Birmanie : Aung San Suu Kyi assimile les Rohingyas à des "terroristes" et met son prix Nobel en danger
Aung San Suu Kyi, dirigeante de facto de la Birmanie depuis les élections libres de 2015 qui l'ont placée au pouvoir, est au cœur d'une polémique d'ampleur internationale. Depuis plus d'un an, une pétition a été mise en ligne pour que lui soit retiré son prix Nobel acquis en 1991 pour "sa lutte non-violente pour la démocratie et les droits de l'Homme", à cause de son silence assourdissant face au massacre des Rohingyas, minorité musulmane de son pays.
Mais tout récemment, cette pétition, qui approchait ce jeudi 7 au matin les 370.000 soutiens, est revenue au premier plan car Aung San Suu Kyi a enfin pris la parole à ce sujet. Mais pas pour dire ce que le peuple musulman de Birmanie espérait.
Mercredi 6, elle a eu un échange téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui dénonçait le "génocide" dans l'Etat Rakhine, au nord-ouest du pays, où les Rohingyas sont persécutés. Les combats entre rebelles musulmans et forces birmanes ont fait depuis le 25 août au moins 400 morts, presque tous musulmans.
Mais Aung San Suu Kyi lui a rétorqué la compassion internationale à l'égard des musulmans Rohingyas est le résultat d'un "énorme iceberg de désinformation créé pour générer des problèmes entre les différentes communautés et promouvoir les intérêts des terroristes". Qualifiant donc les Rohingyas de "terroristes".
Les réactions après cette déclaration ont fusé. Déjà, lundi 4, la jeune prix Nobel de la paix Malala Yousafzai avait critiqué Aung San Suu Kyi pour sa gestion du cas des Rohingyas, prenant la tête des protestations internationales.
Mardi 5, dans The Guardian, la réaction de l'éditorialiste George Monbiot a également fait du bruit. Il a notamment déclaré: "Je crois que le Comité Nobel devrait pouvoir déchoir les lauréats de leur récompense si ces derniers trahissent les principes pour lesquels ils ont été célébrés".
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