Enquête Trump-Russie : l'ex-conseiller Flynn prêt à parler mais en échange de l'immunité

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Par AFP
Publié le 31 mars 2017 - 05:13
Mis à jour le 01 avril 2017 - 00:00
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Donald Trump avec son ex-conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, à Palm Beach en Floride
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© JIM WATSON / AFP/Archives
Donald Trump avec son ex-conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, à Palm Beach en Floride le 21 décembre 2016
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L'ancien conseiller de Donald Trump Michael Flynn veut bien parler aux enquêteurs de l'affaire russe mais voudrait d'abord obtenir l'immunité, ce que les élus ne semblent pas pressés de lui accorder.

C'est l'offre qu'a soumise, à la police fédérale (FBI) ainsi qu'aux deux commissions d'enquête de la Chambre des représentants et du Sénat, celui qui a été forcé de démissionner en février pour avoir menti au vice-président sur ses contacts avec l'ambassadeur russe aux Etats-Unis.

Mais selon la chaîne NBC, qui cite vendredi une source anonyme au Congrès, l'avocat de Michael Flynn se serait vu répondre que l'option de l'immunité n'est pour le moment "pas sur la table".

"C'est un geste grave de la part d'un conseiller à la sécurité nationale de demander l'immunité. Beaucoup de travail reste à faire avant même d'envisager (l'accorder)", a renchéri Adam Schiff, le chef de file des démocrates à la commission du Renseignement de la Chambre des représentants.

M. Schiff précise qu'il va cependant en "discuter" avec ses homologues du Sénat et le département de la Justice.

Selon l'avocat de cet ancien général, Robert Kelner, M. Flynn "a assurément une histoire à raconter et il veut vraiment la raconter, si toutefois les circonstances le permettent", a-t-il écrit dans un communiqué.

- Rien à craindre -

"Par respect pour les commissions" d'enquête au Congrès, a-t-il précisé, "nous ne commenterons pas les détails des discussions" entre l'ancien conseiller et celles-ci.

Quelle est la substance des révélations dont l'ex-conseiller souhaite se délester? Et surtout, celles-ci sont-elles de nature à faire trembler le président Trump?

Les parlementaires et le FBI s'intéressent actuellement à l'ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016, et notamment à une éventuelle collusion entre l'entourage de Donald Trump et des responsables russes, démenties par le milliardaire.

Celle du FBI tente notamment d'établir "s'il y a eu coordination" entre l'équipe de campagne de Donald Trump et les "efforts russes" d'interférer dans la présidentielle, a confirmé la semaine dernière son directeur, James Comey.

Le président américain s'est en tout cas montré serein, vendredi, en assurant dans un tweet matinal que "Mike Flynn devrait demander l'immunité" dans un contexte de "chasse aux sorcières" politique ourdie par l'axe médias-opposition démocrate.

"Le président est très clair. Il veut que Mike Flynn soit ouvert et transparent", a renchéri le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer.

"Nous encourageons les gens à parler à la Chambre des représentants, à la commission du Renseignement et aux enquêteurs pour qu'ils puissent aller au fond de cette affaire", a-t-il ajouté, assurant que la Maison Blanche n'avait rien à craindre d'éventuelles révélations de Michael Flynn.

- 'Environnement politisé' -

Reste que la demande d'immunité de l'ex-général, révélée d'abord par le Wall Street Journal, suggère la crainte d'éventuelles poursuites.

Ce genre d'accord, informations contre immunité, est assez classique aux Etats-Unis. Le Congrès peut d'ailleurs, selon la loi fédérale, la garantir pour faire témoigner une personne, mais réserve généralement cette option dans le cadre de dossiers judiciaires sensibles.

"Aucune personne raisonnable", a appuyé l'avocat Robert Kelner, "ne se soumettrait aux questions dans un environnement aussi politisé sans l'assurance d'être prémuni contre toute poursuite injuste".

En l'espèce, c'est la position de Michael Flynn dans la galaxie Trump qui donne à cette demande d'immunité tout son poids, au caractère potentiellement explosif.

Cet ancien directeur du renseignement militaire, écarté par Barack Obama puis recruté par Donald Trump, avait été nommé conseiller à la sécurité nationale après avoir aidé le milliardaire pendant sa campagne.

Mais sa volonté de resserrer les liens entre Washington et Moscou, sur la même ligne donc que l'actuel président américain, lui a valu son poste, qu'il n'a conservé que trois semaines.

Il avait en effet dû démissionner le 13 février, après la révélation de contacts répétés avec l'ambassadeur russe Sergueï Kislyak au moment même où l'administration de Barack Obama imposait des sanctions contre Moscou.

"A ce stade préliminaire, je ne vois rien de plus dans cette requête (d'immunité) qu'une préparation de défense maligne", a expliqué au New York Times un avocat spécialisé dans les questions de sécurité nationale, Mark Zaid.

Michael Flynn a toutefois lui-même une interprétation toute faite de ce genre de demande. En septembre il avait évoqué l'immunité accordée à cinq proches d'Hillary Clinton: "lorsqu'on vous donne l'immunité, cela signifie que vous avez probablement commis un crime".

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