Royaume-Uni : Theresa May veut former un nouveau gouvernement malgré la perte de sa majorité

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Par AFP
Publié le 09 juin 2017 - 04:55
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La Première ministre britannique Theresa May et son époux Philip quittent leur bureau de vote à Sonn
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© Ben STANSALL / AFP
La Première ministre britannique Theresa May et son époux Philip quittent leur bureau de vote à Sonning, à l'ouest de Londres le 8 juin 2017
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La Première ministre britannique Theresa May va demander vendredi l'autorisation à la reine de former un nouveau gouvernement, malgré la perte par son parti conservateur de la majorité absolue au Parlement, un résultat susceptible de compliquer les négociations du Brexit.

Elle devait se rendre à 12H30 (11H30 GMT) au palais de Buckingham pour obtenir le feu vert d'Elizabeth II, a précisé son porte-parole. Mme May doit également s'exprimer publiquement en fin de matinée avant cette visite royale.

Selon les médias britanniques, elle devrait tenter de former un gouvernement minoritaire, peut-être avec l'appui du parti nord-irlandais unioniste DUP qui a remporté dix sièges.

Les élections législatives anticipées de jeudi se révèlent être un échec personnel pour Mme May, qui les avait convoquées afin d'obtenir une majorité renforcée pour négocier la sortie de l'Union européenne avec les 27 à partir du 19 juin.

Les conservateurs sont en tête du scrutin mais ont perdu une douzaine de sièges, tandis que l'opposition travailliste en a gagné une petite trentaine, selon ces résultats quasi définitifs au terme desquels les Tories ne peuvent plus obtenir de majorité absolue.

Le taux de participation (68,72%) est le plus élevé pour des élections législatives depuis 1997 même s'il est inférieur à celui du référendum sur la sortie de l'Union européenne de juin 2016.

Le parti europhobe Ukip, qui s’effondre, perd son unique siège. Son leader Paul Nuttal en a tiré les conclusions en annonçant sa démission.

Jeremy Corbyn, leader des travaillistes largement réélu dans sa circonscription d'Islington, au nord de Londres, a immédiatement appelé Mme May à la démission.

"Elle a perdu des sièges conservateurs, perdu des voix, perdu le soutien et la confiance. C'est assez pour qu'elle parte et laisse la place à un gouvernement vraiment représentatif", a déclaré le vétéran barbu de 68 ans qui a appelé à "un Brexit qui protège les emplois".

Assurant que le processus de sortie de l'Union européenne "devait se poursuivre", il a affirmé que son parti était "prêt à mener les négociations au nom du pays".

Au sein même des Tories, l'ancienne ministre Anna Soubry a estimé que la Première ministre devait envisager une démission, soulignant qu'elle se trouvait "dans une situation très difficile".

Mme May, reconduite à Maidenhead (ouest), s'est contentée d'affirmer que "quels que soient les résultats", son parti "assurer(ait) la stabilité" dont "le pays a besoin".

- Chute de la livre -

La livre sterling, a immédiatement chuté à l'annonce des projections à 21H00 GMT, tant face à l'euro que face au dollar, et restait vendredi sous pression. La Bourse de Londres a quant à elle ouvert en hausse de 0,60%, les grandes multinationales cotées sur ce marché profitant de l'affaiblissement de la livre.

Le commissaire européen français Pierre Moscovici a estimé que Mme May avait "perdu son pari" et se trouvait "dans une situation moins simple". La Commission européenne "est prête, elle, à ouvrir les négociations", a-t-il réaffirmé.

Pour son homologue allemand, Günther Oettinger, Londres est désormais un partenaire "faible" et "mauvais" pour négocier le Brexit. Le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel a lui jugé que le scrutin s'était soldé par un désaveu pour Mme May et sa position pour un Brexit "dur".

Ton plus conciliant du côté du négociateur en chef de l'UE sur le Brexit, Michel Barnier, qui a indiqué que Bruxelles attendrait que le Royaume-Uni soit "prêt" avant de débuter les négociations.

"Unissons nos efforts pour conclure un accord", a-t-il également tweeté.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a lui aussi appelé sur Twitter à "faire le maximum pour éviter" une absence d'accord.

A Paris, Le Premier ministre Edouard Philippe a jugé que ces résultats étaient "une forme de surprise" qui ne remettait cependant pas "en cause" le Brexit.

Mike Finn, de l'université de Warwick, estime, lui, que le Royaume-Uni s'expose "à une période de coalition ou à de nouvelles élections". Résultat: "toute l'approche du Brexit est remise en question."

En Ecosse, les indépendantistes du SNP essuient de lourdes pertes, à 35 sièges contre 56 en 2015. Leur numéro 2, Angus Robertson, ainsi que leur ancien leader, Alex Salmond, sont battus.

- 'Bazar complet' -

Ce net recul est "une très mauvaise nouvelle" pour "la revendication (du parti) d'un deuxième référendum" sur l'indépendance de l'Ecosse, a souligné Iain Begg, professeur à la LSE, à l'AFP.

Les Libéraux-Démocrates, seul parti résolument europhile, gagnent 4 sièges à 12 mandats. Les Lib-Dem ont prévenu jeudi soir qu'il n'y aurait "pas de coalition. Pas d'accord" avec les autres partis.

"Je suis tellement contente, c'est une véritable vengeance pour nous", s'est réjouie Sarah Holmes, 26 ans, en fêtant le bon résultat du Labour dans un bar de Londres.

Pour Angus en revanche, c'est "un bazar complet". Cet électeur de 43 ans qui vote habituellement pour le Labour a choisi pour la première fois de voter conservateur parce qu'il "y a un besoin de stabilité à cause du Brexit".

Après les surprises du Brexit et de l'élection de Donald Trump, "c'est la leçon des deux dernières années", estime Brian Klaas, de la London School of Economics. "Les électeurs n'aiment pas qu'on prenne leur vote pour acquis".

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