La spirale infernale des accusations d'écoutes de Trump contre Obama

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 17 mars 2017 - 17:08
Mis à jour le 18 mars 2017 - 10:15
Image
Barack Obama accueille le nouveau président Donald Trump à la Maison Blanche à Washington, le 20 jan
Crédits
© JIM WATSON / AFP
Barack Obama accueille le nouveau président Donald Trump à la Maison Blanche à Washington, le 20 janvier 2017
© JIM WATSON / AFP

Le président américain s'entête, malgré les démentis, l'absence de preuves et un incident diplomatique. Donald Trump continue d'accuser Barack Obama de l'avoir mis sur écoutes. Il en a même plaisanté en recevant Angela Merkel à la Maison Blanche vendredi.

Le milliardaire républicain a écrit de nombreux tweets controversés depuis son arrivée à la Maison Blanche, mais aucun n'a autant nui à sa crédibilité que ceux écrits à partir de 6h26 du matin le samedi 4 mars depuis sa résidence de Mar-a-Lago en Floride, où il passait le week-end.

"Exécrable! Je viens de découvrir que le président Obama a mis mes +lignes sur écoute+ dans la Trump Tower juste avant ma victoire. Rien de trouvé. C'est du maccarthysme!", écrit le milliardaire.

L'affirmation est répétée dans deux autres messages. "Le président Obama est tombé bien bas en mettant mes téléphones sur écoute pendant le très sacré processus électoral. C'est Nixon/Watergate. Homme malfaisant (ou malade)!"

On est alors en pleine affaire russe.

Chaque jour ou presque, de nouveaux éléments étaient révélés par la presse sur des contacts entre l'entourage du milliardaire et des proches du pouvoir russe, un volet des multiples enquêtes portant sur la campagne de piratage et de désinformation organisée par Moscou pendant la campagne présidentielle de 2016, notamment contre le parti démocrate d'Hillary Clinton.

Donald Trump a toujours démenti toute collusion avec le Kremlin, sans réussir à tarir le flot de révélations. Ce matin-là, il décide de s'en prendre à son prédécesseur, l'accusant d'écoutes illégales.

Depuis, Barack Obama lui-même, l'ancien directeur du renseignement James Clapper, les responsables républicains et démocrates des deux commissions du Renseignement du Congrès, et le président républicain de la Chambre des représentants Paul Ryan ont tous démenti l'existence d'une telle mise sur écoute.

Le propre ministre de la Justice de Donald Trump, Jeff Sessions, a été forcé de dire qu'il n'avait jamais fourni de telles informations au président américain.

Le président ne peut compter que sur son porte-parole, Sean Spicer, qui a failli provoquer un incident diplomatique en défendant son chef.

- Tollé au Congrès -

Chaque jour, la question occupe en effet une grande partie du briefing quotidien du porte-parole de la Maison Blanche.

Jeudi, M. Spicer a eu l'idée d'énumérer une série d'articles de presse étayant selon lui la thèse d'écoutes ordonnées par Barack Obama. Il a notamment cité un contributeur de la chaîne Fox News, le juge Andrew Napolitano, qui a assuré à l'antenne que l'ancien président avait eu recours à l'agence de surveillance britannique, le GCHQ.

La mention a provoqué un incident diplomatique avec Londres, le bureau de la Première ministre dénonçant des accusations "ridicules". La Maison Blanche a vite calmé le jeu en assurant qu'elle n'avait pas voulu accuser le Royaume-Uni.

On attendait avec impatience que Donald Trump s'exprime lui-même, lors d'une conférence de presse vendredi avec la chancelière allemande. La question lui a finalement été posée, mais l'Américain a répondu par une plaisanterie, maintenant ses accusations.

"En matière de mise sur écoute par la précédente administration, au moins nous avons quelque chose en commun... peut-être", a-t-il dit en pointant de la main Angela Merkel, dont le visage a trahi l'étonnement.

Le président faisait allusion aux écoutes menées jusqu'en 2013 par la NSA sur le téléphone portable de la chancelière.

Ces événements n'amusent pas les parlementaires américains, y compris dans son camp.

Donald Trump avait promis cette semaine qu'il fournirait des éléments nouveaux permettant d'étayer ses accusations, une promesse pour l'instant creuse.

Le président de la Commission du renseignement de la Chambre des représentants, Devin Nunes, a indiqué vendredi soir que le ministère de la Justice s'était "totalement plié" à la requête de la Commission au sujet d'éventuelles preuves d'une surveillance de M. Trump ou de son entourage pendant la campagne. Mais il n'a pas fourni de détail.

Il a précisé que l'Agence de surveillance NSA avait aussi répondu à sa demande, mais n'avoir rien reçu encore de la CIA ou du FBI.

Le patron du FBI James Comey doit témoigner lundi devant les parlementaires.

"Le président a l'air très insistant sur le fait que c'est vrai", a commenté vendredi soir sur CNN Jason Chaffetz, président républicain de la Commission parlementaire de surveillance de l'action gouvernementale. S'il "en a la preuve, j'aimerais qu'il la partage avec nous".

"Ils doivent être ultra prudents --c'est le chef du monde libre. Et lorsque vous êtes sur ce podium, vous devez être très, très prudent", a-t-il ajouté.

La polémique parasite complètement les débats au Congrès, où la majorité bataille pour faire adopter sa réforme de la couverture-maladie. Beaucoup d'élus républicains sont passablement agacés d'être interrogés en permanence sur le comportement du locataire de la Maison Blanche, et le font savoir.

"S'il n'est pas capable de donner de preuve convaincante, je pense que le président Obama mérite des excuses", a dit à CNN l'élu républicain Tom Cole.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Kamala Harris
Kamala Harris, ou comment passer de la reine de la justice californienne à valet par défaut
PORTRAIT CRACHE - Samedi 27 juillet, la vice-présidente américaine Kamala Harris a officialisé sa candidature à la présidence des États-Unis, une semaine après le retr...
03 août 2024 - 12:49
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.