Incident diplomatique : un navire de guerre américain frôle une île revendiquée par la Chine
L'affaire est loin d'être une première, mais pour Pékin, il s'agit d'"une grave provocation politique et militaire". Dimanche 2, un navire de guerre américain, l'USS Stethem, est passé à tout juste 12 miles nautiques (un peu plus de 22 kilomètres) de l'île Triton (Zhongjian en chinois) qui appartient à l'archipel des Paracels, un territoire en mer de Chine méridionale revendiqué par la Chine et le Vietnam.
Légalement parlant, malgré le symbole d'un navire de guerre frôlant un territoire au cœur d'une tension diplomatique majeure en Asie, les Etats-Unis sont parfaitement dans leur droit. Les navires étrangers, même armés, ont la possibilité de passer précisément à 12 miles nautiques des côtes d'un pays étranger, sous réserve de ne pas stationner, depuis une convention des Nations unies signée en 1982. La Chine a surtout protesté pour marquer sa volonté de rappeler sans détour sa souveraineté revendiquée sur cet archipel stratégique dans le cadre de sa vision géopolitique dite "des neuf traits" en vertu de laquelle la quasi-totalité des territoires insulaires des deux Mer de Chine (à commencer par Taïwan, puis les Paracels et les Senkaku disputées au Japon) doivent lui revenir.
L'incident diplomatique –qui n'en est pas un– intervient aussi quelques jours après un échange téléphonique délicat jeudi 29 entre Xi Jinping et le président américain Donald Trump. L'administration américaine a en effet évoqué la menace prioritaire que constitue à ses yeux "le programme nucléaire et balistique de la Corée du Nord" où Washington reproche clairement à Pékin son manque d'interventionnisme diplomatique, quand il ne s'agit pas purement et simplement de soutien discret. Les Etats-Unis ont annoncé ce même jeudi 29 des sanctions contre la Bank of Dandong, un établissement chinois accusé d’avoir facilité des transactions au profit d’entreprises liées au développement de missiles balistiques nord-coréens.
La Chine de son côté reproche à Washington d'avoir, toujours jeudi 29, donné son autorisation pour la vente d'armements à Taïwan à hauteur d'1,1 milliard de dollars. Donald Trump avait déjà déclenché l'ire de Pékin en reprenant au début de son mandat un contact téléphonique avec Tsai Ing-weng la présidente élue de l'île que la Chine considère comme une province rebelle. Puis Donald Trump avait refroidi ses relations avec Taïwan ce qui avait rassuré Pékin. Ce contrat d'armements marque donc un nouveau revirement.
En 2016 déjà, un navire de guerre américain était passé au même endroit, et avait déclenché une réaction diplomatique de pure forme, dans un contexte géopolitique moins tendu entre les deux géants.
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