Marine Le Pen à Ajaccio : la salle du meeting évacuée après des bagarres

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Par AFP
Publié le 08 avril 2017 - 17:03
Mis à jour le 09 avril 2017 - 10:04
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Les militants du FN brandissent des drapeaux à Monswiller, le 5 avril 2017
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© Sebastien Bozon / AFP
Les militants du FN brandissent des drapeaux à Monswiller, le 5 avril 2017
© Sebastien Bozon / AFP

Marine Le Pen, venue séduire l'électorat corse à Ajaccio, a rendu samedi "responsable" le préfet de Corse des troubles survenus dans son meeting, provoqués par des militants nationalistes qui s'étaient infiltrés à l'insu du service d'ordre FN.

Deux groupes ont voulu protester samedi contre la réunion publique de Marine Le Pen. Le premier, une cinquantaine de personnes répondant à l'appel d'un collectif anti-fasciste a manifesté jusqu'au Palais des Congrès où Marine Le Pen réunissait ses troupes.

Le second, 20 à 30 jeunes indépendantistes, s'y est infiltré à l'insu du FN. Le service d'ordre frontiste l'ayant repéré, il a pris la "responsabilité", selon le préfet de Corse Bernard Schmeltz, de les évacuer.

Après des échanges de coups, le cri d'un jeune "a Francia fora" ("la France dehors", en langue corse) et du gaz lacrymogène répandu, la salle a été évacuée. Le discours a été déplacé dans un grand hall du Palais des congrès.

De nouveaux heurts ont éclaté après le meeting, avec des échanges de coups entre manifestants et militants frontistes mais aussi avec les forces de l'ordre. Un jeune a été interpellé.

"Le préfet est responsable de cette situation", a accusé Mme Le Pen, car il aurait "escorté ces militants violents jusqu'à la porte de mon meeting où ils se sont introduits et ont frappé des gens".

"Aucun dysfonctionnement n’a été constaté dans la mise en œuvre du dispositif policier" à l'extérieur tandis que le FN avait la charge de la sécurité à l'intérieur du bâtiment, a souligné le préfet, dissociant les deux groupes.

Le groupe corse Ghjuventu Indipendentista a revendiqué l'action à l'intérieur de la salle, "ne pouvant accepter" ce "discours marqué du sceau de la haine et de l'anticorsisme primaire".

Les deux dirigeants nationalistes de l'île, le président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni et celui du conseil exécutif Gilles Simeoni ont apporté leur soutien aux militants.

En 1992 et 1994, déjà, Jean-Marie Le Pen, à qui il était reproché d'avoir "demandé la peine de mort pour les prisonniers politiques corses", avait été empêché d'atterrir ou de s'exprimer.

- Hymne corse -

En une heure de discours, Marine Le Pen n'avait pourtant pas ménagé sa peine pour séduire l'électorat de l'île qui l'avait placée en 2e position en 2012 avec 24,4% des voix.

Les symboles, tout d'abord: la jacobine présidente du FN a accompagné les habituels drapeaux tricolores d'un drapeau corse. Avant la traditionnelle Marseillaise de fin de meeting, c'est aussi l'hymne corse, le "Dio vi salvi Regina", qui a été bredouillé par la patronne du FN et des dirigeants du parti.

"Vous êtes Corses, mais vous êtes Français, soyez les deux en même temps!" a exhorté Mme Le Pen, vantant les "apports" corses à "notre pays, la France".

Si elle arrive à l’Élysée début mai, il n'y aura "plus aucun match de football nulle part en France le 5 mai pour que la nation se souvienne du drame de Furiani" où une tribune s'était effondrée en 1992, faisant 18 morts et plus de 2.300 blessés lors d'une demi-finale de la Coupe de France. Les matches de foot sont déjà interdits tous les samedis 5 mai.

- Béton et immigration -

Sans aller jusqu'à soutenir la co-officialité du corse au côté du français, Marine Le Pen a promis qu'elle serait "soucieuse" de la "belle langue corse", au contraire de l'UE qui "ne défend pas les langues enracinées mais les langues minoritaires, ici la langue arabe et non le corse".

Évoquant les Corses "détenus sur le continent", elle a plaidé pour leur placement "dans des établissements corses".

Marine Le Pen s'en est aussi pris à la "spéculation" immobilière et au "béton": "Je veux que la Corse reste impétueusement sauvage", a-t-elle dit, assurant défendre le "droit des Corses à vivre en Corse".

Elle s'en est pris à l'immigration, "peut-être plus importante encore ici qu'ailleurs", faisant référence à la violente altercation pendant l'été 2016 à Sisco (Haute-Corse) entre des familles maghrébines installées sur la plage et des villageois, ou au guet-apens tendu à des pompiers le soir du 24 Décembre 2015 à Ajaccio.

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