Remaniement du gouvernement : pourquoi les nouveaux secrétaires d'Etat n'ont pas encore de fonction précise ?
Ils ne sont pas les "stars" du remaniement –ce sont surtout ceux qui devaient accompagner les trois ministres remplaçant Bayrou, Goulard et de Sarnez qui étaient les plus attendus– mais ils sont pourtant ceux qui, politiquement, ont la nomination la plus lourde de sens. Outre les remplacements aux ministères de la Cohésion des territoires, de la Justice, de la Défense et de l'Agriculture (via un jeu de chaise musicale dans ce dernier cas avec l'ancien titulaire Jacques Mézard), pas moins de six secrétaires d'Etat et d'une ministre déléguée ont été promus.
Or, outre la très faible notoriété de ces supplétifs dans l'opinion publique, la principale caractéristique de ces nouveaux membres du gouvernement réside dans la nature de leur attribution. Alors que les secrétaires d'Etat ont en principe un portefeuille précis, sous la tutelle d'un ministre, ces nouveaux secrétaires d'Etat ont comme lien un ministre précis, sans fonction encore clairement attribuée. Jacqueline Gourault est ainsi ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, Jean-Baptiste Lemoyne est "rattaché" au ministre des Affaires étrangères, Julien Denormandie est rattaché au ministre de la Cohésion des territoires, Geneviève Darrieussecq est rattachée au ministre des Armées, Benjamin Grivaux est secrétaire d'Etat aurpès du ministre del'Economie, quand à Bruno Poirson et Sébastien Lecornu, ils sont secrétaires d'Etat auprès du ministre de l'Ecologie.
Plusieurs indices rendent ces nominations troublantes. Primo, les premiers secrétaires d'Etat qui avaient été nommés dans la foulée de la victoire à la présidentielle, eux, ont précisément une attribution (Mounir Mahjoubi au numérique, Christophe Castaner aux relations avec le Parlement, Marlène Schiappa à l'égalité hommes-femmes et Sophie Cluzel aux personnes handicapées). Secundo, le profil de plusieurs nouveaux secrétaires d'Etat fait ressortir quelques "fidèles" d'Emmanuel Macron, notamment Benjamin Grivaux, ou Julien Denormandie, 39 et 36 ans décrits comme étant des "Macron boy". Tertio, le profil des ministres qui se voient adjoindre un nouveau membre du gouvernement. Florence Parly, Jacques Mézard, Nicolas Hulot, Bruno Le Maire et Jean-Yves Le Drian partage en effet un point commun. Ils sont tous issus de formations politiques qui ne sont à l'origine ni La République en Marche, ni le MoDem, et sont des "prises de guerre" qui ont rallié Emmanuel Macron dans le sillage de son succès. De là à envisager que le nouveau locataire de l'Elysée cherche à contrôler ses "'alliés"? Les attributions précises de ces nouveaux membres du gouvernement devraient éclairer sur les intentions rélles de ce remaniement plus large (et plus flou) que prévu.
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