Attentat en Turquie : Daech pointé du doigt par les autorités
Au lendemain de l'attentat sanglant qui a frappé l'aéroport Atatürk d'Istanbul mardi 28 et qui a fait au moins 41 morts et 239 blessés, les autorités turques semblent privilégier une attaque de l'organisation terroriste Etat islamique (Daech), bien qu'aucune revendication n'ait encore été adressée.
"Les indices pointent Daech", a souligné dans la nuit le Premier ministre, Binali Yildirim, le visage grave, devant la presse sur les lieux de l’attaque.
C'est essentiellement le mode opératoire des terroristes qui amène à évoquer cette piste. Trois assaillants ont mitraillé des passagers ainsi que des policiers en faction, une fusillade a éclaté puis les kamikazes se sont fait sauter, un scénario rappelant les attentats djihadistes ayant ensanglanté Paris en novembre dernier (130 morts).
L’attaque de l’aéroport d’Istanbul, par son ampleur, sa cible et son mode opératoire, se distingue toutefois de celles précédemment attribuées au groupe djihadiste. La Turquie a longtemps entretenu une position ambigüe face à l'Etat islamique suivant la doctrine de "zéro ennemi à nos frontières", laissant passer les djihadistes européens qui rejoignaient le groupe en Irak et en Syrie par ses frontières. Des proches du gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdigan sont également accusés d'avoir livré des armes aux combattants de Daech.
Toutefois, les autorités d'Ankara ont, sous la pression internationale, durci leur position depuis plus d'un an contre l'Etat islamique, qui riposte en menant des attentats contre les intérêts turcs. L'attaque de mardi pourrait être une nouvelle vengeance des djihadistes qui perdent également du terrain en Syrie et en Irak et ont besoin de redorer leur blason auprès des candidats au djihad par des actions spectaculaires.
Une autre piste pourrait être celle des séparatistes kurdes qui découle de la reprise du conflit entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), autonomiste, et Ankara. Il pourrait s'agir d'une riposte aux opérations militaires menées depuis des mois par l'armée et la police turque dans plusieurs villes du sud-est à majorité kurde de la Turquie dont les dirigeants du PKK avaient demandé "l'autonomie". Des interventions d'une grande violence qui ont coûté la vie à plusieurs centaines de Kurdes, aussi bien civils que militants armés. Toutefois, cette piste semble a exclure car les attentats des séparatistes kurdres visent essentiellement la police et l'armée kurde et tendent à limiter au maximum le nombre de morts civils.
A l’issue d’une réunion de crise, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a vivement condamné un attentat qui visait, selon lui, à "déstabiliser la Turquie en faisant couler le sang des innocents". Il a également lancé un appel à la communauté internationale: "j’espère vivement que l’attaque visant l’aéroport Atatürk sera un tournant, une charnière, pour la lutte commune à mener, avec en tête les pays occidentaux, sur toute la planète contre les organisations terroristes".
Les attentats à Istanbul avaient déjà fait 12 victimes en janvier, quatre en mars et 11 début juin. L'aéroport d'Istanbul est considéré comme l'un des plus sécurisés d'Europe.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.