Primaire à gauche : un PS irréconciliable voué au naufrage ?
Le défi est immense. Au lendemain de la victoire de Benoît Hamon, arrivé en tête devant Manuel Valls au premier tour de la primaire de la Belle alliance populaire, dimanche 22, une question est déjà sur toutes les lèvres: comment rassembler un parti miné par les divisions depuis les premières heures du quinquennat de François Hollande? Il en va ni plus ni moins de la survie du PS.
Au-delà de l'opposition de style, le duel entre Benoît Hamon le frondeur et Manuel Valls le légitimiste est surtout l'affrontement de deux lignes politiques. Economie, laïcité, sécurité, protection sociale... Sur l'essentiel, les deux anciens ministres représentent des forces profondément ancrées au sein du Parti socialiste et radicalement différentes.
Et si François Hollande a su pendant plus de dix ans, notamment au lendemain du 21 avril 2002, tenir les deux bouts de l'élastique en tant que premier secrétaire du PS, tout le monde n'a pas sa capacité de synthèse.
Manuel Valls est ainsi perçu comme un autoritaire et est taxé de libéralisme; Benoît Hamon, qui a bâti sa carrière sur les réseaux du MJS, n'est guère pris au sérieux par les grands barons socialistes qui voient en lui un idéaliste. Le premier est pourtant le dernier héraut de la social-démocratie, tandis que le second a pris, avec sa victoire de dimanche, la tête du camp se réclamant l'héritier de la "vraie gauche".
S'ils se sont engagés à se ranger sagement derrière le vainqueur dimanche prochain, feront-ils campagne? Et qu'en sera-t-il de leurs troupes? Enfin, les trois mois restant avant la présidentielle suffiront-ils à faire émerger une synthèse, celle-là même qu'a échoué à réaliser pendant cinq ans un François Hollande pourtant si habile dans cet exercice?
D'autant que les grandes manœuvres ont déjà commencé. Peu connus mais influents, comme Jean-Pierre Mignard, ou poids lourds nationaux comme Ségolène Royal et même Jean-Marc Ayrault: une partie du camp légitimiste a déjà rallié Emmanuel Macron ou envisage fortement de le faire. Des dizaines de députés socialistes seraient également prêts à franchir le Rubicond dès le soir du second tour. Pour certains si c'est Valls qui l'emporte, pour d'autres quoi qu'il arrive. Un chiffon rouge qu'a d'ailleurs largement agité le camp de l'ex-Premier ministre ces dernières semaines.
Ce serait ainsi ni plus ni moins que l'implosion du parti de la rue de Solférino. Une hypothèse qui n'est pas à écarter non plus dans le cas -très improbable à ce stade- où Manuel Valls l'emporterait au second tour de la primaire. Après avoir agité la majorité pendant le quinquennat, comment les frondeurs pourraient eux aussi s'assagir? Ne seront-ils de toute façon poussés vers la sortie en n'étant pas réinvestis?
Les investitures justement. Alors qu'elles doivent permettre au candidat désigné par son camp de former une future majorité solide et un maillage serré en vue de la campagne présidentielle, ce sera pour le PS cette année rien d'autre qu'une nouvelle épine dans le pied. Face à une déroute annoncée, la bataille sera féroce pour les quelques sièges considérés comme sûrs. Et fera forcément des mécontents qui seront autant de nouveaux candidats au départ que ne manquera pas de draguer Macron. Un ancien ministre de l'Economie qui vise les 577 candidats aux législatives, pour autant de batailles face au PS.
Et si Solférino est un appareil capable de se mettre en mode "survie" jusqu'à la présidentielle, une déroute électorale pourrait avoir raison de lui. Scission, refondation lors du prochain congrès, lent naufrage à l'image de ce qui est advenu au PCF... Il est peut-être déjà trop tard pour la clarification que le parti fuit depuis des années, des décennies.
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