à l'arme chimique?
"On peut avoir des soupçons sur l'utilisation d'agents chimiques en Syrie. Sur le territoire européen, c'est plus compliqué car le transfert et le transport d'agents chimiques est difficile. Il faut néanmoins être vigilant".
François Hollande est présenté comme hésitant sur bien des sujets, sauf sur la guerre.
"Je ne vois pas deux François Hollande. C'est un président de la République courageux à l'extérieur et à l'intérieur. On l'a vu avec la loi Travail. Cela fait 30 ans qu'on dit qu'il faut que les lignes bougent".
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