Aux Jeux Olympiques de Pékin, risque de piratage de données sous couvert de sécurité sanitaire
Les Jeux Olympiques d'hiver 2022 viennent de s’ouvrir ce vendredi 4 février à Pékin, et les alertes sur des excès de surveillance et de contrôle n’ont pas tardé à faire le tour des médias internationaux. Sous prétexte de préserver la sécurité et la santé des participants aux Jeux Olympiques, une série de mesures strictes et de contraintes sont imposées aux sportifs de haut niveau. Le FBI recommande aux athlètes olympiques de ne pas s'équiper de leurs smartphones habituels et d'emmener plutôt des téléphones prépayés ou jetables pour éviter tout type de "cyberactivités malveillantes".
Une application mobile dédiée, cheval de Troie de la Chine
Une application mobile est obligatoire pour tous les participants aux Jeux Olympiques de Pékin. Les athlètes, les accompagnateurs officiels et les médias, peuvent l’utiliser pour télécharger leurs plans de voyage, de transport, les détails de leur passeport et des informations sur leur santé telles que la température corporelle, les symptômes respiratoires et les traitements, tous les jours pendant les deux semaines précédant leur voyage. Selon un rapport des chercheurs en cybersécurité du Citizen Lab de l'université de Toronto, cette application contient des failles de sécurité qui pourraient permettre à un pirate informatique de voler facilement des informations personnelles sensibles. L'application, appelée “My2022”, est à l'origine destinée à surveiller la santé des participants aux JO et à suivre les contacts en cas de tests positifs au Covid-19, permet aussi le partage d'informations, avec des outils de traduction, ce qui est potentiellement pratique pour les participants internationaux. Mais, à cause des failles de sécurité, n’importe qui peut accéder à un point d'accès Wi-Fi pour dérober le détail des conversations des utilisateurs de cette application. De son côté, le comité olympique de Pékin a déclaré dans un communiqué que le rapport du Citizen Lab "manquait de faits et de preuves", et que des mesures supplémentaires pour garantir la sécurité des informations seraient prises. L'organisateur des Jeux de Pékin a également déclaré que le Comité international olympique avait mené deux évaluations indépendantes de la cybersécurité de l'application et n'avait trouvé aucune faille majeure.
Les États-Unis, le Canada, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne mettent en garde leurs citoyens contre la surveillance numérique à Pekin
Le FBI a exhorté tous les athlètes à garder leurs téléphones portables personnels chez eux, et à utiliser un téléphone temporaire pendant leur participation aux jeux. Ce conseil a aussi été partagé par les comités nationaux olympiques de certains pays occidentaux. Le FBI a ajouté qu'il était important que les participants aux jeux soient "vigilants et maintiennent de bonnes pratiques de gestion de leurs réseaux et environnements numériques". Les États-Unis suivent de près le risque de piratage des appareils personnels auxquels sont confrontés habituellement les responsables du contre-espionnage, ainsi que les membres des entreprises et des universités, qui se rendent en Chine. Le FBI a ouvert plus de 2 000 enquêtes de contre-espionnage sur les efforts présumés de Pékin pour voler des informations technologiques américaines, selon le directeur du FBI, Chris Wray.
La Chine est à la pointe des technologies de surveillance
Ces craintes de cyberespionnage viennent s’ajouter aux révélations sur les nouvelles technologies de surveillance chinoises. La BBC a dévoilé en décembre dernier une nouvelle technologie permettant la surveillance personnalisée de groupes ciblés par l’État, comme les journalistes. La Chine a mis en place un état permanent de techno-surveillance avancé à l'intérieur de ses frontières, couvert de caméras, de reconnaissance faciale et d'autres technologies de pointe.
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