Un projet de forage pétrolier fait s’insurger la maire de Paris
Un projet de forage pétrolier en Seine-et-Marne, validé par l’État et assuré par l’entreprise Bridge Energies, crée l’opposition parmi les édiles. L’opérateur Eau de Paris saisi alors en référé le tribunal administratif en affirmant que ce projet représente une menace pour la « sécurité de l’alimentation en eau potable ».
Ce lundi 6 mai, la mairie de Paris dénonce dans un communiqué à quel point ce projet de forage est une « catastrophe environnementale en puissance, à l'heure où les ressources en eau sont de plus en plus menacées ».
La mairie passe alors par son opérateur, Eau de Paris, afin de saisir en référé le tribunal administratif de Melun dans l’objectif de suspendre l’arrêté préfectoral émis le 30 janvier 2024, autorisant l’ouverture de travaux sur la concession d’hydrocarbures de Nonville, à 80km au sud-est de la capitale, selon une requête transmise à l’AFP.
Dans cette requête, l’opérateur affirme que l’extension du site de forage actuel va venir compromettre « la sécurité de l'alimentation en eau potable de la ville de Paris », tout comme sa « biodiversité » et plus largement « la lutte contre le changement climatique », soit l’argument qui fâche.
Sans mauvais jeu de mots, l’adjoint à la transition écologique et président d’Eau de Paris, Dan Lert, souligne à quel point le gouvernement « joue avec le feu ». En effet, étant donné que deux captages sont situés à proximité du site pétrolier et desservent 180 000 Parisiens et Seine-et-Marnais, cela représente un risque pour l’eau potable censée y circuler.
Dans l’avis rendu par l’Autorité environnementale, un nombre important de recommandations est fait. Notamment quant au fait « d'analyser et de prévenir les risques d'un accident ou d'un acte de malveillance conduisant à des écoulements d'hydrocarbures pouvant atteindre le Lunain », la rivière classée Natura 2000.
La société Bridge Energies « ne souhaite pas faire de commentaire tant que le tribunal administratif n'a pas rendu sa première ordonnance » selon son président, Philippe Pont. Pour sa défense, la société se présente comme le plus petit des cinq producteurs français de pétrole. Le président rappelle par ailleurs que la découverte de ce gisement dans les années 50 a permis la production d’environ 5 millions de barils entre 1959 et 1994.
Tandis qu’en France la production de pétrole représente 1% de la consommation nationale, la perte de cette opportunité d’extension de ce forage serait dommageable pour la société française.
Le ministère de l’Economie ne fait pour l’heure « aucun commentaire », préférant attendre que le tribunal administratif se jette à l’eau en premier. Pourtant, le ministre délégué à l’Industrie et à l’Energie Roland Lescure s’était dit favorable en février au projet de huit nouveaux forages pétroliers en Gironde, malgré la loi de 2017 qui prévoit l’interdiction progressive des exploitations d’hydrocarbures d’ici à 2040.
Greenpeace France s’insurge de ce « en même temps » qui provoque une contradiction évidente concernant « les engagements de la France » entre ce qui est dit pour faire plaisir sur le papier et ce qui est finalement mis en œuvre.
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