Marine Le Pen et le Vel d'Hiv : la presse s'interroge sur ses réelles intentions

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Par AFP
Publié le 11 avril 2017 - 07:32
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Marine Le Pen s'est attirée un volée de critiques après avoir déclaré que "la France n'est pas respo
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Marine Le Pen s'est attirée un volée de critiques après avoir déclaré que "la France n'est pas responsable du Vel d'Hiv". Photographie du 10 avril 2017 à Paris
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Après la polémique lancée par la déclaration de Marine Le Pen dimanche, en disant que "la France n'est pas responsable du Vel d'Hiv", la presse s'interroge sur ses réelles intentions: était-ce un dérapage ou un calcul ?

La candidate FN à la présidentielle s'est attirée une volée de critiques, alors qu'elle était interrogée sur la rafle et la décision du président Jacques Chirac de reconnaître en juillet 1995 la responsabilité de la France.

Dans Le Figaro, Guillaume Tabard trouve la polémique "inutile et décalée" estimant que "Marine Le Pen n’a fait que reprendre la vulgate gaulliste, maintenue après le général par Pompidou, Giscard et Mitterrand". "Après tant d’efforts pour corriger l’image de son parti et se démarquer des propos de son père, était-il si judicieux d’accepter d’aller sur ce terrain de la Seconde Guerre mondiale sachant que, même par amalgame, cela ranimerait les anciens soupçons sur son parti ?", s'interroge toutefois l'éditorialiste du quotidien conservateur.

Pour Le Parisien/Aujourd'hui en France "La campagne de Marine Le Pen patine et dérape".

Dans La Croix, Guillaume Goubert juge que le propos de la candidate frontiste "constitue, au sens strict, une régression" et évoque un "refus d’examen de conscience historique – qui fut aussi celui de son père". "Reconnaître que des Français ont fauté, c’est en réalité se donner la liberté d’affirmer que d’autres ont fait honneur à l’humanité et à leur pays", assène-t-il.

"Marine Le Pen n'est pas Charles de Gaulle, dont Jacques Chirac incarne l'héritage beaucoup mieux qu'elle", rappelle Le Monde dans son éditorial qui affirme que la fille de Jean-Marie Le Pen se fonde non "pas sur un +refus de la repentance+, mais sur le refus de reconnaître une vérité indispensable au processus historique national".

- 'Un coup de fouet à sa campagne' -

De son côté dans Le Midi Libre, Jean-Michel Servant fait partie de ceux qui croient que la candidate en panne a voulu "donner un coup de fouet à sa campagne" en se faisant "passer pour une victime et incarner l’héritière du Gaullisme". Et de dénoncer "une manipulation grossière de l’Histoire qui, depuis longtemps, alimente les fantasmes de l’extrême droite française. Une sorte d’ADN maurrassien dont elle ne se débarrassera jamais".

"Convoquer les mannes du +général+ est loin d’avoir dissipé le trouble que son propos suggère chez ses propres partisans", pense également Jean-Louis Hervois de La Charente Libre qui ajoute que "ce réflexe naturel et quasi atavique renvoie Le Pen à ses origines, celle d’une extrême droite toujours prête à flirter avec l’antisémitisme et les révisionnistes".

"La prise de position de Marine Le Pen a replacé le projecteur sur les propos de son père qui n'a jamais voulu condamner l'attitude de Pétain", souligne Patrice Chabanet (Le Journal de la Haute-Marne) qui note avec un brin d'agacement que "L'Histoire est déjà difficile à écrire, et plus encore à réécrire".

"Ce qui pourrait n’être qu’une grosse bourde de fin de campagne est perçu comme une provocation piètrement calculée, un coup d’aiguillon mal ajusté", commente Denis Daumin (La Nouvelle République du Centre) qui suppose que "la dédiabolisation du FN n’était donc qu’une illusion, son ordonnatrice prospérant derrière ce paravent grossier se serait elle-même démasquée".

"Marine Le Pen, pour tenter de gagner quelques points, a remis les pieds sur un terrain malsain, considérant sans doute qu'une provocation ne lui nuirait pas", analyse Bernard Stéphan dans La Montagne Centre France.

Se demandant lui aussi "quelle mouche a donc piqué Marine Le Pen", Jean-Michel Helvig dans La République des Pyrénées n'a pas tranché: "Certains diront que, comme le scorpion de la fable, c’est sa +vraie nature+ qui a repris le dessus; d’autres plaideront la fatigue d’une longue campagne", conclut-il.

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