Air France : le DRH agressé Xavier Broseta raconte
Il est encore choqué, mais dit ne pas être "dans un esprit de vengeance". Xavier Broseta, le DRH d'Air France devenu célèbre pour s'être fait malmener et arracher sa chemise par des salariés en colère de la compagnie en marge d'un CCE consacré à un plan de licenciements, revient sur cette journée pour la première fois dans Le Parisien de ce lundi. "Certains actes ne sont juste pas admissibles", estime Xavier Broseta. Trois semaines après les événements, il dit aller bien et ne pas être "dans un esprit de revanche", mais reste marqué.
"A 9h30, quand le CCE commence, l'ambiance est tendue. Des SMS réguliers m'informent que les manifestants s'approchent. Vers 10h15 ils sont près du siège. (...) Un peu plus tard, je reçois un SMS d'un collègue qui est dehors, dans la foule: +évacuez+", raconte Xavier Broseta. Un conseil en forme d'injonction qu'il a fallu plusieurs minutes à mettre en œuvre. Quelques minutes de trop.
Le DRH se retrouve alors face à la foule en colère des salariés venus manifester contre le plan de licenciements de milliers de postes. "Tout est confus. Le responsable de la CGT-Marseille se met devant moi, pour m'aider à fendre la foule", un autre s'époumone dans un mégaphone pour qu'on lui ouvre le passage. Mais la colère est trop grande. "A un moment, quelqu'un m'attrape par-derrière, tire le col de ma chemise si fort que le bouton du col lâche. (...) Je tire fort pour me dégager. (...) Ma chemise y reste".
Puis c'est la fuite. Si Xavier Broseta dit ne pas avoir craint pour sa vie, l'épisode a néanmoins laissé des traces. "J'ai deux sentiments: il faut sortir de là et la tristesse. Je cours vers la grille. Je tombe. Comme je suis torse nu, je me fais une grande égratignure", qui lui vaut sept jours d'ITT, précise Le Parisien.
Pour autant, il tient à préciser avoir reçu des messages de soutien ("plus de mille") notamment de représentants syndicaux. "Je suis et je reste convaincu que les syndicalistes sont de grands bienfaiteurs de l'humanité", dit-il ainsi.
Celui qui n'a pas encore eu la force de visionner les images des faits, et dit qu'il ne le fera jamais, estime enfin qu'il faut que les négociations se poursuivent. "Michael O'Leary (PDG de Ryanair, NDLR) dit qu'il peut se payer Air France comme il va acheter son paquet de cigarettes. C'est malheureux, mais c'est vrai", dit-il, ajoutant "pour continuer à vivre dans cet univers de requins, il faut être aussi fort que nos concurrents".
Sa solution: "créer trois contrats de travail". Pour faire bref, une application concrète du "travailler plus pour gagner plus", mais conjugué avec une version prévoyant de travailler plus pour gagner autant et une dernière de travailler de travailler autant pour gagner moins. La seule solution, selon Xavier Broseta, qui conclu: "on joue une partie de notre destin".
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