La guerre en Ukraine perturbera-t-elle la sous-traitance en développement informatique ?
Dans le secteur du numérique, il est courant de travailler avec des développeurs installés à l’étranger, voire à l’autre bout du monde. Cela est possible, car le travail se fait naturellement en ligne, et car de nombreux pays comptent des ingénieurs bien formés, mais payés bien moins cher qu’en Europe occidentale ou en Amérique du Nord. Depuis des années, les développeurs des pays de l'Est travaillent donc avec des entreprises occidentales, grâce à leur savoir-faire d’excellent niveau. Mais, avec la guerre en Ukraine, le secteur de la sous-traitance informatique est plongé dans des conditions incertaines, entre volonté de continuer l’activité, et déménagements forcés…
Nos activités en ligne sont permises par des développeurs ukrainiens
Les grandes entreprises d’Europe de l’Ouest travaillent depuis des années avec des développeurs des pays de l’Est, et il ne s’agit pas seulement d'un choix économique. Depuis des décennies, en effet, les pays de l’Est ont développé une filière d’excellence en informatique, qui forme les meilleurs spécialistes au monde. Résultat, toutes les opérations de surveillance et de maintenance de services numériques courants dans différents secteurs, comme la banque, le tourisme ou le commerce, sont assurés par des informaticiens en sous traitance, basés en Roumanie, en Pologne, mais aussi en grande partie en Ukraine. Avant la guerre, l'Ukraine comptait 212 000 développeurs, avec une production annuelle de 16 000 diplômés en informatique, censée augmenter de 25 % au cours des deux prochaines années, estime le cabinet d'études de marchés Everest.
Les entreprises et start-up de la tech soutiennent leurs informaticiens
Selon The Information, plusieurs entreprises se sont engagées à soutenir leurs employés ukrainiens indépendamment de leur possibilité de continuer à travailler. Certains sont donc toujours payés par leurs start-up alors qu’ils ont abandonné leur travail en raison de la guerre. Au contraire, d’autres insistent pour continuer à travailler malgré la guerre, pour continuer à faire tourner l'économie du pays. La start-up Lemon.io, plateforme qui met en contact développeurs et clients, a mis en place une maison sécurisée dans une ville située dans l'Ouest de l'Ukraine, où les employés peuvent se réfugier et avoir accès à Internet si besoin. EPAM, une entreprise de "Software Development, Design & Consulting" qui compte environ 10 000 employés basés en Ukraine, aide nombre de ses employés ukrainiens à déménager en Pologne. Comme l'explique Gergely Orosz, le déplacement forcé des informaticiens dans la région n’est pas le seul fait des Ukrainiens. "Le soutien au personnel biélorusse est également très nécessaire". Mais, toutes les start-up n’encouragent pas leurs développeurs à poursuivre leur travail ; Hopin, plateforme d'événementiel virtuel britannique, qui compte deux douzaines d'employés en Ukraine, a demandé à ses clients de supprimer toute charge de travail confiée aux employés ukrainiens.
Le savoir-faire informatique, plus qu'un métier, une communauté
Pentalog est une entreprise française de services informatiques. Sa force sont ses développeurs, il n’est donc pas question de ne pas faire le maximum pour les soutenir, même si l’entreprise ne travaille plus directement avec des développeurs en Ukraine. Le CEO Frédéric Lasnier explique avoir évité de travailler avec des développeurs en Ukraine, Russie et Biélorussie, depuis 2009. En revanche, les locaux de Pentalog en Roumanie accueillent désormais des développeurs fuyant la guerre, comme l’explique Frédéric Lasnier lui-même, non sans anticiper que ce phénomène provoquera aussi un "renchérissement international des prix des services high-tech".
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