Pourquoi Trump revient sur la fin de la présence militaire en Afghanistan ?

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MM
Publié le 22 août 2017 - 13:47
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Des soldats américains à Charikar, le 19 mai 2017 dans la province de Parwan, en Afghanistan
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© WAKIL KOHSAR / AFP/Archives
Les soldats américains en poste en Afghanistan ne sont pas prêt de rentrer.
© WAKIL KOHSAR / AFP/Archives
Donald Trump a exclu lundi tout retrait des Etats-Unis d'Afghanistan, ouvrant même la porte à l'envoi de soldats supplémentaires. Un revirement dans la stratégie du président américain qui s'explique par la situation militaire et plus globalement sécuritaire dans le pays où ses troupes sont déployées depuis 2001.

Revirement de taille pour Donald Trump. En effet, contrairement à ce qu'il avait annoncé lors de la campagne présidentielle, le locataire de la Maison-Blanche a annoncé lundi 21 qu'il excluait tout retrait des troupes américaines d'Afghanistan.

Le président américain a par ailleurs ouvert la porte à l'envoi de renforts dans ce pays, sans toutefois donner plus de précisions sur le nombre de soldats supplémentaires jugeant que c'était "contre-productif". Un haut responsable américain a glissé que Donald Trump avait donné son feu vert au Pentagone pour le déploiement de quelque 3.900 soldats en plus des quelqu 8.000 déjà présents.

Ce revirement de Donald Trump s'explique en parti par la situation sur place. En effet, chassés par l'Alliance du Nord soutenus par l'Otan en 2001, les Talibans n'ont pas été vaincus, loin s'en faut. En effet, ils contrôlent aujourd'hui de larges parties du pays, notamment dans la province de Kandahar (un de leurs fiefs historiques) où la présence du gouvernement de Kaboul est minime ou dans les zones tribales montagneuses à la frontière avec le Pakistan. Pays qui sert d'ailleurs de base arrière aux combattants talibans et d'où ils assurent un soutien logistique à leur organisation.

On estime que le gouvernement en place à Kaboul contrôle peu ou prou 60% du pays et qu'un départ des quelque 13.500 soldats de la force multinationale d'Afghanistan pourrait entraîner un effondrement complet du pouvoir en place. Les attaques et attentats reguliers menés par les Talibans représentent un lourd tribut pour les militaires et les civils afghans.

D'autant qu'une autre menace plane sur le pays: celle de l'Etat islamique. Le groupe djihadiste s'est implanté en début 2014 dans ce qu'il appelle la "province de Khorosan" en opposition aux Talibans et dans une moindre mesure à al-Qaïda. L'EI sur place a reçu le renfort d'un important groupe de Talibans (une entité loin d'être homogène) qui a décidé de rejoindre le groupe terroriste pour protester contre la politique de la branche principale de l'organisation islamiste afghane. Depuis les deux groupes se livrent un combat sans merci. Preuve de l'importance que prend le groupe djihadiste issu des zones irako-syrienne en Afghanistan: il s'est emparé à la fin juin de cette année de la montagne de Tora Bora, symbolique car considérée comme le dernier refuge de Ben Laden dans le pays.

En août 2016, le Pentagone avait annoncé la mort de Hafez Saïf Khan, chef de l'organisation Etat islamique en Afghanistan et au Pakistan. C'est un tir de drone qui aurait permis d'éliminer le chef djihadiste dans la province afghane de Nangarhar, à l'est du pays.

Un retrait précipité des forces américaines d'Afghanistan, qui entrainerait également à coup sur un départ de leurs alliés, serait prendre le risque de voir ces deux organisations islamistes se renforcer (voire s'emparer du pouvoir) renvoyant le pays à ce qu'il était avant l'intervention de 2001: une des bases arrières du djihadisme international. Et cela, Donald Trump et les Etats-Unis ne peuvent pas le permettre.

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