Législatives françaises : "capharnaüm" dans la circonscription de l'ex-Premier ministre Valls

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Par AFP
Publié le 05 juin 2017 - 15:42
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Manuel Valls à Evry le 29 janvier 2017
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© Eric FEFERBERG / AFP/Archives
Manuel Valls à Evry le 29 janvier 2017
© Eric FEFERBERG / AFP/Archives

Un chanteur, un provocateur et 19 autres candidats au profil hétéroclite mènent campagne contre l'ex-Premier ministre socialiste Manuel Valls, casting le plus surprenant des élections législatives prévues en France les 11 et 18 juin.

"Cirque", "capharnaüm", "grand n'importe quoi"... les électeurs de cette circonscription d'Essonne, territoire populaire et cosmopolite du sud de Paris, rivalisent de qualificatifs sur cette affiche électorale.

Et pour certains, c'est l'ancien chef du gouvernement de François Hollande le premier responsable. Il "paie plein pot l'échec du quinquennat" ainsi que l'"hystérisation du débat politique" à laquelle il a participé ces dernières années, affirme par exemple Michel Nouaille, candidat communiste.

Parmi les candidats, figurent un fantasque chanteur de variétés et un humoriste agitateur plusieurs fois condamné pour antisémitisme associé à un jeune homme célèbre pour avoir giflé Valls. "Bienvenue en absurdie", résume un hebdomadaire.

"Pense à moi comme je t'aime", chante Francis Lalanne, dans un de ses titres les plus connus. Mais cette fois, le compositeur-interprète, cheveux longs et cuissardes, change de registre: suppléant d'un candidat écologiste, il veut porter "une alternative citoyenne à la politique politicienne" incarnée par M. Valls et se défend de toute candidature "loufoque".

Le comique Dieudonné MBala MBala est lui aussi venu pour l'ancien Premier ministre. Pour faire "face à celui qui a voulu me faire taire, celui qui a voulu me détruire, moi et ma famille", explique-t-il dans une vidéo.

Humoriste apprécié avant que ses dérapages antisémites ne lui valent plusieurs condamnations, celui que tout le monde appelle Dieudonné avait vu ses spectacles interdits par l'ancien Premier ministre.

Il a choisi comme suppléant un militant identitaire breton, Nolan Lapie, qui avait donné une claque à M. Valls lors d'un déplacement, écopant au passage d'une peine de prison avec sursis.

Sur les affiches de Dieudonné placardées à Evry, Corbeil ou Courcouronnes, les grandes villes de la circonscription, le jeune homme au visage lunaire porte ce geste en étendard: il se présente comme "le gifleur de Manuel Valls".

Pour l'ex-chef du gouvernement, ces candidatures sont "un manque de respect vis-à-vis des électeurs", comme il l'a dit au quotidien Le Parisien.

Ses rivaux l'analysent au contraire comme un juste retour des choses, en raison de sa personnalité et du bilan de son gouvernement.

- 'Les gens sont paumés' -

"Il y a une volonté chez beaucoup de se faire Valls", résume M. Nouaille.

L'homme politique de 54 ans, connu pour ses coups de sang et son caractère intransigeant, mène d'ailleurs campagne en cavalier seul: "la République en Marche" (LREM) du nouveau président Emmanuel Macron, lui a refusé son investiture, tout comme le Parti socialiste, sa formation d'origine.

Sa présence et les réactions exacerbées qu'elle suscite ne sont pas le seul ingrédient de confusion: le nombre des candidats (22, soit 8 de plus que la moyenne nationale), et leurs positionnements politiques flous compliquent la donne.

"Les gens sont paumés, ils n'y voient plus clair", reconnait pour l'AFP Jean-Luc Raymond, l'un des quatre candidats a revendiquer la bannière de la majorité présidentielle - alors que REM a choisi de n'investir aucun candidat.

A droite, les Républicains (LR) avouent mener une campagne difficile pour "remobiliser les électeurs" après la défaite cinglante du candidat de leur parti, François Fillon, au premier tour de la présidentielle, dans un climat de soupçons et d'affaires.

Au niveau local comme au niveau national, ils peinent à clarifier leur ligne politique face au centrisme incarné par le nouveau président de la République. "Beaucoup d'électeurs ont envie de croire en Macron, on a tous envie d'y croire d'ailleurs", confie leur propre candidate locale, Caroline Varin.

A gauche, le message n'est pas beaucoup plus clair.

Deux listes se réclament de la dynamique du candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, qui a fait de bons scores dans l'Essonne: d'un côté, Farida Amrani, officiellement investie, de l'autre M. Nouaille, soutenu par les écologistes et par celui qui a porté les couleurs socialistes à la présidentielle, Benoît Hamon.

Donnée au coude à coude avec M. Valls dans un sondage, Farida Amrani se veut confiante: "les gens voient bien que 22 candidatures, ça peut être un boulevard pour Manuel Valls, du coup ils vont se recentrer sur ceux qui ont un programme crédible pour l'emporter".

"On veut se tourner vers l'avenir", dit-elle. Son but: voir "s'effondrer le vieux monde" politique qu'incarne à ses yeux l'ex-Premier ministre.

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