Tensions entre les Pays-Bas et la Turquie : Ankara dépose une plainte officielle
La crise diplomatique qui oppose la Turquie et les Pays-Bas ne faiblit pas. Les autorités turques ont convoqué ce lundi 12 l'ambassadeur des Pays-Bas à Ankara pour lui remettre officiellement une plainte relative au comportement de la police néerlandaise ce week-end à Rotterdam. Des excuses officielles ont été réclamées quant au traitement réservé à Fatma Betül Sayan Kaya, ministre turque de la Famille, reconduite à la frontière allemande samdi 11.
Week-end au cours duquel le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlüt Çavusoglu, s'était vu refuser le droit d'atterir aux Pays-Bas pour participer à un meeting en faveur du "oui" à la réforme constitutionnelle proposée par le gouvernement turc. Réunion publique finalement annulée par les autorités néerlandaises. Un peu plus tard, la ministre de la famille, Fatma Betül Sayan Kaya, arrivée par la route depuis l’Allemagne, était empêchée de pénétrer dans l’enceinte du consulat turc de Rotterdam, puis reconduite sous bonne garde à la frontière.
Samedi au soir, des centaines de militants turques se sont pressés devant leur consulat à Rotterdam. La police néerlandaise a chargé pour les disperser et douze personnes ont été arrêtées, provoquant la colère des autorités turques qui ont riposté en bloquant les accès à l'ambassade hollandaise d'Ankara. Une "mesure de sécurité" qui résonne comme une mesure de rétorsion.
"Je pensais que le nazisme était mort, j’avais tort. Le nazisme est encore très répandu en Occident. L’Occident a montré son vrai visage", avait alors commenté le président turc. Une déclaration plus que polémique quand on sait qu'en 1940, malgré sa reddition sans condition, la ville de Rotterdam avait été cruellement bombardée par l'aviation nazie.
Ce référendum, qui se tiendra le jeudi 16, doit renforcer les pouvoirs de Recep Tayyip Erdogan et vise à remplacer le système parlementaire en vigueur par un système présidentiel. Parmi les nouvelles prérogatives du président islamo-conservateur, la nomination et la révocation des ministres, la promulgation de décrets sans consultation ou la possibilité d'instauration de l'Etat d'urgence sans validation parlementaire. Une réforme qui fait craindre une dérive dictatoriale du pouvoir déjà très autoritaire de Recep Tayyoip Erdogan.
Le résultat du référendum s’annonce serré: les médias progouvernementaux publient régulièrement des sondages qui donnent le +oui+ en tête, tandis que ceux publiés dans les rares médias d’opposition qui existent encore prédisent une victoire du +non+. D'où l'intérêt pour le pouvoir de tenir des meetings à l'étranger et de pousser la population expatriée à prendre part au vote.
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