Présidentielle 2017 : le casse-tête du temps de parole et de la clarté entre 11 candidats
La campagne officielle ne débute légalement que le 9 avril. Pourtant lors du débat télévisé qui sera organisé ce mardi 4 et diffusé conjointement sur BFMTV et CNews, c'est une règle de stricte égalité de temps de parole et de réunion de tous les candidats qui a été adoptée. Un choix qui va à l'encontre de l'option qui avait été préférée par TF1 le 20 mars. La première chaîne avait uniquement convié les cinq "principaux" candidats dans un souci de clarté et pour permettre à ceux qui ont le plus de chances de se retrouver au second tour de dévoiler leur programme. Malgré quelques longueurs, et des échanges dont on retiendra surtout les petites phrases, les observateurs avaient jugé que la tenue du débat était satisfaisante et fluide.
Ce pourrait ne pas être le cas de ce premier grand débat avec tous les participants du premier tour qui se tiendra le 23 avril. Pourtant, les "règles du jeu" sont claires et bien calibrées pour éviter la confusion. Des thèmes bien définis, des temps de parole millimétrés, et pour chacun une brève introduction et une conclusion sur le thème "comment rassembler les Français". L'organisation a été pensée pour que ce moment ne vire pas au pugilat, et n'échappe pas aux deux présentatrices Ruth Elkrief et Laurence Ferrari.
Pourtant, malgré ce cadrage, il y a des risques pour que le débat soit inaudible. Sans remettre en cause la règle exigeant que chaque candidat dispose d'un temps de parole égal, le nombre de concurrent va fortement diluer le temps de parole de chacun des débatteurs. En comptant l'introduction et la conclusion, chacun ne parlera en tout et pour tout que 17 minutes. Un peu court sans doute pour exposer clairement son programme, alors que sur TF1 les cinq candidats avaient parlé environ 30 minutes chacun. Et cette parole réduite ne va pas impacter l'impression de longueur de ce débat, qui devrait durer environ… 3 heures et 30 minutes.
Ce grand débat risque donc de pousser les candidats au programme les plus fournis à devoir être très rapides sur les points qui seront abordés ce soir (l'emploi, la protection des Français et le modèle social), et d'inciter les "petits" candidats à briller en lançant de critiques assassines à l'encontre de ceux qui ont une vraie chance de se qualifier au second tour, brouillant un peu plus le message.
Une critique similaire à ce qui avait déjà eu lieu lors des précédents débats de cette campagne. Ainsi, lors des primaires, on a retenu les interventions remarquées (largement à base de critiques, parfois sur un ton humoristique ou mordant) de Jean-Frédéric Poisson (pour la primaire de la droite) ou de Jean-Luc Bennahmias (pour la Belle alliance populaire), sans que cela n'influe d'ailleurs sur les scores des deux candidats (bien que Jean-Frédéric Poisson ne finira pas dernier et dépassera Jean-François Copé).
Et si c'est Jean-Luc Mélenchon qui a été perçu comme relativement brillant lors du débat du 20 mars, c'est sans doute plus pour ses remarques acerbes, comme celle sur "la pudeur de gazelle" des échanges par rapport aux "affaires", que sur son programme. Ce qui n'a pas empêché ses sondages de grimper après le 20 mars et de le donner aujourd'hui clairement devant Benoît Hamon, son rival à gauche.
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