Grande-Bretagne : sécurité renforcée autour de législatives cruciales pour le Brexit

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Par AFP
Publié le 08 juin 2017 - 06:19
Mis à jour le 09 juin 2017 - 02:00
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La Première ministre britannique Theresa May lors du dernier meeting de campagne pour les législativ
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© BEN STANSALL / AFP
Le scrutin, auquel 47 millions de Britanniques sont appelés à participer, a été déclenché trois ans avant le terme de la législature par Theresa May, qui espère obtenir une majorité renforcée pour négocier le Brexit avec les 27.
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La Première ministre Theresa May a perdu son pari jeudi aux législatives britanniques: elle qui souhaitait un "mandat clair" pour négocier le Brexit perd la majorité absolue dont elle disposait au Parlement, selon les premières estimations à la fermeture des bureaux de vote.

Les Tories décrochent 314 sièges, contre 330 dans l'assemblée sortante, tandis que les travaillistes de Jeremy Corbyn gagnent 32 sièges à 266 mandats, selon une estimation Ipsos/MORI.

Selon ces projections, Mme May, qui disposait d'une majorité de 17 sièges dans le Parlement sortant, perdrait sa majorité absolue, à quelques jours de l'ouverture de négociations cruciales sur le Brexit avec l'Union européenne.

Moins d'un an après le référendum pour la sortie de l'Union européenne, cette tenante d'un Brexit "dur" avait convoqué ces élections anticipées afin d'avoir les coudées franches pour négocier avec les Vingt-Sept à partir du 19 juin.

Mais les Travaillistes de M. Corbyn, tenant de l'aile gauche du parti et qui a mené une campagne jugée réussie, ont contrarié ces plans.

Ce résultat a aussitôt provoqué une chute de la livre sterling à New York.

A gauche, les nationalistes écossais du SNP essuient également des pertes à 34 sièges, contre 56 précédemment, selon les projections.

Les Libéraux-Démocrates, ouvertement europhiles, gagnent six sièges à 14 mandats, mais sans parvenir à fédérer le camp des 48% des Britanniques qui avaient voté contre le Brexit.

"Il semble déjà clair que Theresa May a raté son pari. Il est même trop tôt pour dire si elle va rester Première ministre", a commenté Paula Surridge, de l'université de Bristol. Elle "pourrait rapidement se trouver sous pression de démissionner en tant que leader du Parti conservateur", a-t-elle ajouté.

"C'est un désastre pour Theresa May. Son leadership est remis en question et elle sera sous pression pour démissionner si les résultats se confirment", a renchéri Iain Begg, professeur à la London School of Economics à l'AFP.

Quant au SNP, "c'est assez catastrophique, c'est une très mauvaise nouvelle pour Nicola Sturgeon (la Première ministre écossaise, ndlr) et sa revendication d'un deuxième référendum" sur l'indépendance de l'Ecosse, selon l'expert.

La dirigeante conservatrice avait convoqué le scrutin en avril, contrairement à ses engagements de ne pas écourter la législature, en espérant surfer sur des sondages créditant son parti d'une avance de 20 points sur le Labour.

- Campagne réussie de Corbyn -

Mais M. Corbyn a signé une campagne plus réussie qu'attendue par les politologues, multipliant les meetings au contact des électeurs et exploitant plusieurs faux-pas de Mme May, notamment sur la protection sociale.

Le Brexit a été paradoxalement éclipsé durant la campagne par les questions de la protection sociale et de la sécurité dans ce pays frappé par trois attentats en moins de trois mois.

La question de la sortie de l'UE a cependant été à l'esprit de nombreux électeurs au moment de glisser le bulletin dans l'urne.

"Je vote pour un leader fort, quelqu'un avec de l'assurance, qui pourra obtenir le meilleur accord possible pour le Brexit", a expliqué à l'AFP Simon Bolton, 41 ans, dans un bureau de vote d'un quartier du nord de Londres.

"J'ai fait mon choix sur ces deux questions: avoir un bon accord sur le Brexit, et la sécurité", a indiqué pour sa part Angus Ditmas, 25 ans.

Beaucoup d'électeurs ont en revanche indiqué refuser que les attaques revendiquées par le groupe État islamique, qui ont encore fait huit morts à Londres samedi et 22 morts à Manchester le 22 mai, aient un impact sur leur vote.

"On ne veut pas que ces attaques influencent ce qu'on pense", a assuré Javed, 23 ans, dans un bureau de vote de Barking (est de Londres), d'où provenaient des auteurs de l'attentat de samedi. "De toute manière, il y aura des menaces quel que soit (le vainqueur)", a-t-il ajouté.

Si les conservateurs sont, selon les analystes, jugés "plus solides" sur les questions de sécurité, ils avaient fait l'objet de critiques pour n'avoir pas pu empêcher ces attaques et avoir supprimé 20.000 postes de policiers depuis 2010.

Le vote s'est déroulé dans des lieux parfois insolites. Près d'Oxford (centre), un bureau a été installé dans une laverie automatique, où l'urne posée sur une table en formica côtoyait une longue rangée de machines à laver. A Brighton (sud), des électeurs votaient dans un moulin à vent du XIXe siècle, et plusieurs églises ont été réquisitionnées à travers le pays.

Le nouveau Parlement siégera une première fois le 13 juin, avant la cérémonie d'ouverture solennelle le 19 juin, au cours de laquelle la reine Élisabeth lira comme le veut la tradition le programme législatif de la nouvelle majorité, à l'occasion du Discours du Trône.

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